Depuis que je me suis levé je n’ai pas eu un moment à moi, ici je ne penserais pas à ma vie d’avant.
Je suis en congé maladie jusqu’à fin septembre, ensuite j’aurais droit car cela m’a été accordé par ma hiérarchie un congé sans solde d’un an. J’ai quinze mois devant moi, j’aiderai du mieux que je peux ma famille d’adoption et, si par malheur je commettais une erreur j’en payerais les conséquences.
Cependant je me sens bien ici et je n’ai pas forcé la main de Jean, il m’a juste fait confiance après que je lui ai raconté ce que je faisais sur le quai de la gare de Lyon. Tout de même je me demande pourquoi il m’a confié une partie de sa fortune car l’autre se trouve dans le coffre d’une banque du Crédit Lyonnais à Lyon où il habitait depuis dix ans. J’ai trouvé la clef accompagnée d’une enveloppe où il avait écrit avec une belle écriture » A n’ouvrir qu’après ma mort ».
Car ce que je viens de découvrir dans ses papiers a fait un effet de bombes pour moi. Était-ce réellement une rencontre fortuite J’ai préféré retourner dans la maison de Jean, bu un grand verre de lait et mangé quelques noix de cajou que j’avais emporté pour marcher. Puis je me suis penché sur le carnet de moleskine noir. Mais en l’ouvrant il est tombé deux feuillets et un passeport.
Sur le passeport ce qui a attiré mon regard c’est l’adresse de Jean. Là les bras m’en sont tombé, il habitait la même rue que moi. J’étais au 4 lui au 20. Il possédait une belle maison bourgeoise que j’ai souvent admiré sans jamais y entrer. Des belles fenêtres assez hautes et fort larges, le toit vernissé de tuiles dans les tons de bleus,rouges et marrons. Elles formaient un dessin. Mais lorsque je passais devant je n’ai jamais entendu un seul cri d’enfants.
La mienne était des années 50, nous l’avions acheté lorsque nous étions arrivé sur Lyon après ma mutation. Deux ans plus tôt ma première femme rencontrée sur les bancs du lycée m’avait laissé, excéder par le métier que je faisais. Je ne voulais pas recommencer une vie à deux, mais c’était sans compter sur le hasard. Dans mon travail j’avais sous mes ordres une charmante jeune femme que la vie n’avait pas épargnée. Veuve à même pas 25 ans, elle avait un fils de 7 ans. Elle jonglait avec les nounous car le gamin était insupportable. Il lui en faisait voir de toutes les couleurs. Cette jeune femme n’avait pas de parents, elle venait de la DDASS comme on disait à cette époque. Placée à 5 ans dans une famille d’accueil, ils lui avaient donné beaucoup d’amour. Christian ne voulait pas rester chez eux, il perturbait les autres enfants placés.
Aussi un soir où j’allais voir mes parents dans le quartier de la Duchère je leur avais demandé s’il serait d’accord pour s’occuper du fils de ma collègue. Je plaidais sa cause assez facilement et je pense que ce jour-là si j’avais su ce qu’il allait se passer quatorze ans plus tard je me serai abstenu.
Le gamin était choyé par mes parents car je n’avais pas d’enfants et Christian petit à petit allait prendre dans leur coeur une place immense. Lorsque j’allais chez eux je croisais parfois sa mère, car par déontologie je lui avait proposé un autre service. Ce qui du reste nous avait permis de nous rapprocher. Puis de fil en aiguille lorsque mes occupations me le permettaient nous avons fait de courts séjours à Palavas-les-Flots où mes parents avaient un mobil-home et, un jour où je l’attendais sur la place Bellecour, je la vois arriver en pleur.
Que se passe-t-il ?
Entre deux hoquets elle me dit je suis enceinte.
Et cela te fait pleurer ?
Tu veux le garder ?
Non seulement le garder mais je vais t’épouser.
En une seconde Julie est passée du rire aux larmes ou l’inverse.
Je l’ai épousé un matin de juin à la mairie de Lyon. Nous avons vécu des jours, des semaines, mois et années d’un amour fou. Notre premier enfant à nous deux fut un garçon, il aura quinze ans le 1 er septembre. Le second est né cinq ans après car Julie a fait deux fausses couches. A chaque fois c’était des filles. J’ai adopté le petit Christian, il a 22 ans aujourd’hui, il est en cavale, il a tué sa mère. Je suis veuf, triste, désespéré, avec un chagrin immense. Ma femme, mon amour, mon autre moitié me manque.
J’ai reproché à mes parents leur laxisme envers Christian, tout lui céder et le laisser sortir avec les voyous du quartier voilà où cela l’a mené. Je me suis pris la tête avec mon père en lui disant moi tu me serrais la vis je me demande pourquoi ?
Alors mon père est devenu tout blanc et sans égard pour la peine qui me travaillait au corps il m’a jeté au propre comme au figuré à la figure : » nous t’avons adopté ».
Dégage je ne veux plus te voir.
Voilà la raison pour laquelle j’ai atterri en gare de Lyon. Puisque je n’ai pas de famille, celle-ci peut me convenir. Mais que vais-je dire à mes enfants ? Leur mère leur manque. Pour l’instant ils sont dans la famille d’accueil de Julie, assez secouée par la disparition de celle qu’il considérait comme leur fille. Hier j’ai eu mon fils aîné je n’ai pas osé lui dire que j’avais retrouvé ma famille. Je ne peux pas leur mentir.
Je leur ai juste dit que l’on me confondait avec une personne et que j’allais enquêter pour en savoir davantage. Il m’a répondu :
Je te fais confiance papa tu es doué
Et surtout il a accepté de venir dans ce village niché au milieu de nulle part. Du moment qu’il aura des copains et que je lui lâcherai la bride il sera heureux. Puis le village dès le 15 juillet va s’animer, il y aura le retour d’une partie des vacanciers avec leurs enfants. Le village revivra.
Le plus jeune va aller en colonie c’était prévu, il part le 1er juillet faire de la voile sur le lac de Serre-Ponçon. Il nous rejoindra le 1 er août. Avant son départ je lui ai demandé s’il voulait aller à l’école vers ses grands-parents maternels, c’est ainsi qu’ils les ont toujours appelé, ou ici. Je ne lui ai mis aucune pression, il a choisi de rester avec Béatrice et Paul. De cette manière il était sous haute protection compte tenu que leur frère aîné était toujours dans la nature.
Pour nous retrouver ici c’était fort improbable quoique le risque zéro n’existe pas. Bien que je ne vois pas ce qu’il pourrait nous faire à part semer la zizanie entre son cadet et moi.
A suivre..
De fil en aiguille nous en apprenons d’avantage et mon esprit n’a fait qu’un tour en nous confiant que Xavier avait été adopté… Serait-il le vrai petit fils de Jean ???
Bises et bon vendredi – Zaza
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Bonjour Evajoe,
Adopté! Cela ne m’étonne qu’à moitié. Car cette ressemblance évoquée était plus que troublante. La femme de Xavier: assassinée! Et par son propre fils! Affreux! Pauvre Xavier! Il a l’air très atteint en plus d’être rejeté par son père, enfin, père adoptif.
Tu nous en apprends des choses. 🙂
Gros bisous de bon week-end
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Surprise de taille, Xavier a été adopté … alors, sa ressemblance en dit beaucoup … enfin, nous verrons bien …
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rhooo, de sacrés histoires de famille…. S’il a été adopté, c’est qu’il est vraiment le petit fils de Jean…
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Allons bon, il a été adopté !
Sa femme assassinée par son fils !
Et voilà, tu tires les ficelles.
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