Nouveau départ (dernière partie)

 

 

Lorsque le mécanisme du mur cède sous la poussée de Mathias cela réveille Emma et quelle n’est pas sa stupéfaction
de découvrir de l’autre côté un petit appartement bien aménagé, mais ce qui lui fait des yeux immenses c’est la présence dans celui-ci de la fausse Irma et de sa petite fille en
larmes.

Mathias, quand à lui et en présence de la petite fille contient sa colère, Anne, la fausse Irma va coucher la
petite fille et elle revient, et là Mathias lui file une gifle et lui demande la raison de sa présence ici et aussi pourquoi elle a voulu intimider Emma. Il y a tout d’abord un grand silence que
ni Emma, ni Mathias n’interrompent, c’est à Anne de s’expliquer, elle se tord les mains, baissent la tête, rougie et ne sait quoi leur dire. Aussi Emma qui ne comprend pas grand choses à cette
situation rocambolesque l’apostrophe vertement en lui demandant pourquoi elle lui a loué la maison si elle-même rêvait de l’habiter. Cela leur aurait évité à tous de se trouver dans une situation
pareille. Et comme Anne ne dit mots c’est à Mathias d’expliquer ce que lui a compris mais auparavant Emma aimerait bien voir apparaitre les escaliers, il lui semble être en prison, et elle n’a
pas vraiment envie de discuter de cette manière. Anne se rend dans l’espace grenier et déplace le tableau qui représente la maison dessinée par un enfant, derrière apparaît un mécanisme et les
escaliers sont à nouveau là. Emma est perplexe ce n’est pas Anne qui a installé ce mécanisme fort sophistiqué, les explications vont bientôt venir elle le sent. Mais il lui faut savoir ce qui lui
a valu cette animosité de la part de la jeune femme.

Ecoutez-moi Anne puisque vous n’êtes pas celle que vous prétendiez être, à part être une menteuse, fatiguée et
partant pour l’Afrique, petite fille de Madame Ferrière, sœur de Mathias et Dieu seul sait quoi ou qui…Pourquoi vous cachez vous ? Qui êtes-vous, allez parler, expliquez-vous, je ne vais pas
vous faire de mal, je suis seulement en colère, mais je suis d’un naturel calme et j’aime beaucoup résoudre les énigmes, celle-là me plaisait, mais si en plus vous pouvez tout m’expliquer cela me
va à ravir.

Ce n’est pas vous qui avez aménagés cette cachette, car c’est bien d’une cachette qu’il s’agit.

Oui, elle a servi à nos grands-parents pendant la dernière guerre, ils étaient juifs et Monsieur et Madame
Ferrière les ont cachés avec nos parents alors enfants. Ici dans la région il y a beaucoup de « Justes »

Alors si je vous suis bien, Mathias vous êtes bien son frère, pourquoi avoir nié cet
après-midi ?

Mais, Emma vous me parliez d’une jeune Irma, jamais je n’aurai pensé qu’Anne aurait osé prendre le prénom de Mme
Ferrière.

Pas du tout j’ai pris le prénom que Maman avait, au lieu de se nommer Sarah, on l’appelait Irma, c’est la seule
raison.

Vous m’expliquerez comment l’escalier s’escamote, mais auparavant il est cinq heure du matin, nous pourrions tous
dormir et se retrouver en bas vers 9 heures et autour d’un petit déjeuner vous me direz la raison qui vous a poussé à vouloir que je quitte cette maison en me faisant peur chaque
soir.

Mathias et Emma redescendirent les marches et en bas tout naturellement Emma l’invite à partager son lit, ils sont
liés par un pacte invisible et ils ont déjà passé la première partie de la nuit dans les bras l’un de l’autre. Puis, maintenant qu’elle sait ce qui s’est passé dans cette maison et la fatigue
retombant un peu elle a peur. Pourtant elle n’a plus rien à craindre il n’y avait rien de para normal même si il y a un mystère qu’Anne élucidera demain, vu que son frère n’est pas au courant il
va chercher à en savoir davantage.

Entre bavardage et amour, Emma a enfin réussis à s’endormir et quand elle ouvre les yeux, sa montre marque 13 h,
elle se lève d’un bond, Mathias est assis dans un des fauteuils du salon, il a sa nièce sur les genoux, il y a aussi les voisins pas sympa, Emma se demande ce qu’ils font chez elle. Quand à Anne
elle est en train de confectionner un repas pour tous. Elle pense que je lui pardonnerais davantage maugrée Emma ce qui fait sourire Mathias car il sait, elle lui la avoué cette nuit qu’elle ne
lui en veut pas, elle demande simplement une explication et si il faut laisser la maison elle le fera. D’ailleurs elle a peut-être trouvé une autre maison ce qui fait à nouveau sourire
Mathias.

Après le repas pris dans un silence religieux, les pas sympa qui sont
les parents d’Anne s’en vont avec leur petite fille pour laisser le champ libre à leurs enfants et tout particulièrement à Anne qui doit s’expliquer.

Depuis que maman et papa m’ont raconté leur histoire je n’ai eu de cesse
d’habiter dans leur cachette, mais la maison n’appartenait pas à mes parents mais à Mr et Mme Ferrière et pour y aller il fallait entrer par la porte d’entrée, c’est Mr Ferrière qu’il a conçu
d’après les plans d’un château et il a caché deux familles de Juifs pendant la guerre, nos grands-parents.

 Nos parents se sont fondu dans la famille Ferrière, ma mère plus
particulièrement était très choyée 
car Madame Ferrière n’avaient que des garçons elle la nommait ma petite Irma et mon père était âgé de
15ans n’est jamais sortis de cette cachette car il refusait de se faire appeler Gérard. Ils étaient arrivés fin 1942 et jusqu’à la libération ils sont restés chez les Ferrière sauf nos
grands-parents qui se sont fait raflés et qui ne sont jamais revenus, ils avaient voulu aller récupérer à Saint-Etienne des vêtements.

Nos parents se sont mariés en 1947 ils étaient tout jeune et ils ont décidés de partir dans le sud de la France ou
ils ont monté une petite affaire. Je n’aurai peut-être jamais connu Mr et Mme Ferrière si quelques mois avant sa mort, Mr Ferrière a été décoré pour ce qu’il avait fait pendant cette époque
trouble. Et, naturellement il a invité mes parents puisqu’ils avaient été sauvés par lui et sa femme. C’est à cette époque qu’il leur a offert la maison aux volets bleus ou ils habitent
maintenant.

Enfin je ne vais pas vous raconter les retrouvailles, la visite de la cachette, les pleurs et les embrassades, les
articles de journaux qui ont suivis ou ils décrivaient la cachette et son système ingénieux qui consistait à le fermer uniquement d’en haut et jamais d’en bas. Lorsque Mr Ferrière est décédé je
suis devenue la dame de compagnie de Madame Irma, je ne voulais pas des chambres des garçons mais j’avais obtenue de Mme Irma de dormir dans les appartements du haut. Puis les enfants ayant
décidé de mettre leur mère dans la résidence je me suis trouvée du jour au lendemain sans travail et sans appartement, mais comme j’avais une clef je venais à l’improviste ici avec ma fille et
cela aurai pu durer fort longtemps si le fils ainé n’avait pas décidé de louer la maison de sa mère, voir même de la vendre. Mais c’est impossible on ne peut pas vendre la maison ou nos parents
ont survécu. Il est fou, je me suis opposée à lui en lui rappelant que c’était aussi notre maison. Mais il n’a rien voulu entendre. Aussi j’ai décidé de pourrir la vie de tous ceux qui
viendraient et c’est ainsi que j’ai fait peur à un jeune couple il y a deux semaines et à vous, mais cette fois-ci je me suis heurtée à votre détermination et surtout vous êtes passionnés de
romans policiers, aussi cette nuit j’ai eu l’idée d’utiliser la deuxième cachette et de vous piégez dans le grenier mais mon frère vous accompagnait et c’était sans compter sur sa détermination.
Voilà je vous demande pardon et puissiez-vous me pardonner.

Êtes-vous la petite fille de Madame Irma ?

Non, mais pour elle je le suis car elle a élevé mes parents pendant trois ans, et maintenant elle regrette de ne
pas les avoir adopté à la fin de la guerre, mais mes parents lui ont toujours dit que les liens de l’amour était à leurs yeux aussi fort que les liens du sang, mais pour moi tout vient de
s’anéantir depuis que cette maison est en vente et que je n’ai même pas le droit de l’avoir.

Pourriez-vous la payer

Oui bien sur que je le peux 

Alors achetez là, je ne comprends pas pourquoi vous n’avez pas tenu tête à son fils aîné ou demander à celle que
vous aimez comme votre grand-mère de vous aider.

Vous ne seriez pas venu c’est ce que j’aurai fait.

Au lieu de ça vous avez cherché à me faire peur, c’était puéril, bien sûr pour l’instant une bille qui tombait
cela ne prêtait pas à conséquence mais je suppose que vous alliez amplifier ma peur.

Oui, j’avais tout prévu, il y a d’autres cachettes dans la maison, car souvent nos parents étaient en bas et par
deux fois il y a eu une descente de la milice car il y avait des soupçons sur les Ferrière  et ils ont cachés nos parents et leurs propres enfants dans le « cantou » et une autre
fois dans la maison pour les cochons.

Mais si j’habite ici vous irez ou et lorsqu’elle voit le beau sourire qui illumine le visage de Mathias et Emma,
elle comprend que ces deux-là se sont trouvés et qu’ils ne se quitteront jamais.

 

Fin

 

Quelques précisions

Le Pasteur André Trocmé, désigné Juste parmi les Nations en 1971, était dans le village du Chambon sur
Lignon tout près de Saint-Etienne, j’ai juste imaginé mon histoire pas très loin de ce village.

Pour en savoir davantage : http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/justes_chambon.htm

 

Quand au cantou, en Auvergne c’est la cheminée, pour en savoir davantage allez voir
ici
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cantou

 

J’espère que ceux qui espéraient y découvrir du para normal ne seront pas déçu, il est possible qu’à vos yeux il y
est des incohérences car c’était bien plus long et j’ai fait des grandes coupes…

 

Ecrit en avril au bord de mon canal..

 

EvaJoe

Auteur : Eva Joe

Ma plume ne s'essouffle jamais, elle dessine des arabesques sur la page de mes nuits, elle se pare comme un soleil en defroissant le ciel. En la suivant vous croiserez tantôt Pierrot et Colombine dans mes poèmes ou Mathéo et son secret et bien d'autres personnages dans mes nouvelles et mes suspenses.

10 réflexions sur « Nouveau départ (dernière partie) »

  1. Cette histoire, Evajoé, est en effet un peu compliquée mais elle ne m’a pas déçue du tout, elle est même très belle.
    Elle parle de ces gens si bons comme ce pasteur qui n’ont écouté que leur coeur et elle parle également de reconnaissance.
    C’est un bel hommage.
    Passe une belle journée et amitiés.

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  2. Aucune déception Evajoe, la fin de cette nouvelle est tellement émouvante … elle rappelle et rend hommage au courage et à la détermination de ces personnes qui au péril de leur vie ont protégé
    les Juifs de leur extermination . Le devoir de mémoire est une nécessité, il va être commémoré le dimanche 29 Avril, journée nationale de la déportation .
    Merci Evajoe, bonne journée et bisous, Plume .

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  3. Coucou Douce EvaJoe Guérie !!! Sourire
    Effectivement j’avais de la lecture en retard et non pas une simple suite…. Clin d’oeil
    En tout cas je n’ai pas été déçue de ni découvrir aucun truc para-normal… et j’ai fort apprécié cette fin « commémorative »… Sourire Ravi
    C’est vrai que l’histoire est un peu compliquée à suivre… mais comme je l’ai lu d’un seul trait, ce fut déjà plus « simple » pour moi en tout cas !!! Clin d’oeil Comblé
    Je te souhaite un excellent vendredi ainsi qu’un très doux week-end « prolongé » Dame EvaJoe !!! Sourire Radieux
    Mille tendres Bisoudoux
    ***Tincky***

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  4. Bonsoir ma chère Eva-Joe

    Je suis venu plusieurs sur ton blog et je m’y suis pris par quatre fois pour te lire tellement j’ai du mal avec un oeil qui ne voit plus.

    Mais je ne suis pas déçu et encore une fois, tu as eu la magie de nous emmener, de nous transporter jusqu’au bout avec une fin qui est tout à l’honneur de gens courageux qui ont bravé tous les
    dangers pendant la dernière guerre.

    De plus, tu as su y introduire habilement une histoire d’amour, ajouté à la force et la bonté du pardon.

    Tout y était pour nous combler, même le mystère, tout au long de ton histoire.

    Tu as beaucoup de talent, Joëlle

    Je te remercie au nom de la communauté

    Je ne m’attarde pas trop, je fatigue vite.

    Bisous et douce nuit

    Le Noctamplume

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  5. Merveilleuse histoire , j’ai beaucoup aimé les personnages
    Bravo , Joelle , ta plume est merveilleuse pour conter de belles histoires
    J’ai des problèmes de connexion , je n’ai pas pu passer hier impossible d’avoir ton blog
    Douce journée

    Bisous

    timilo

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  6. Une belle histoire qui finit bien! J’ai tout lu d’une traite!
    Merci pour ce bon moment en compagnie d’Emma! Et du charmant Mathias! 😉
    Au fait, je fais un break en ce moment, le temps me déprime! 😦
    Gros bisous Bonne nuit m’dame

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  7. Oh non, vraiment AUCUNE incohérence, enfin « à mes yeux » !
    Je ne suis pas déçue non plus, car, dès la 3ème partie, je ne pensais plus du tout à une situation paranormale mais bel et bien à ce type de cachette durant la seconde guerre mondiale (j’ai
    d’ailleurs oublié de le noter en commentaire, trop pressée de poursuivre).
    Cette histoire est, tout simplement, MA GNI FI QUE !
    Elle révèle également tes vrais talents de romancière (car, pour me tenir ainsi en haleine alors que mon ventre hurle de faim, il en faut ! RIRES)
    Je repars, toute remplie de cette histoire, et il n’y a que les vraies belles oeuvres pour laisser ainsi ce genre de trace en nous …!
    Je t’embrasse de toute ma tendresse ma ….fascinante romancière ! ta p’tite soeur des mots et émotions ……..

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  8. Ah oui, et puis « le Chambon » je connais, et ce lieu me fascine également, c’est aussi une terre huguenote !
    Tout ce que je ressens lorsque je parcours ce lieu est à la fois intense et inexplicable ..
    Il y a aussi « Fay » pas loin, autour duquel nous avons beaucoup randonné ………Autant d’endroits qui me rappellent des instants forts, humbles et prestigieux comme les plus beaux des silences
    …………
    L’histoire que tu nous as offert était bien de cette trempe…MERCI !

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