Suite 4

Jules devient tout blanc, voire même livide, il comprend maintenant ce que sont venus faire les gendarmes, ils soupçonnent à nouveau son père. Mais il n’en fait pas cas devant son ami, et il le questionne au sujet d’Aubin ?

–       Et pour Aubin il en dit quoi ton père ?

–       Il dit que Petit Jean lit trop de contes à dormir debout, et il pense qu’Aubin a fugué.

–       Non ! Crie Jules, car j’ai oublié de dire à ton père que j’avais entendu crier Aubin quelques minutes auparavant.

–       Dépêche-toi d’aller lui le dire. Il veut classer l’affaire.

Jules regarde l’ombre du soleil qui va s’évanouir, il est obligé de rentrer, et, il demande à Paulo de le dire à son père, il acquiesce et accepte de lui dire. Ouf se dit Jules, un poids en moins.

–       A demain à l’école Paulo, bonne nuit !

Il coupe rapidement à travers champs et arrive à la porte de la cuisine, juste pour voir sa mère dans la cour qui lui fait les gros yeux.

–       Vite, dépêche-toi, il va se rendre compte que tu es ressorti, et je ne donne pas cher de tes fesses et de ton dos.

Jules fait le tour et rentre par la porte de l’appentis qui donne accès au couloir, mais au moment où il se baisse vers sa couche, son beau-père surgit brutalement de la cuisine le frappe brutalement au visage et l’envoie valdinguer contre le chambranle de la porte.

–       Fils d’assassin, d’où sors-tu ?

–       J’étais dans la grange

–       Menteur !

Il attrape sa badine de coudrier qui ne quitte guère sa ceinture et tout en le tenant d’une main lui assène deux coups sur le dos après lui avoir arraché sa chemise. Mais il ne va pas plus loin car le père de Paulo vient de faire son entrée. Il se saisi de la badine et frappe son beau-père du revers de sa main, il s’effondre. Il le laisse sur le sol  s’approche de Jules. Il examine son dos qui saigne déjà et il appelle sa mère qui lui prodigue les premiers soins. Elle étale un onguent sur le dos de son fils, tout en pleurant, ce qui fait dire au brigadier :

–       Dîtes moi, Madame Brun vous l’avez bien voulu votre mécréant d’amant, alors éviter de pleurnicher en ma présence. Si vous prenez peur du retour de Pierrot, chassez cet importun, où plutôt retournez dans votre ferme, et je veillerais sur vous. J’espère qu’il ne s’en est pas pris à vous, car avec votre môme dans le ventre, vous seriez bonne pour une hémorragie cette nuit, et je ne vois pas qui viendrait vous sauver. Vous faîtes fuir tout le monde en vous affichant avec cet individu.

–        Ce soir j’emmène Jules, nous aviserons pour les vacances ou je vais le mettre, ce soir il dormira avec Paulo, sa chambre est assez grande

Puis, se tournant vers Jules,  sans un regard pour son beau-père, il lui dit de préparer quelques vêtements et sa besace pour l’école. Il l’accompagne et voit avec effroi ou le gamin dort. Il se mord les lèvres et regrette d’avoir failli à la mémoire de son père, quand il était allé le voir en prison au début, il lui avait promis de veiller sur le petit. Mais, trop pris par son travail il l’avait délaissé ces dernières années. Et ce soir il touchait du doigt la vie horrible que son bourreau lui avait fait vivre. Pourtant le gamin, il le croisait parfois, il ne l’avait jamais entendu se plaindre, l’instituteur n’avait jamais fait état de coups que le gamin eu reçu. Possible que Jules ait caché son état à tous, y compris à ses copains. Depuis que son père était en prison, le gamin était appelé le fils de l’assassin et les commères du village en rajoutaient toujours, pas étonnant que sa mère se soit mis à la colle avec ce grand benêt de Maurice. 

La mère de Jules lui dit de quitter sa chemise et ce que découvre le brigadier est insupportable, le dos du gamin est strié de plaies rouges pour les dernières et de longues stries pâles pour les plus anciennes. Ce gamin est battu régulièrement cela se voit. Sans un regard pour son bourreau qu’il laisse au sol, il reviendra plus tard, il quitte rapidement la ferme. La mère de Jules les suit, elle se tord les mains et avant que son fils et le brigadier quittent la cour de la ferme, elle leur demande :

–       Monsieur le Brigadier, mon Jules est un brave petit, il reviendra me voir, mon bébé, ne va pas tarder à naître, avec lui à la maison je me sentais tranquille, mais là je vais être seule, je ne peux pas compter sur le père de l’enfant, il devient méchant, il se saoule de plus en plus.

La pauvre femme à court d’arguments se met à sangloter, Jules n’écoutant que son bon cœur se précipite vers sa mère et supplie le père de Paulo de le laisser avec sa maman.  Mais le brigadier est inflexible, pour cette nuit tu dors à la maison, nous verrons demain, allez Mère Petiot rentrez, et jetez un seau d’eau à votre amant, lui dit-il avec un rictus mauvais, la pauvre femme tourne les talons et ne lui demande plus rien. Elle s’essuie les larmes qui coulent sur ses joues, et entre dans la cuisine, elle trouve son concubin attablé en train de se servir de longues rasades de vin en éructant violemment. Ce qu’elle voit dans ses yeux l’effraie, il veut la posséder alors qu’elle est près de son terme, c’est certain il va encore la violenter. Elle doit s’éloigner le plus vite possible, possible qu’en lui mettant les somnifères dans son vin, cela lui évitera de subir les assauts de ce vieux porc. Comme elle regrette de s’être acoquiné avec lui après la mise en prison du père de Jules. Il l’avait ensorcelé, faut dire qu’elle était encore belle malgré ses trois grossesses, ses deux filles ainées étaient vite partis à la ville surtout qu’il avait essayé de les violer l’une après l’autre, et c’était grâce à Jules qu’elles y avaient échappé, le gamin n’avait pas vraiment compris la portée de l’acte de son beau-père. Il avait tous justes douze ans pour l’aînée, il avait pensé que son beau-père voulait la frapper sur la poitrine quand il avait entendu les cris de sa grande sœur. N’ayant que ses poings nus il avait réussis à faire fuir son beau-père, mais il l’avait payé chèrement par un bras cassé et dix coups de fouet. Puis récemment la cadette avait échappé de peu à la fougue de son beau-père toujours grâce à Jules, mais maintenant il savait ce que cherchait à faire son compagnon. Depuis c’était la guerre entre son fils et son amant. Tout e se souvenant de ses heures terribles, elle s’est rendue dans l’arrière cuisine pour préparer le verre de gnole dans lequel elle a glissé trois ou quatre somnifères, il ne devrait pas résister à ce breuvage. Elle gardait la bouteille pour célébrer l’arrivée du bébé, mais maintenant elle s’apercevait que c’était la plus mauvaise idée qui puisse exister que de l’avoir acheté. Brutalement elle sent les mains rudes et cagneuses de son amant se glisser sous sa jupe et remonter le long de ses jambes fuselées, il va la culbuter, vite, il lui faut se reprendre, car au départ il est toujours tendre et cela s’envenime depuis quelques temps. Il la repousse, et la bascule sur la table de la cuisine.

Au moment où il va ouvrir sa braguette, elle se relève et lui montre la bonne bouteille de marc, les yeux de son amant brille, il la laisse et s’approche de la bouteille et avise le verre, s’en saisi et boit d’un trait la rasade au barbiturique. La mère de Jules a le temps de se relever mais l’autre ne l’entend pas ainsi et il la rejoint d’un pas lourd, mais il veut prendre ce qu’il estime être à lui. A nouveau elle sent son souffle chaud, ses lèvres et sa bouche humide puant la gnôle et le vin, il l’embrasse à pleine bouche et, en titubant il la pousse sur la table vermoulue, il relève sa jupe, écarte rapidement ses cuisses et s’effondre. La pauvre femme a ce poids lourd à moitié sur elle, mais au moment où elle pense être arrivé à se défaire de ce mastodonte, la porte de la salle s’ouvre et elle voit son mari qui entre, et d’un regard avise la scène qui a faillis se dérouler. Elle devient rouge comme un coquelicot, c’est la honte!

Auteur : Eva Joe

Ma plume ne s'essouffle jamais, elle dessine des arabesques sur la page de mes nuits, elle se pare comme un soleil en defroissant le ciel. En la suivant vous croiserez tantôt Pierrot et Colombine dans mes poèmes ou Mathéo et son secret et bien d'autres personnages dans mes nouvelles et mes suspenses.

8 réflexions sur « Suite 4 »

  1. C’est au top cette histoire . Je déteste le beau père de ce pauvre Jules et j’espère bien qu’il ne fera pas de vieux os non mais !
    Bisous

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  2. Ah! Quand je parlais de Zola, mon intuition était bonne.
    La mauvais type que ce Maurice!
    Une scène terrible que tu décris très bien. Et bien sûr, l’arrivée du mari pour conclure et nous laisser en haleine
    excellent!

    Je viendrai demain pour la suite car il est tard et je dois filer
    Merci Evajoe
    A demain matin
    Gros bisous
    😉

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