La vie d’à côté ( suite 9 )

Cela fait des heures que tous les deux sont prostré, leur mère serait vivante, mais qu’est-ce qui s’est passé ? Où se trouve leur mère ? Puis Pablo est le premier à se ressaisir, mais à ce moment-là, leurs deux mobiles sonnent, ils se regardent tous les deux fort interloqués. Appel privé ! Étrange…

  • Décrochons et nous nous dirons qui on avait et la raison pour laquelle nous sommes appelés
  • Allo, qui est à l’appareil ?
  • Amélia, c’est l’inspecteur D, le frère de votre amie Cathy ;
  • Oui, que ce passe-t-il ?
  • Votre frère est avec vous ?
  • Oui ?
  • Pouvez-vous me le passer ?-
  • Il est au téléphone pour l’instant, mais dès qu’il a terminé je vous le passe ;
  • D’accord, je patiente, par contre vous n’avez rien à me dire?  
  • A propos de quoi?
  • De votre appartement! 
  • Lequel? 
  • Ah! Parce que vous en avez plusieurs? –
  • Oui, j’ai quitté celui dont j’ai trouvé la clef dans les affaires de maman, car j’avais peur.

Amélia se contente de cette réponse ne voulant pas trop lui en dire, car elle ignore tout de la raison de son appel et pourquoi il lui pose ce genre de questions. Par contre elle entend Pablo crier, il n’a pas l’air content, qui peut-être son interlocuteur ?

  • C’est Pablo que j’entends ?
  • Oui, mais je ne sais pas à qui il parle ? Son téléphone a sonné en même temps que le mien, tous les deux nous avions des appels masqués. Il m’en dira plus je pense si cela me concerne.
  • Oui, oui je le pense aussi, écoutez, vous avez un papier et un crayon, voici le numéro où il doit m’appeler, car si il doit vous donner des explications autant qu’il le fasse avant que je lui parle.

Les mots de l’inspecteur sont lourds de malentendu, de quoi veut-t-il entretenir son frère ? Enfin Pablo raccroche et il est dans une colère qu’elle ne lui a jamais vu, avec elle il est toujours égal à lui-même, calme, pondéré, jamais un mot de plus, là il est furieux.-

  • Que se passe-t-il ?-
  • C’est notre Grand-Père !-
  • Il me demande de rentrer de suite et de t’emmener avec moi-
  • Ah et c’est pour cette raison que tu t’es mis dans cet état, je veux bien partir avec toi, et je reviendrais en France, chercher les réponses à toutes mes questions.

Pablo va pour lui répondre, quand son téléphone sonne à nouveau. Il regarde le numéro et devient pale comme un mort, avec son teint cuivré cela prend des allures étranges, il se retient à son bureau, puis demande à Amélia de sortir, et s’assoit avant de répondre :

  • où es-tu ?
  • C’est comme cela que tu me parles, tu étais bien plus poli avant que je ne te quitte !
  • Tu te poses la question, mais tu rêves totalement, comment puis-je te faire confiance avec tout ce que je sais ? Où es-tu ?
  • Où je suis n’a pas d’importance, as-tu rencontré Amélia ?
  • Oui !
  • Et ?
  • Que veux-tu que je te dise que tu ne saches déjà ? Elle sait tout !
  • Tout, non je ne pense pas, c’est moi qui vous donnerais les dernières réponses, mais le moment n’est pas venu. A bientôt n’oublie pas que je t’aime et surtout méfiez-vous tous les deux, le danger rôde. Tout, non je ne pense pas, c’est moi qui vous donnerais les dernières réponses, mais le moment n’est pas venu. A bientôt n’oublie pas que je t’aime et surtout méfiez-vous tous les deux, le danger rôde.-
  • Et Amélia ? Mais ces mots se perdent, son interlocuteur a raccroché sans qu’il entende ce que ressent sa sœur…
  • Alors Pablo? Qui était-ce? –
  • Du travail en perspective,-
  • Ah j’avais plutôt l’impression que j’étais moi aussi concerné,-
  • Toi dis-moi qui tu avais j’essayerais de te dire qui j’ai eu au téléphone.-
  • C’était le frère de Cathy tu dois le rappeler !-
  • Ah, que me veut-t-il ?-
  • Il ne m’a rien dit ;-
  • Bon, je vais l’appeler, pendant ce temps va t’essuyer le visage, ton rimmel a coulé tu es barbouillé ;-
  • Non, je vais prendre une douche-
  • Très bonne idée !

Pendant que sa sœur se glisse dans la salle de bain Pablo appelle son ami, il est rassuré sa sœur ne lui a pas posé de questions, il aurait été bien en peine de lui dire qui il avait au téléphone. Dès les premiers mots il devient tout pâle et il jette des coups d’œil vers sa salle de bain, puis il s’éloigne vers la fenêtre et n’ose interrompre son ami.

  • Si je te téléphone pendant le pont du 14 juillet c’est que j’ai du nouveau, un individu s’est présenté au poste hier au soir et m’a demandé, ses mots étaient incohérents, il parlait de ta sœur et de son appartement et d’une autre fille qui était ma sœur Cathy, puis ne m’ayant pas eu il est repartis et depuis je n’ai aucune nouvelle. Alors nous nous sommes rendu dans l’appartement qu’occupais ta sœur sur les indications de ma sœur. Nous y avons trouvé un homme mort d’un coup de feu en pleine tête, du travail de pro je l’admets. Ma sœur et la tienne étaient dans l’appartement le jour ou cet individu a été assassiné, ma sœur me dit qu’elles ont juste nettoyés l’appartement et qu’elles sont parties chacune de leur côté, qu’elle ne voit pas ta sœur commettre un crime, mais qu’elle avait l’impression depuis quelques temps d’être suivis. Penses-tu qu’Amélia a un pistolet ?
  • Non !
  • T’inquiètes je te crois, mais alors qui et pourquoi ?
  • Qui? Je ne puis te le dire, mais cela a des ramifications avec notre mère, enfin je ne vois que ça! 
  • Pourquoi?
  • Je ne puis t’en dire plus, je ne voudrais pas que ma sœur nous écoute, mais je passerais te voir demain et je t’expliquerais.

Pendant ce temps Amélia qui se doutait de quelques choses c’était rapproché du lieu où son frère téléphonait mais elle n’avait pas vraiment compris ce qui se tramait. Au même instant son mobile recevait un sms ; mais comme elle se trouve en simple appareil, elle ne peut jeter un coup d’œil aussi fait-elle un repli stratégique pour s’habiller, auparavant, elle arrête la douche qui coulait pour rien et vérifie qu’elle soit pimpante. Puis d’un pas naturel se rend vers son sac à mains et y récupère son téléphone. C’est son amie Cathy !

« S’il te plait Amélia réponds moi, c’est grave et important ! »

« Que ce passe-t-il ? »

« Mon frère a découvert dans ton appartement un mort »

« Ton frère vient d’appeler mon frère, mais j’attends qu’il me donne la raison de son appel, il me soupçonne ? »

« J’en ai eu l’impression, mais je lui ai dit que lorsque tu voyais du sang au collège tu t’évanouissais »

« Oui, et même encore maintenant, cela m’arrive, je te laisse mon frère arrive, merci de m’avoir avertis », elle a juste le temps de remettre son téléphone dans la poche de son sac, que son frère revient, il semble préoccupé ;

  • Tu as eu de mauvaises nouvelles ?
  • Amélia on ne va pas jouer au chat et à la souris, dis-moi par le menu ce que tu as fait hier au soir en quittant ton appartement.

Après avoir écouté son récit il comprend qu’elle n’y est pour rien, mais alors qui était sur ses talons et pour quelle raison ?

  • Il s’est passé quelques choses de grave à ton appartement, aussi je pense que toi et Cathy avez été suivis car selon les premiers éléments c’est bien le jour où vous y étiez toutes les deux.
  • Suivis ou précédé ?
  • Tu as eu l’impression que l’on t’observait,
  • Non, mais je m’attends à tout. Mais qu’est-ce qui a tout déclenché, ma venue à Tours, la disparition de maman, ta venue ?
  • C’est un tout !
  • Toi, je commence à bien te connaître, tu me caches quelques choses.
  • Non, je suis préoccupé, c’est différent !
  • Préoccupé où cachottier ?

 

A suivre…

 

La vie d’à côté (suite 8 )

Le récit (suite)

 

  • J’en suis au stade de recherche, mais il y a dans le rapport de l’autopsie que mon père aurait eu une crise cardiaque mais que rien ne pouvait étayer sa mort. J’ai demandé au frère de Cathy de refaire des analyses à partir des pièces à conviction, j’attends sa réponse.
  • Qui avait décidé  d’une autopsie ?
  • Lorsque notre grand-père avait appris le drame qui touchait sa fille, il avait fait le nécessaire concernant mon père, y compris une autopsie. Puis il avait fait part à notre maman des résultats de l’enquête en masquant une partie de la vérité. Mais maman était trop en colère et n’avait jamais accepté cette version. Je suis né six mois après ce drame affreux, maman s’est tout d’abord bien occupée de moi, puis ces démons l’ont repris, elle se trouvait trop jeune pour être une veuve éplorée et elle a renoué des liens avec les frères Carré. Elle s’est mise à sortir, à faire la java et elle me laissait de plus en plus à ses parents pour mener sa vie comme elle avait coutume à le dire. Puis nos grands-parents ont dû accepter un poste en Autriche et tout naturellement maman m’a laissé partir.
  • Tu avais quel âge quand cela s’est produit ?
  • J’avais trois ans !
  • Quelle horreur, c’est le moment où les enfants ont besoin de leurs deux parents.
  • Finalement je m’en suis bien tiré car nos grands- parents m’ont élevé comme leur propre fils !
  • Nous avons un oncle ?
  • Non ! Il est mort en bas âge, mais leur affection ils l’ont reporté sur moi, je leur rappelais le frère de maman. Pour moi les années ont passé et vers 12 ans j’ai entendu les réponses de grand-mère à un homme mais je ne sais si c’était ton père où une autre personne, mais cela est certain c’était un homme, à l’époque ton frère avait 5 ans et toi 2 ans.
  • Il lui disait quoi cet homme ?
  • Je ne sais pas mais j’ai entendu les réponses de Grand-mère : « monsieur je n’ai pas pour habitude de recevoir des ordres d’un homme qui a fait souffrir ma fille et qui continue de le faire ». 
  • C’est pour ça que j’ai tendu l’oreille en entendant parler de ma maman.
  • Et ? C’est tout !
  • Non, elle a ajouté, mais si votre frère a disparu je ne vois pas pour quelle raison il serait venu chez nous, mon mari lui a demandé de subvenir aux besoins de notre fille mais cela s’arrête là. J’ignorais que votre frère avait eu deux enfants avec ma fille. Elle ne me les a pas déposés comme deux petits paquets. A ce moment-là j’ai dû faire du bruit car j’ai vu grand-mère se retourner, elle était si pale qu’elle m’a fait de la peine et je n’ai pas osé lui demander si moi aussi elle me considérait comme un paquet plus ou moins encombrant. Et, je n’ai plus jamais entendu parler de mon frère et ma sœur jusqu’à ces derniers temps.
  • Et de maman tu en as entendu parler avant le drame où nous l’avons tous les deux perdu.-
  • Oui, et c’est de cela que je veux t’entretenir, j’ai peur que tu le prennes fort mal, mais je préfère que tu sois au courant plutôt que tu l’apprennes par nos grands-parents.
  • Ah ! Et pourquoi je serais fâchée ?
  • Ce n’est pas habituel ce que je vais te dire. A la suite de la disparition de ton père, mort quant à lui de manière mystérieuse où tout au moins on le suppose. 
  • Comment ? On n’a pas retrouvé son corps ?
  • Si, mais personne n’a songé à faire une autopsie et on ne sait si c’est lui, compte tenu de cette drôle de famille, je viens à me poser des questions, et au vu de ce que m’en a dit le frère de Cathy je commence à avoir des suspicions.
  • Alors quand as-tu vu Maman ?
  • Elle voit dans les yeux de Pablo un moment de panique, que va-t-il lui dire ?
  • Tu sais le métier de Maman ?
  • Bien entendu, elle était hôtesse de l’air!
  • Ceci c’est la version qu’elle t’a donnée, comme celle qu’elle avait dit à ses propres parents. En fait elle était bien hôtesse mais pas comme tu le penses.
  • Ce qui veut dire ?

Pablo a un moment d’hésitation, comment sa sœur va apprendre une nouvelle pareille. Du reste il la sent dans le déni, jamais elle ne va pouvoir accepter ce qu’il va lui dire. Il lui faut choisir ces mots pour ne pas la heurter. Puis il se lance, mais dès qu’il prononce les mots il sait que sa sœur accuse le coup et du reste elle s’effondre en pleurs.

  • Non ! Ce n’est pas vrai tu mens, tu es un affabulateur, je ne te crois pas. Tu as fait le gentil depuis que tu es venu frapper à ma porte, si ça se trouve tu es de connivence avec la famille Carré.

 Brusquement elle se précipite dans la chambre de son frère. Cela fait déjà deux heures qu’elle y est, elle refuse d’en sortir, Pablo ne sait plus quoi faire, aurait-il dû demander à ses grands-parents de s’en occuper, il n’est plus sûr de rien. Soudain alors qu’il ne l’espérait plus, Amélia sort de la chambre, ses magnifiques yeux verts sont gonflés, elle a des traces de larmes sur son visage, et sans dire un mot elle se jette dans le bras de son frère. Il ne sait quoi faire, alors maladroitement il la serre contre lui, il la console comme une petite fille.

  • Dis-moi Pablo quand maman partait quinze jours, elle allait où.?
  • Chez moi !
  • Ah ! Pourquoi ne m’emmenait-elle pas ? 
  • De ça je ne puis te le dire car lorsque j’évoquais mon frère et ma sœur, elle me disait que grand-mère était une menteuse. Ce n’est que depuis sa disparition que j’ai fouillée dans ses papiers et retrouvé ta présence, même ta logeuse ne savait pas où tu étais, j’ai donc attendu le passage du facteur pour savoir où tu te trouvais et voilà pourquoi je suis là. J’ai remonté ta piste.
  • Si toi tu l’as fait, d’autres ont pu faire la même chose.
  • J’avais une avance sur ceux qui éventuellement te poursuivent car j’avais la boîte en bois que le notaire t’a remis.
  • C’est grâce à toi que je l’ai ?
  • Oui !
  • Mais alors notre mère n’est pas disparue dans cet avion ?
  • Pourquoi me dis-tu cela ?
  • Elle venait de me dire qu’elle avait changé de compagnie, et c’était celle dont l’avion a disparu, donc ou peut-elle être ? Retenue car elle a fait des choses inavouables ou a-t-elle vu quelques choses qu’elle n’aurait pas dû voir, ou bien elle a fait une mauvaise rencontre.
  • Si elle n’est pas morte elle ne nous a pas donné signe de vie, ni à toi, ni à moi. Ni à nos grands- parents ? Je n’avais pas pensé à cela.
  • Toi qui es inspecteur de police au Pérou tu vas pouvoir enquêter, je l’ai emmené à Roissy et de là elle s’est envolée pour la Malaisie, après je ne l’ai pas suivis dans l’avion, il faut repartir de l’aéroport.
  • Dans les aéroports on croise beaucoup de gens, aurait-elle fait une rencontre qui a changé le cours de sa vie ?

A suivre…

La vie d’à côté ( suite 7 )

De retour au laboratoire, une nuée de filles vient à sa rencontre, il faut dire que c’est l’heure de la pause, la contremaîtresse brille par son absence. C’est Louise qui passe à l’attaque la première.

  • Alors ils te voulaient quoi les flics ?
  • Rien de plus qu’ils vont vous demander, mais on m’a demandé d’être discrète, alors je ne dis rien, mais vous allez toutes être appelé à témoigner ou à dire ce que vous avez vu.
  • Pourquoi ont-ils commencé par toi ?
  • Parce que je suis la nouvelle et il leur semblait plus judicieux de m’interroger en premier.
  • Qui es-tu Myriam ?

Au moment où elle va répondre, la contremaîtresse dit :

  • Myriam Bompani
  • Je ne suis pas cette fille, le patron m’a dit exactement la même chose, qui est cette nana ?
  • C’est la fille du vieux, enfin il semblerait et elle a disparu après avoir essayé de rencontrer son père.

    Ce qu’entend Amélia lui fait froid dans le dos, elle a disparu en essayant de rencontrer son père, il va lui falloir redoubler de prudence et ne pas se jeter dans la gueule du loup. Elle qui pensait se faufiler dans la maison sur les hauteurs, elle sent qu’elle va y renoncer. Si elle se fait surprendre le vieux l’éliminera, mais bon il n’a plus d’argent puisque son laboratoire va être saisi. A moins que ce soit un subterfuge pour éviter de partager sa fortune. Elle l’a trouvé féroce, le regard fuyant ce matin quand il l’a fait appeler dans son bureau ; il lui semble que cet homme est faux. Est-il réellement son père ? Si c’est le cas elle n’a pas hérité de ses méchancetés, de ses faiblesses et de sa manière de conquérir les femmes, au vu de ce qu’a dit Louise il pratiquerait le droit de cuissage, du reste c’est certainement ainsi que sa mère ce soit fait piéger. Pour Amélia c’est tout de même invraisemblable que sa mère soit tombé par deux fois dans ses filets, à moins que plus jeunes elle ait été bien naïve, mais penser cela de sa mère la glace d’effroi. La maman qu’elle a connue était la plus intelligente des mamans, de cela elle en est certaine. Mais toutefois elle l’a trompée, puisqu’elle ne lui a jamais dit qu’elle avait deux frères. Mais ce soir Pablo va lui faire des révélations, elle espère en apprendre davantage sur leur maman.

    Il est midi quand les filles quittent les laboratoires Carrés elles sont toutes plus ou moins secoués par leur visite au poste de police, elles ne sont pas suspectées de quoi que  ce soit mais on leur a demandé de ne pas quitter leur domicile ce weekend. Pour certaines c’est une véritable poisse, y compris pour Amélia, elle avait programmé un weekend, aussi à la demande de son frère elle va se rendre chez lui afin qu’il lui raconte certaines choses dont elle n’a vraisemblablement jamais eu connaissance. Il est préférable qu’elle soit en sa compagnie devant ses révélations, car le choc risque d’être assez fort.

    Cela fait de longues heures qu’Amélia est prostrée dans sa propre chambre, elle n’a pas dit un mot depuis que Pablo lui a dit qui était réellement sa mère. La journée avait bien commencé, Amélia avait préparé le repas et ils avaient papoté jusqu’à ce que Pablo lui dise :

    • Amélia j’ai comme la sensation que tu fais tout pour reculer le moment où je vais t’apprendre ce que tu ignores sur notre maman.
    • Ah je ne m’en suis pas rendu compte, alors vas- y dis-moi ce secret.

 

LE RÉCIT

Pablo n’avait pas su quoi lui dire, car il s’agissait bien d’un secret dont Amélia n’avait jamais eu connaissance. Il lui avait dit que son récit serait long, qu’elle devait tout d’abord l’écouter, qu’il était en rien responsable de ce qui s’était passé, après elle pourrait poser toutes les questions qu’elle voudrait, et possible qu’elle n’est plus envie de rester en France après ce qu’il lui aurait dévoilé.

  • Comme tu le sais, je suis né 10 ans avant ta naissance, mon père se nommait Pablo, il était chargé de mission auprès du Consulat Péruvien en France, notre maman, fille de diplomate à l’époque en place au Pérou fréquentait les ambassades et les consulats.
  • Au cours d’une réception donnée à l’ambassade de France au Pérou, notre maman a fait la connaissance le même soir  de trois jeunes gens, le premier c’est mon père il se nommait Pablo, le second c’est ton père et l’autre c’est son frère.
  • – Mais mon père n’était pas patron de l’ entreprise carré ? 
  • Roland et Richard Carré faisaient des affaires au Pérou, et lorsque l’ambassade donnait des réceptions ils venaient.
  • Connais-tu le prénom de mon père?
  • Hélas, je n’ai que les initiales, et vu qu’ils ont la même lettre à leurs prénoms, mais je sais qu’ils étaient jumeaux et j’ai quelques doutes…
  • Et?-
  • Ne m’interromps pas, pour l’instant je te parle de notre mère.
  • Alors continue !
  • Donc à cette époque notre maman est comme les jeunes filles de son âge, insouciante, elle papillonne entre les trois jeunes garçons, puis commence à tisser des liens plus étroits avec un des frères Carré, et, un jour ce dernier assez éméché l’offre à son frère. Mon père intervient et laisse un des frères Carrés sur le sol. L’autre cherche à venger son frère et mon père ne doit son salut qu’à l’arrivée de son secrétaire particulier qui les sépare, mon père étant blessé, il est emmené à l’hôpital, mais l’affaire fit grand bruit auprès des diplomates. Les frères Carrés quittèrent le Pérou, et mon père repartit en France en compagnie de notre mère. Pendant deux ans ils filèrent le parfait amour, jusqu’à ce que nos grands -parents rentrent en France et mettent le holà à cette idylle naissante. Mais ce n’était pas connaître mon père et notre mère, ils ont continué à se voir, mais ils ignoraient qu’ils étaient sous surveillance, à la fois par notre grand-père et à la fois par le père Carré le vieux comme il était appelé à l’époque, mais attention je te parle du père du vieux.
  • Y a-t-il eu connivence entre nos grands-parents et le grand- père d’Olivier je ne suis pas arrivé à le savoir, depuis la disparition de Maman, grand-père est anéanti!-
  • Donc tes parents filaient le parfait amour? Alors que c’est-il passé?
  • Notre maman a su rapidement qu’elle était enceinte, à l’époque elle ne fréquentait que mon papa, ayant mis de la distance avec les frères Carrés. Aussi avec mon papa ils décidèrent de se marier en cachette. Ils devaient se retrouver dans une petite chapelle proche de Tours dans un tout petit village et, ils avaient célébré leur mariage civil au Consulat du Pérou en France l’avant-veille du mariage religieux. Mais le matin du mariage on a retrouvé mon père avec une plaie au crâne en bas des escaliers de la maison qu’il avait acheté pour que je puisse venir au monde le plus tranquillement possible.
  • On l’avait assassiné?

A suivre…

La vie d’à côté ( suite 6 )

  • La police te recherche ?
  • Moi !
  • Oui, à qui penses-tu que je parle ?
  • Et ? Elle me voulait quoi ?
  • Elle ne nous a rien dit, mais toi tu dois bien le savoir, depuis le début je te trouve une tête d’intrigante, déjà là tu reviens du bureau du vieux. C’était bien le coup du canapé ?
  • Ma pauvre Louise tu n’as pas changé !
  • Je ne te connais pas !
  • Tu as la mémoire courte, mais bon ce n’est pas le moment pour te dire qui je suis. Je vais aller voir si la contremaîtresse est au courant.
  • Au courant de quoi ?
  • Il semblerait que la police ait demandée où j’étais, tout le monde le savait, il suffisait de leur le dire et je ne serais pas là à vous parler.
  • Ils sont repartis, ils ont eu un appel !
  • Ah ! Que faut-il que je fasse ?
  • Rien !Mademoiselle nous sommes là, acceptez-vous de nous suivre au poste de police, nous avons quelques questions à vous poser.
  • Il n’y a aucun problème, je viens, je n’ai rien à cacher.

    Au poste de police on l’emmène dans une petite salle obscure, elle se demande pour quelles raisons elle a atterri là, quand soudain la porte s’ouvre et Pablo apparaît. Il passe en premier suivi du frère de Cathy jeune inspecteur, tous les deux semblent se connaître.-

  • Pablo qui est mon ami m’a expliqué qui tu es exactement, je ne comprends pas pourquoi tu ne m’as pas fait confiance. Cathy est-elle au courant du subterfuge que tu as employé pour arriver auprès de la Famille Carrée ?-

  • Non je ne lui ai rien dit, elle sait que je suis Amélia ainsi que Lisette, mais les autres filles que je connais au Labo ne le savent pas, surtout Louise, car je la connais c’est une langue de vipère. Je voulais avoir les mains libres pour comprendre la raison pour laquelle mon père m’avait séparé de mon frère. Pour l’instant je nage en eaux troubles, je ne sais plus qui est qui ? En plus ce matin celui que je considère comme mon père vient de m’asséner qu’il me prenait pour Myriam Bompani.
  • Myriam Bompani a disparu il y a six mois, sa mère est venue nous voir, comme elle est majeure nous n’avons pas fait de recherches, car nous avons pensé qu’il s’agissait d’une fugue, mais si le vieux vient d’en faire état, c’est certainement qu’il sait quelques choses. C’est bien notre veine, il va falloir que nous l’interrogions. C’est un coriace, déjà mon prédécesseur n’a jamais su ce qu’il était réellement arrivé à son frère il y a 23 ans-
  • Ah ! Il avait un frère, donc je ne suis pas certaine que ce soit lui mon père, car il y a 23 ans ma mère quittait Blois pour se réfugier à Lyon, puis elle est revenue lorsque j’avais six ans, mais je ne me souviens pas de la période où je résidais sur Lyon, je l’ai découvert dans ses papiers.-
  • Amélia, j’espère que tu ne comptes pas te servir du vieux pour assouvir une vengeance, voire lui demander une part d’héritage, car je peux d’ores et déjà te dire que les abattoirs Carrés sont sous le coup d’une mise en demeure, et la semaine prochaine il y a un liquidateur qui va venir, je pense que c’est la dernière semaine où des produits emballés sortent du laboratoire.-
  • Ils vont mettre la clef sous la porte,-
  • Certainement à moins qu’il y ait un repreneur
  • On en saura plus lundi prochain!
  • Je peux partir ?
  • Oui, vas-y, tu n’as qu’à dire que d’autres seront interrogés dans le cadre de ce mort retrouvé au laboratoire.
  • C’est ce que tu vas faire?
  • Oui!

Au moment où Amélia passe la porte, son frère lui emboîte le pas, il réitère sa demande de l’autre soir :

  • Amélia, je pense que tu devrais m’accompagner après le pont du 14 juillet,
  • T’accompagner au Pérou ?
  • Oui, tu n’as rien à faire ici.
  • Et Olivier ?
  • On ne sait même pas s’il est notre frère ou demi-frère ? De plus je me demande si c’est bien lui qui fait partie de notre famille.
  • Alors notre frère serait décédé ?
  • Non je pense qu’Olivier est bien le fils Carré, mais nous n’avons rien de commun avec lui.
  • Alors ce serait qui ?
  • Bertrand !
  • Il a dit que c’était son… Ah mon Dieu si Bertrand est notre frère cela veut dire que mon père est décédé.
  • Tant que tu n’as pas rencontré le vieux tu ne peux pas le savoir ;
  • la lettre a dû arriver ce matin, nous attendons les retombées et nous aviserons. Tu me fais confiance.
  • Oui petite sœur, mais ne sois pas intrépide, ne te fourvoie pas dans des problèmes.
  • Promis !

Lorsque Pablo quitte sa sœur, il est persuadé qu’elle va tenter quelques choses, pourvu qu’elle ne se mette pas en danger. Elle a l’air déterminé.

 

A suivre…

La vie d’à côté (suite 5)

Ce n’est qu’en fin d’après-midi qu’il se décide à se rendre au poste de police, il demande l’inspecteur chargé de l’affaire des « Abattoirs Carrés », ce dernier est absent, mais lorsqu’ on lui demande la raison pour laquelle il veut lui parler, il bredouille que c’est juste une intuition et il s’en va. Mais à l’autre bureau, Pablo a entendu ses propos, il trouve que Bertrand a un petit air hagard, et à ce moment-là il est certain que c’est bien lui son demi-frère car il a le même regard qu’Amélia tantôt,  mais alors cela change tout se dit-il en son for intérieur.

Pour Myriam le weekend se passe tranquillement, elle est allée se promener sur les bords de Loire en compagnie de Pablo, elle a pris pas mal de photos, elle les visionnera ce soir, c’est un métier passionnant que celui de photographe mais pour l’instant elle l’a mis en « stand-by », bientôt elle reprendra sa vie d’autrefois. Aura-t-elle des réponses à toutes ces questions, en ce beau dimanche elle ne le sait pas encore. Après un frugal repas, elle s’est couchée, mais son sommeil est fort agité, elle revoit le patriarche quand il est arrivé, il lui a semblé qu’il la regardait avec insistance, mais elle pense se tromper sinon cela voudrait dire qu’il sait qui elle est ! Alors qu’elle-même, elle l’ignore. Son grand frère qu’elle commence déjà à chérir lui dit de tout quitter sans un regard derrière ; qu’après tout sa famille  n’a pas une bonne réputation, mais Amélia est têtue elle veut savoir la raison pour laquelle les trois enfants ont été séparés.

. Quand son réveil sonne, elle a l’impression d’avoir des ennemis dans tous les recoins de son nouvel appartement ; mais elle sait que ce n’est qu’une impression. Il est tôt elle descend à tâtons les marches afin de ne pas réveiller les autres locataires. En bas elle rejoint rapidement sa petite voiture. Puis elle prend la direction des Abattoirs Carrés, « Carrés de porc » comme disent les filles. Il lui semble que ceux qu’elle considère comme sa famille ne sont pas aimé. Elle pointe à l’horloge murale, un système bien archaïque, mais au moins il a le mérite de montrer au patron qui est absent dès l’instant où il y porte les yeux dessus. Les filles ne font que papillonner, c’est un joyeux brouhaha. Mais surprise on leur demande de venir à la salle d’information car le vieux a une communication à leur faire. L’ensemble du personnel se retrouve à 5 h précise dans le grand hall d’entrée, Monsieur Roland est là entouré de son neveu et de son plus jeune fils. La communication est brève mais tous comprennent qu’une nouvelle ère commence en raison de l’absence du fils aîné. Voici en substance ce qu’il a déclaré à l’ensemble du personnel :

  • Messieurs, Mesdames, Mesdemoiselles, mon fils Gilbert à qui j’avais passé la main n’étant pas de retour et en l’état actuel des choses nous ignorons où il se trouve, je reprends à compter de ce jour la direction des abattoirs. Je vous demande de vous comporter d’une manière exemplaire car je ne vous ferais pas de cadeaux. Mon neveu Bertrand et mon fils Olivier me seconderont, le premier pour l’administratif, le second continuera ce qu’il faisait avant ces moments malheureux. Veuillez tous regagner vos postes de travail.

Au moment où Myriam et ses copines sont sur le point de quitter le hall d’entrée Monsieur Roland hurle :

  • mademoiselle Madord veuillez venir dans mon bureau immédiatement.

Tous se tournent vers Myriam et sont fort étonnés de la tournure de phrase et du jappement du « vieux ». Myriam est interloquée mais elle ne laisse rien paraître au niveau de ses collègues, elle emboîte le pas au chef suprême comme disent les tueurs. Il lui demande de rester debout car ce qu’il a à lui dire est fort court. De suite Myriam pense qu’il va la renvoyer, vu que c’est son fils disparu qui l’a embauché ; mais ce qu’il va lui dire va la laisser sans voix.

  • Je suppose que c’est votre intrigante de mère qui vous a envoyé travailler chez nous ! Qu’est-ce qu’elle me veut ? Que je vous donne votre part d’héritage alors que vous ne m’êtes rien, votre mère était une sale coureuse, et des hommes elle en a eu à la pelle.

    Le premier moment de stupeur passé, Myriam réagit assez rapidement, à nouveau elle raconte l’histoire qu’elle a montée de toutes pièces.

     

  • Ma mère m’a abandonné à ma naissance, j’ai été élevé par les sœurs de la Charité de Tours et je ne comprends pas ce qui vous motive à me dire ces choses insensées.
  • Vous n’êtes pas Myriam Bompani ?
  • Non pas du tout, vous m’avez appelé de mon nom il y a à peine cinq minutes, vraiment je ne comprends pas.
  • Bien entendu je l’ai lu sur la fiche que mon fils a faîtes mais je pensais que c’était le nom de famille de votre père. Car celle que je pensais être votre mère se nommait Bompani et sa « bâtarde » Myriam.
  • Mais pourquoi vous m’assimilez à cette femme, car à par le prénom je ne vois pas.

A ce moment-là, elle voit son interlocuteur se troubler, comme si il lui cachait quelques choses, elle trouve cela étrange, mais elle ne va pas lui demander des explications, elle préfère s’en aller.

  • Puis-je m’en aller travailler ?
  • Allez-y dégager !

Il ne s’excuse pas, au contraire il en rajoute, il aurait pu lui le dire d’une manière plus polie. Pourvu que cet homme ne soit pas son père, c’est un véritable goujat. Mais s’il la prend pour une autre femme, cela veut dire qu’il a eu plusieurs maîtresses. Elle ne veut pas faire partie de cette famille, ce sont des malotrus. Il va lui falloir faire le point et réfléchir si cela vaut le coup qu’elle reste, mais elle sait que la machine est lancée puisqu’elle a envoyé la lettre. Elle va travailler et n’en parler à personne y compris à la pause, elle va quitter la ville et même la France, mais auparavant elle doit écouter le récit que doit lui faire Pablo, lui au moins il ne cherche pas à l’influencer, il est calme et posé. Ce weekend il veut l’emmener dans un lieu qui va lui rappeler sa vie avec sa mère, il a des révélations à lui donner sur leur maman. Elle ne comprend pas comment il connaît les bords de la Loire, comme si lui aussi avait vécu en France. Elle doit encore attendre car il y a encore trois jours avant qu’ils partent en ballade tous les deux. Ils profiteront du grand weekend du 14 juillet pour aller jusqu’à  Nantes en descendant la Loire. Il lui faut arrêter de rêver, voire de se projeter dans le futur, elle a voulu travailler ici, elle doit s’appliquer, mais dès qu’elle arrive à sa place, elle voit que les filles sont en grands conciliabules. Mais qu’est-ce qui se passe ? Toutes les filles se tournent vers elle et Louise prend la parole :

  • La police te recherche !

A suivre…

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