Suite 7

Le bébé, il pense de suite à son arrivée, mais il est trop tôt, il ne devait pas naître ces jours. Mais il ne connait pas grands choses à tout cela, mais sait par contre que sa mère comme toutes les femmes du village devait accoucher chez eux. A moins que le médecin est été appelé car les autres naissances s’étaient mal déroulées, et un des frères de Jules s’était étranglés avec son cordon ombilical avant l’arrivée de la sage-femme.

Il quitte la maison, et accompagné de Paulo va vers le château, au fil des pas, Jules explique à Paulo ce qu’ils vont chercher là-bas. Son copain n’en croit pas ses oreilles de ce qu’il entend, il est un peu en colère contre Jules qui n’a pas osé lui le dire plus tôt, mais d’un autre côté qu’aurait-il fait, Lui ? Si son père avait été mis en prison pour un assassinat qu’il disait n’avoir pas commis. Aussi, tout en marchant le plus silencieusement du monde, il ne fait aucun reproche à son ami. Les voici à proximité des anciens murs qui entourent les pans du château, sauf quelques pièces mise à jour par les enfants ont subsisté, mais comme il est vivement conseillé de ne pas s’aventurer au-delà de la grande salle d’armes, les enfants du village ne connaissent pas tous les recoins, mais eux , en compagnie d’Aubin se sont déjà aventuré plus loin. Hélas, quand ils arrivent vers la lourde porte, ils voient une forme allongée sur le sol, l’abattant de la cloche a écrasée le visage d’une femme, tous les deux pensent que c’est une femme car elle a une longue jupe, mais Jules se met à trembler comme une feuille et vomit le souper qu’il a pris chez les parents de Paulo. 

–  Pau Paul Paulo  c’est c’est ma mère l!

Et, Jules éclate en sanglot, Paulo se penche sur la forme allongée sur le sol et vu que le visage est invisible car le battant de la cloche lui a écrasé le visage, ce n’est pas beau à voir, mais il ne sait si c’est la mère de son copain, mais si Jules le dit, il lui faut le croire. Mais que faire ? Avertir son père, là c’est certain il recevra une correction, son père n’est pas tendre, mais juste. Il ne sait que penser, quand soudain de l’intérieur il entend un drôle de bruit, c’est une personne qui claudique qui vient vers eux. Vite, il leur faut se cacher, il n’est pas question qu’ils restent ici. Il serait même temps de rentrer s’ils ne veulent pas se trouver dans une situation embarrassante. Il fait signe à Jules d’arrêter de pleurer et il le pousse vers une petite porte qui se trouve sur le côté. Autrefois le châtelain mettait du bois, mais là tout est vide. Ils se glissent tous les deux dedans, si Jules s’assoit, lui Paulo veut savoir qui peut sortir du château à cette heure avancée de la nuit. Quelle chance pense-t-il les nuages qui rendaient le ciel sombre, viennent de s’estomper et la pleine lune éclaire le décor. Le lourd battant s’entrouvre, et Paulo voit un homme assez grand, mince, qui, regarde de droite et de gauche, il semble à Paulo qu’il le voit car il regarde de ce côté, mais Paulo commence à trembler, car il comprend qui il voit, c’est le père de Jules ces deux-là on pourrait même les prendre pour des frères. Mais il est tellement abasourdi qu’il a laissé échapper un petit cri qui met la puce à l’oreille de celui que Paulo prend pour le père de son copain. En une grande enjambée, l’homme se trouve à hauteur de la remise qu’il ouvre brutalement. Les deux enfants sont tétanisés par la peur. Mais de suite, Jules et  l’homme qui lui ressemble se jettent dans les bras l’un de l’autre.

 

–       Jules que fais-tu là ?

–       Papa, oh papa si tu savais.

–       Savoir quoi ? Que tu te promènes la nuit et que tu ne dors pas dans ton lit. .Pourquoi as-tu quitté ton lit ?

–       Monsieur Petiot, ce que votre fils n’arrive pas à vous dire, c’est qu’il pense que sa mère est morte.

–       Morte ! Comment ça ?

–       Je l’ai vu dehors, l’ abattant de la cloche lui est tombé sur la tête, je n’ai pas regardé, quand j’ai reconnu sa longue jupe qu’elle avait cet après-midi je me suis effondré.

 

A peine Jules termine de parler à son père, que ce dernier se précipite à l’extérieur, il revient quelques instants plus tard tout aussi effondré que son fils. Lui aussi a reconnu sa femme, la mère de ses enfants. Mais ni son fils, ni lui ne peuvent aller lui donner une sépulture, tous les deux seront soupçonnés, quoique le fils de son ami le brigadier est là, que faire ? Il ne sait quoi penser. Et, c’est Paulo qui prend la parole le premier.

–       Monsieur Petiot vous avez fait attention à ne pas laisser de trace, car comme vous boitez et que mon père vous connaît bien, il pourrait croire que c’est vous qui avez tué votre…..Femme.

Il a eu du mal à le lui dire, mais le père de son ami comprend, et c’est à lui en tant qu’adulte de prendre en main les évènements qui viennent de se produire. Ni les enfants, ni lui-même ne savent ce qui s’est réellement passé, mais ce n’est pas le moment de rester dans les parages, bientôt le jour va se lever. Les enfants doivent retourner dormir. Toutefois il espère que son ami ne se sera pas rendu compte de la disparition des deux adolescents. Il ne peut pas dire à son fils qu’il sait la raison pour laquelle il est parti dormir chez Paulo, à coup sûr il serait pris pour l’assassin de sa femme, enfin les jeunes pourraient avoir des soupçons.

Repartez rapidement, je vais chercher une autre cachette !

–       Monsieur Petiot j’ai bien une idée pour que vous puissiez vous cacher !

–       Ah ! Où donc ?

–       Si Jules n’y voit pas d’inconvénient, nous avons fait une belle cabane dans les bois avec notre ami Aubin, nous allons vous y emmener, vous remonterez l’échelle, nous savons comment la récupérer, mais de toutes façons nous vous apporterons à manger. Samedi soir ce sont les vacances, nous nous débrouillerons chacun notre tour, mais j’espère que nous serons libre de nos mouvements.

–       Comment ça ?

–       Notre ami Aubin a été enlevé, et j’ai peur que Papa ne nous confine tous les deux dans la maison, mais nous avons plus d’un tour dans notre sac.

A ce moment, Jules se souvient qu’à quelques mètres gît sa mère, a-t-elle été assassinée, ou a-t-elle reçue la cloche qui ne tenait pas. Mais que faisait-elle ici ? Possible que son père lui ai donné rendez-vous, il lui faut le savoir.

–       Papa ?

–       Oui !

–       Est-ce toi qui as fait venir Maman, ici !

–       Non, je ne comprends pas ce qu’elle faisait ici !

Son papa ne dit pas à son fils qu’il a remarqué que son ex-femme avait sa jupe relevée et qu’elle avait de grandes marbrures de sang à l’intérieur des cuisses et le long des jambes, il ne sait si elle a accouchée ou si elle a été violée, voire les deux. Dans les deux cas ce serait horrible que l’enfant ait été enlevé. Mais par qui ?  Et si, en plus d’avoir reçu le battant de la cloche, on l’a violé, il ne comprend pas la raison et qui a pu faire cela. Deux morts en deux jours c’est énorme. Plus la disparition d’Aubin, ce dernier a dû voir une chose qu’il n’aurait pas dû voir. Sinon pourquoi cet enlèvement ?

–       Vite les enfants, allons-y ! le temps presse, la nuit commence à pâlir, l’aube ne va pas tarder, et vous risquez de vous faire surprendre par ton père, Paulo !

Tout ce petit monde se dirige vers la forêt, aucun des trois ne voit une ombre qui les suis, mais cette personne, a beau marché en prenant des précautions, le père de Jules sait immédiatement qu’ils sont suivis. Il se penche vers son fils et lui murmure quelques mots, puis fait de même pour Paulo. Aussitôt les enfants courent suivis par le père de Jules, mais plus difficilement il s’est blessé dernièrement et la douleur se fait ressentir, d’où cette manière de traîner la jambe. Arrivés à la Croix du détour, les deux enfants se dirigent vers le village et le père de Jules rejoint la cabane de son fils. Il sait où cette dernière se trouve, il y a dormis la nuit passée. C’est du reste ce qu’il a dit aux enfants, en plus de courir car ils étaient suivis. Mais auparavant il lui faut se cacher avant de se diriger directement vers la cabane, il veut en avoir le cœur net, savoir qui le suit. L’ombre se déplace lentement, il a dû se rendre compte que Pierrot l’avait berné. La lune joue à cache-cache avec les nuages, tantôt la forêt est sombre, tantôt on voit assez bien. C’est lors d’une éclaircie que Pierrot distingue le visage de son poursuivant. Pour lui, c’est un véritable revenant, dire qu’il a été accusé de sa mort et qu’il est là bien vivant. Il y a de quoi hurler, mais Pierrot se retient de le faire. Que fait-il dans la forêt ? Et, qui est mort à sa place ? L’énigme prend cette nuit une tournure différente. Il faudrait que son ami soit au courant, les enfants pourraient l’aider, il attend que l’autre parte et il regagne rapidement la forêt profonde et la cabane des enfants. Il se souvient comment le jeune frère du Comte tournait autour de sa femme avant qu’il soit accusé de l’avoir tué, bien entendu qu’il faisait un bon assassin, n’avait-il pas proféré la veille de sa mort que si il le voyait mettre ses sales pattes sur sa femme il le tuerait de ses propres mains. Quelle mauvaise idée il avait eu de s’en vanter au café où se trouvait Maurice qui depuis était devenu l’amant de sa femme, celui de la ferme du haut.

Suite 6

Il ne dit pas un mot, allonge Germaine à même le sol, lui fait relever les jambes en les posant sur deux chaises, il va même jusqu’à lui les attacher, mais il voit la terreur dans ses yeux, mais cela ne dure pas longtemps car la tête de l’enfant est déjà là, certes il n’a jamais mis au monde un enfant, mais il a vu sa mère accouchée de nombreuses fois. Germaine a poussé une seule fois, et l’enfant, une belle petite fille a failli heurtée le sol. Il l’a pris et mis sur le ventre de sa mère et maintenant il attend. Sans un mot, il lui a donné ce qu’elle réclamait, puis elle s’est relevée et a mis la fillette à son sein. Lui regardait sa montre, et attendait. Il regardait parfois par la fenêtre, avec son grand chapeau noir, sa houppelande de même couleur et sa barbe en broussaille, il y avait de quoi être terrorisé, Germaine n’osait plus le regarder, possible que la petite la protège, mais elle n’en n’était pas si sûre. Toutefois, il ne voulait pas de mal à l’enfant, car il avait accepté de l’aider. Mais quand à la suite elle tremblait. Quand soudain, il prend l’enfant de ses bras, le couche dans le berceau et demande à Germaine de passer son gilet et il la pousse vers la porte. Elle marche comme un automate, où l’emmène-t-elle ? Et surtout pourquoi est-il revenu ? Il va se venger, mais pourquoi maintenant, pourquoi ?

Comme convenu le brigadier arrive à la nuit tombée, il n’y a pas de bruit à la ferme du haut, aucune lumière, soudain un vagissement se fait entendre. Tiens l’enfant est né, mais pourquoi Germaine n’a pas allumé la lumière. Il pousse la porte qui est entrouverte, allume la bougie  et voit un enfant bien emmailloté, mais après avoir fait le tour de la maison il n’y a personne. Où est la mère ? Le père n’est ni en haut, ni à la grange où les vaches meuglent, Maurice n’est même pas venu les traire ; un de ses hommes prends l’enfant et l’emmène vers le médecin du village, voir si tout va bien, puis ils confieront le bébé à une nounou, en attendant que sa mère soit retrouvé. Ils sortent à l’extérieur et chacun leur tour donnent de la voix en appelant tantôt Maurice, tantôt Germaine, mais aucune réponse à leurs cris. Nuls ne sait où ces deux-là sont allés et pourquoi ont-ils laissé l’enfant. Ils espèrent que ce n’est pas le Pierrot qui est venu récupérer sa femme. Aurait-il assassiné le Grand Maurice, mais ou serait son corps ? Ils quittent la ferme et entendent le glas sonné, c’est la cloche du château, qui la sonne ? Cela résonne comme un mauvais présage. Il est temps de rentrer, ils verront demain.

Le brigadier en rentrant chez lui, ne sait que penser de tout ce qui vient d’arriver, il ne faut pas dire à Jules que sa mère a disparue et que le bébé est né. Il rentre et se tait, car il voit Jules jouer gentiment avec sa dernière fille. Ils passent à table et rapidement les enfants vont se coucher, demain ils retournent en classe. Pendant la veillée qu’il passe en compagnie de sa femme, il lui relate par le menu ce qu’il vient de découvrir à la ferme du haut. Elle, semble perplexe, c’est certainement un coup de ce bon à rien de Maurice, Germaine par le passé était sa meilleure amie, elle a changé depuis que son Pierrot a été condamné à 20 ans de prison, et il vient de sortir pour bonne conduite, ce qui était fort rare par ces temps. Il faut dire que le Pierrot même en vivant avec la Germaine portait de belles cornes, il n’avait jamais su si ses filles aînées étaient de lui. Seul Jules était son fils, le gamin lui ressemblait de trop. Puis dès que le père de Jules avait été enfermé, elle s’était mise à la colle avec le Maurice et depuis elle avait eu plusieurs fausses couches, la femme du brigadier avait toujours pensé que l’autre était un violent, comme tout un chacun elle avait vu au cours de ses dix ans le ventre de son amie s’arrondir et jamais aucun enfant n’était arrivé à terme. Comment celui-là avait pu arriver à vivre ? Cela était une énigme pour tout le village. Mais il fallait qu’elle soit attentive, des bruits couraient que le Maurice avait abusé de l’aînée du Pierrot et tenté de le faire sur la seconde. Pourvu que le bébé soit un garçon il se défendrait mieux qu’une fillette. Lorsqu’ils vont dormir, le couple, comme à leur habitude ouvre doucement les portes des chambres de leurs enfants, remonte un édredon, recouvre la plus jeune, et observe discrètement Jules qui dort comme tous les enfants de son âge d’un sommeil calme.

 

Mais dès que la porte se referme, Jules ouvre un œil, il n’arrive pas à dormir, mais il connaît les habitudes de sa mère, et il a compris lorsque les pas se sont fait plus lourds dans le couloir que les parents de Paulo avaient le même rituel. Il a regagné rapidement son lit, et calqué son rythme cardiaque à celui de son ami Paulo. Jules se demande ou le père de son copain peut cacher la clef de la maison, il aimerait tant savoir si ce ne se serait pas son père qui se cacherait dans le château, mais il lui faudrait des bougies pour voir dans les pièces sombres. Les voler, il n’y songe nullement, regagner la ferme du haut, oui c’est une solution, mais si son beau-père cuve, il peut ouvrir un œil, et là il ne donne pas cher de sa peau, déjà qu’il a un mal de chien depuis que ce fou l’a frappé. L’onguent appliqué par sa mère fait qu’illusion désormais, il faudrait qu’il se laisse examiner par le pharmacien ou le médecin du village, mais il est encore trop tôt. Il s’habille lentement, et au moment où il va prendre ses souliers ferrés à la main, Paulo se réveille. Il baille et s’étonne de voir Jules debout, il voit bien que le jour n’est pas encore levé.

–       Recouche-toi Paulo, je vais aller chez moi, j’ai oublié mes devoirs pour demain, mais toi rendors-toi.

–       Es-tu certain Jules que tu as oublié tes devoirs, tu m’as aidé à faire les miens tout à l’heure et j’ai bien vu que tu avais dans ta besace tous tes cahiers. Dis-moi plutôt ce que tu vas aller faire là-haut ?           

–       Ecoute, Paulo ne rends pas les choses plus difficiles, laisse-moi y aller seul, et, après je t’expliquerais.

–       Non, je t’accompagne, n’oublie pas que je suis fils de flic.

Cela fait sourire Jules, car il ne voit pas en quoi cela peut l’aider, mais après tout il est réveillé, il peut lui être utile, il sait surement où son père cache les clefs, ainsi que les bougies. En deux temps trois mouvements ils sont hors de la coquette maison où la famille du Brigadier loge. Ils montent lentement mais ils doivent faire attention à ne faire aucun bruit, ce n’est pas la peine de passer près des maisons où les chiens alerteraient leurs propriétaires. Ils se fondent avec le paysage, se glissent de ci-de-là et enfin voici la ferme du haut. De loin elle semble abandonnée, aucun bruit, tout le monde doit dormir. Paulo propose à Jules de faire le guet, quand à ce dernier il ouvre la porte qui n’est pas fermé à clefs, cela l’alerte et le fait redoubler de vigilance. Il y a une bougie sur la table, il l’allume à la mèche de la lampe à huile qui commence à s’amenuiser. Son beau-père n’est pas là, il aurait pris soin de la lumière. Car, il n’a jamais voulu avoir l’électricité, un vrai rustre ! Jules se décide à rafler le plus de bougies, et, au moment de sortir, il lui prend l’idée d’aller voir sa mère. Il monte l’escalier mais oh surprise, elle n’est pas là, son lit n’est pas défait. Étrange, où est-elle passée ? 

Suite 5

Il la rejoint à grande enjambée et lui assène ses quelques mots :

–       Tu as réussis à te faire engrosser et maintenant te voilà dans une drôle de situation, ton amant n’est pas celui que tu pensais. Ose dire le contraire.

Germaine Petiot s’effondre en larmes sur la chaise, elle sanglote devant son mari indifférent à sa peine. Il faut dire qu’ils ne se sont pas vus depuis 9 ans. Et Germaine n’est pas en état de faire la fière.

–       Ou est Jules ?

–       Le brigadier vient de l’emmener chez lui, que lui veux-tu, je ne suis pas certaine qu’il ait envie de te voir.

–       Qu’en sais-tu ? Bien entendu qu’il a pensé être abandonné par le seul homme qu’il aime, moi en l’occurrence, au vu des gentillesses de ce dingue qui vit chez toi. Toutes mes lettres que je lui adressais me sont revenues. La dernière il a dû la jeter.

–       La dernière, je ne sais pas, cela fait deux ans que tu n’écris plus au petit.

–       Je lui ai écrit il y a un mois, mais le facteur devait te la remettre uniquement à toi, voire à Jules, si tu ne l’as pas vu, le petit l’a surement eu c’est tant mieux. Il est au courant de mon retour, je vais aller de ce pas chez le Brigadier, mais auparavant file moi de l’argent, je t’en ai suffisamment envoyé, et maintenant tu as un autre homme ce fric me revient.

–       Mais Pierrot je n’en n’ai pas, il garde tout dans sa mallette et me donne l’argent au compte-goutte

–       Elle est où cette mallette ?

–       Sous le lit dans notre chambre, mais elle est fermée à clefs, et puis c’est aussi pour le bébé.

Au moment où Pierrot va monter l’escalier, il entend un bruit de voix à l’extérieur, il attrape sa femme car elle l’est encore aux yeux de la loi et lui fait signe de ne rien dire sur sa présence, il la pousse dans la grande salle et se planque dans le placard de la grande salle. Sa femme a laissé la porte de la salle entrouverte, aussi notre Pierrot voit apparaître son ami le brigadier accompagnés de deux autres acolytes, ils seraient déjà sur sa trace se dit-il ? Mais ce qui l’entend le rassure rapidement, ils sont venus chercher l’autre du haut, cet homme qui s’en serait pris à son fils et à ses filles au dire du gamin. Mais sa femme confirme les propos de leur enfant. Il boue intérieurement et se jure de faire la peau à cet ivrogne et lubrique individu. Mais lorsque le brigadier vient dans l’arrière cuisine, le vieil ivrogne n’est plus sur le sol il a disparu, étrange pensent la femme et le mari, il avait l’air bien sonné. Comment a-t-il pu se relever sans l’aide de quiconque et ou est-il allé ? Il a dû réussir à sortir par la fenêtre car elle est ouverte, mais il doit se planquer car les bois sont loin et le brigadier qui vient d’envoyer ses hommes devraient  rapidement en savoir plus.

Le brigadier fait demi-tour, et promet à Germaine Petiot de revenir, il lui demande de le retenir s’il revenait dans les parages. Pierrot n’en mène pas large, vite il lui faut fuir, mais auparavant il doit récupérer un peu d’argent sinon il ne pourra même pas s’habiller décemment et surtout se nourrir. Lorsqu’il entre dans ce que fut leur chambre à Germaine et lui, il a un petit pincement au cœur, c’est là qu’ils ont conçu leurs trois enfants, quatre, mais le petit né après Jules n’a pas survécu. Sous le lit il n’y a absolument rien, c’est là que le Maurice a dû se rendre, il a dû entendre leurs conversations. Vite, il doit quitter cette maison et regagner sa planque dans la forêt. Au passage il prend un quignon de pain, un pot de confiture et un gros morceau de lard, qu’il glisse dans une vieille besace qui pend au mur. Puis, il sort par l’arrière de la ferme et disparaît au vu de tous. Pendant ce temps, Germaine ressent les premières douleurs, elle sait qu’elle ne passera pas la nuit, elle vient de voir Pierrot s’enfuir, il ne doit pas vraiment aimer les gendarmes. Son amant n’est plus là, la voici seule. Si Ninon venait chercher son lait comme tous les soirs, elle était un peu bête mais tant qu’à faire elle ferait l’affaire. Mais va-t-elle venir ? Pendant qu’elle réfléchit, elle a mis de l’eau à chauffer sur son vieux fourneau. Soudain, elle entend un pas lourd dans la cour, qui peut venir ? C’est un homme, elle en est certaine; le sien, le père de Jules ou l’autre celui de l’enfant qu’elle porte.

Quand la porte s’ouvre, et qu’elle voit rentrer l’homme, la pauvre Germaine hurle d’effroi. De ces deux mains elle le repousse, mais elle fait à l’instant les eaux, l’autre est décontenancé et comprend que Germaine va accoucher.

 Elle balbutie :

–       Pitié, pitié !

Suite 4

Jules devient tout blanc, voire même livide, il comprend maintenant ce que sont venus faire les gendarmes, ils soupçonnent à nouveau son père. Mais il n’en fait pas cas devant son ami, et il le questionne au sujet d’Aubin ?

–       Et pour Aubin il en dit quoi ton père ?

–       Il dit que Petit Jean lit trop de contes à dormir debout, et il pense qu’Aubin a fugué.

–       Non ! Crie Jules, car j’ai oublié de dire à ton père que j’avais entendu crier Aubin quelques minutes auparavant.

–       Dépêche-toi d’aller lui le dire. Il veut classer l’affaire.

Jules regarde l’ombre du soleil qui va s’évanouir, il est obligé de rentrer, et, il demande à Paulo de le dire à son père, il acquiesce et accepte de lui dire. Ouf se dit Jules, un poids en moins.

–       A demain à l’école Paulo, bonne nuit !

Il coupe rapidement à travers champs et arrive à la porte de la cuisine, juste pour voir sa mère dans la cour qui lui fait les gros yeux.

–       Vite, dépêche-toi, il va se rendre compte que tu es ressorti, et je ne donne pas cher de tes fesses et de ton dos.

Jules fait le tour et rentre par la porte de l’appentis qui donne accès au couloir, mais au moment où il se baisse vers sa couche, son beau-père surgit brutalement de la cuisine le frappe brutalement au visage et l’envoie valdinguer contre le chambranle de la porte.

–       Fils d’assassin, d’où sors-tu ?

–       J’étais dans la grange

–       Menteur !

Il attrape sa badine de coudrier qui ne quitte guère sa ceinture et tout en le tenant d’une main lui assène deux coups sur le dos après lui avoir arraché sa chemise. Mais il ne va pas plus loin car le père de Paulo vient de faire son entrée. Il se saisi de la badine et frappe son beau-père du revers de sa main, il s’effondre. Il le laisse sur le sol  s’approche de Jules. Il examine son dos qui saigne déjà et il appelle sa mère qui lui prodigue les premiers soins. Elle étale un onguent sur le dos de son fils, tout en pleurant, ce qui fait dire au brigadier :

–       Dîtes moi, Madame Brun vous l’avez bien voulu votre mécréant d’amant, alors éviter de pleurnicher en ma présence. Si vous prenez peur du retour de Pierrot, chassez cet importun, où plutôt retournez dans votre ferme, et je veillerais sur vous. J’espère qu’il ne s’en est pas pris à vous, car avec votre môme dans le ventre, vous seriez bonne pour une hémorragie cette nuit, et je ne vois pas qui viendrait vous sauver. Vous faîtes fuir tout le monde en vous affichant avec cet individu.

–        Ce soir j’emmène Jules, nous aviserons pour les vacances ou je vais le mettre, ce soir il dormira avec Paulo, sa chambre est assez grande

Puis, se tournant vers Jules,  sans un regard pour son beau-père, il lui dit de préparer quelques vêtements et sa besace pour l’école. Il l’accompagne et voit avec effroi ou le gamin dort. Il se mord les lèvres et regrette d’avoir failli à la mémoire de son père, quand il était allé le voir en prison au début, il lui avait promis de veiller sur le petit. Mais, trop pris par son travail il l’avait délaissé ces dernières années. Et ce soir il touchait du doigt la vie horrible que son bourreau lui avait fait vivre. Pourtant le gamin, il le croisait parfois, il ne l’avait jamais entendu se plaindre, l’instituteur n’avait jamais fait état de coups que le gamin eu reçu. Possible que Jules ait caché son état à tous, y compris à ses copains. Depuis que son père était en prison, le gamin était appelé le fils de l’assassin et les commères du village en rajoutaient toujours, pas étonnant que sa mère se soit mis à la colle avec ce grand benêt de Maurice. 

La mère de Jules lui dit de quitter sa chemise et ce que découvre le brigadier est insupportable, le dos du gamin est strié de plaies rouges pour les dernières et de longues stries pâles pour les plus anciennes. Ce gamin est battu régulièrement cela se voit. Sans un regard pour son bourreau qu’il laisse au sol, il reviendra plus tard, il quitte rapidement la ferme. La mère de Jules les suit, elle se tord les mains et avant que son fils et le brigadier quittent la cour de la ferme, elle leur demande :

–       Monsieur le Brigadier, mon Jules est un brave petit, il reviendra me voir, mon bébé, ne va pas tarder à naître, avec lui à la maison je me sentais tranquille, mais là je vais être seule, je ne peux pas compter sur le père de l’enfant, il devient méchant, il se saoule de plus en plus.

La pauvre femme à court d’arguments se met à sangloter, Jules n’écoutant que son bon cœur se précipite vers sa mère et supplie le père de Paulo de le laisser avec sa maman.  Mais le brigadier est inflexible, pour cette nuit tu dors à la maison, nous verrons demain, allez Mère Petiot rentrez, et jetez un seau d’eau à votre amant, lui dit-il avec un rictus mauvais, la pauvre femme tourne les talons et ne lui demande plus rien. Elle s’essuie les larmes qui coulent sur ses joues, et entre dans la cuisine, elle trouve son concubin attablé en train de se servir de longues rasades de vin en éructant violemment. Ce qu’elle voit dans ses yeux l’effraie, il veut la posséder alors qu’elle est près de son terme, c’est certain il va encore la violenter. Elle doit s’éloigner le plus vite possible, possible qu’en lui mettant les somnifères dans son vin, cela lui évitera de subir les assauts de ce vieux porc. Comme elle regrette de s’être acoquiné avec lui après la mise en prison du père de Jules. Il l’avait ensorcelé, faut dire qu’elle était encore belle malgré ses trois grossesses, ses deux filles ainées étaient vite partis à la ville surtout qu’il avait essayé de les violer l’une après l’autre, et c’était grâce à Jules qu’elles y avaient échappé, le gamin n’avait pas vraiment compris la portée de l’acte de son beau-père. Il avait tous justes douze ans pour l’aînée, il avait pensé que son beau-père voulait la frapper sur la poitrine quand il avait entendu les cris de sa grande sœur. N’ayant que ses poings nus il avait réussis à faire fuir son beau-père, mais il l’avait payé chèrement par un bras cassé et dix coups de fouet. Puis récemment la cadette avait échappé de peu à la fougue de son beau-père toujours grâce à Jules, mais maintenant il savait ce que cherchait à faire son compagnon. Depuis c’était la guerre entre son fils et son amant. Tout e se souvenant de ses heures terribles, elle s’est rendue dans l’arrière cuisine pour préparer le verre de gnole dans lequel elle a glissé trois ou quatre somnifères, il ne devrait pas résister à ce breuvage. Elle gardait la bouteille pour célébrer l’arrivée du bébé, mais maintenant elle s’apercevait que c’était la plus mauvaise idée qui puisse exister que de l’avoir acheté. Brutalement elle sent les mains rudes et cagneuses de son amant se glisser sous sa jupe et remonter le long de ses jambes fuselées, il va la culbuter, vite, il lui faut se reprendre, car au départ il est toujours tendre et cela s’envenime depuis quelques temps. Il la repousse, et la bascule sur la table de la cuisine.

Au moment où il va ouvrir sa braguette, elle se relève et lui montre la bonne bouteille de marc, les yeux de son amant brille, il la laisse et s’approche de la bouteille et avise le verre, s’en saisi et boit d’un trait la rasade au barbiturique. La mère de Jules a le temps de se relever mais l’autre ne l’entend pas ainsi et il la rejoint d’un pas lourd, mais il veut prendre ce qu’il estime être à lui. A nouveau elle sent son souffle chaud, ses lèvres et sa bouche humide puant la gnôle et le vin, il l’embrasse à pleine bouche et, en titubant il la pousse sur la table vermoulue, il relève sa jupe, écarte rapidement ses cuisses et s’effondre. La pauvre femme a ce poids lourd à moitié sur elle, mais au moment où elle pense être arrivé à se défaire de ce mastodonte, la porte de la salle s’ouvre et elle voit son mari qui entre, et d’un regard avise la scène qui a faillis se dérouler. Elle devient rouge comme un coquelicot, c’est la honte!

Suite 3

Que chacun d’entre vous lisent à leur rythme, je met la suite, mais cela vous permet de suivre plus facilement l’histoire que je vous concocte….Eh eh!

Si Clara dit que cela lui fait penser à la bibliothèque verte….Là je pense qu’au fil des pages, elle trouvera que le vert s’assombrit et vise plus un public adultes.Toutefois, moi aussi lorsque j’étais jeune j’aimais lire les livres jeunesses de la Bibliothèque verte, et c’est me faire un grand honneur que d’avoir posé  ces mots.

 En espérant que vous ne serez pas offusqués au fil des lignes par les situations qui vont se dévoiler devant vos yeux….

 

Jules est rentré depuis plus de deux heures, il a fait ses devoirs sur la table de la cuisine, sous l’œil attendris de sa mère, quand le heurtoir de la porte retentie. Qui peut bien venir s’interroge Jules ? Son beau-père ne frappe jamais et peu de gens du reste l’actionne. Sa mère se lève et se trouve nez à nez avec la gendarmerie, elle se signe et dit :

–       c’est mon mari ?

–       Nous ne le savons pas encore, mais il y a des similitudes, tout d’abord dans la rivière vers midi nous avons trouvé un homme qui flottait.

En disant cela, les gendarmes regardent bizarrement Jules qui ne sait pas où se mettre, son beau-père a dû parler, il aurait mieux fait de se taire.

–       Mais le Pierrot a terminé sa peine ? Je croyais qu’il avait pris 20 ans.

–       Oui, il a été relâché pour bonne conduite, nous avons perdu sa trace la semaine dernière, depuis nous sommes sans nouvelles, il devait venir au poste tous les jours faire signer un papier, et nous ne l’avons vu que la première semaine, enfin quand je dis-nous ce sont les collègues du Puy.

Jésus, Marie, Joseph murmure sa mère en se signant et en s’essuyant les mains dans un grand tablier. Qu’est-ce qui va encore nous arriver ? Les gendarmes haussent les épaules et continuent de lui expliquer la suite des évènements, Jules se fait tout petit, jusqu’à ce que le brigadier l’interpelle :

–       Dis-moi Jules, qu’as-tu vu dans la forêt ? Tu n’aurais pas croisé ton père par hasard ?

Les yeux de Jules s’embrument de larmes, et il se met à sangloter, il ne joue nullement la comédie, savoir son père si prêt et en cavale le met mal à l’aise mais en même temps il aimerait savoir où il se trouve en ce moment.

–       Allez réponds Jules, Sais-tu quelques choses, Paulo m’a dit que tu étais rentré faire tes devoirs après l’avoir croisé et raconté ce qui était arrivé à votre ami Aubin.

–       Je ne sais rien Monsieur, juste ce que j’ai raconté au papa d’Aubin et à Paulo, et encore je n’ai rien vu, c’est le petit Jean qui m’en a parlé, même qu’il disait le loup garou.

A ses mots, sa mère crie plus fort, et les gendarmes lui disent de se taire, mais ils se sont jeté un regard qui en disait plus long qu’ils n’ont eu envie de leur en dire.

–       Si vous apprenez quoi que ce soit concernant votre mari et toi ton père vous venez immédiatement me le dire, soit à la maison soit au poste, vous avez bien compris.

–       Oui !

Tous les deux l’ont dit ensemble, et, sur ce la maréchaussée s’en est allée. Jules s’est jeté dans les bras de sa mère et ne sait quoi lui dire, Il est content que son père soit dans le coin, mais en voyant sa mère dans cet état il ‘est inquiet pour elle. Mais ce qu’il redoute le plus c’est ce que son beau-père va en dire. Déjà qu’il ne porte pas Jules dans son cœur, cette histoire va semer le trouble dans la ferme. Du reste, il a bien dû voir la gendarmerie rentrée dans la cour, ou est-il passé ? Jules n’a pas le temps de se poser une deuxième fois la question, que la porte s’ouvre à toute volée et son beau-père entre en titubant, il a bu plus que de raison. Cela va chauffer ce soir. Jules quitte discrètement la cuisine et se faufile dans la soupente qui lui sert de lit depuis qu’il vit chez cet homme. Il ne bouge plus et écoute les cris, pourvu qu’il ne frappe pas sa mère. Il la déjà fait et Jules s’est mis en travers. Mais sa mère attend un enfant il ne faut pas que cette brute la frappe. Il semble content de l’arrivée de son enfant, un fils qu’il a espéré depuis ces huit longues années. Bien qu’il ne sache pas si c’est un garçon ou une fille, parfois Jules rêve d’une petite sœur, d’autres fois il aimerait un garçon, il pourrait mieux se défendre des griffes de celui qui sera son père. Il entend sa mère monter l’escalier suivis du pas lourd de son mari, Jules sait très bien ce qui va se passer, il faut qu’il se bouche les oreilles, il ne veut pas entendre sa mère gémir. La première fois il pensait qu’il faisait du mal à sa maman, mais sa mère lui avait expliqué que c’était pareil que lorsque le chien montait sur la chienne. Depuis Jules savait comment son beau-père avait fait un bébé, puisque c’était comme la chienne Belle qui avait mis bâts deux petits. Cela lui semblait sale, mais il profite que ces deux-là sont bien occupés pour quitter la ferme et aller voir ce qui se passe le long de la rivière, il a vu en rentrant tout un attroupement.

A peine arrivé au bord de la rivière il croise à nouveau Paulo accompagné de sa sœur, Jules lui sourit, il l’aime bien la Jeanne, l’an passé c’était sa promise, mais maintenant elle est au Puy à l’école des sœurs, elle veut devenir couturière, elle secondera sa mère. Mais pourquoi est-elle déjà là, l’école se termine samedi soir, c’est étrange ?

–       Ta sœur est déjà rentrée de la ville ?

–       Oui, il y a une épidémie de scarlatine, et comme elle ne l’a jamais attrapée, maman a demandé aux religieuses qu’elle revienne à la maison

–       Vous faîtes quoi ?

–       J’ai entendu papa parler du mort, je suis venu voir de qui il s’agissait ?

–       On le sait !

–       Non, papa a juste dit il ressemble au Comte, mais comme personne ne l’a vu récemment, on ne sait même pas si c’est lui ou un homme qui pourrait lui ressembler.

–       Qu’est-ce qui fait dire à ton père que ce pourrait être le châtelain

–       La montre qu’il a au poignet, c’est la même que l’on avait trouvé au poignet de son frère il y a 11 ans aujourd’hui.

 

A suivre

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