Dormir, je n’ai qu’une envie c’est dormir, mais celui qui me secoue ne le voit pas comme moi. Quoique voir n’est pas le mot, l’ambulance est arrêtée. Où ? Je n’en sais rien et on essaye de me faire revenir à la réalité, je suis si bien que j’hésite à montrer que je suis réveillée.
Enfin il ne me secoue plus, me releve la tête, surtout je ne dois rien laisser paraître, il glisse autour de mon cou une chaînette et me sussure à l’oreille » en souvenir de nos bons moments passés ensemble ». Puis il me dépose un baiser sur les lèvres et dit :
Stop arrête toi !
La portière s’ouvre je sens une odeur de cigarette, c’est celle de Dimitri, et la voix de Gwen qui parle haut et c’est curieux il engueule son ami Dimitri. Tiens, tiens chacun son tour. Je vais me taire encore un peu pour savoir ce que ces deux-là ont à se reprocher. Pourtant la phrase de Gwen me trotte dans le cerveau. Je suppose que là s’arrête notre idylle.
J’entends leur conversation, elle n’est pas vraiment amicale.
A ton avis qui était le plus à même de lui filer un médicament toi son ex ou moi le médecin, qu’as tu à me dire ?
Que je connais très bien Edith, et que tu n’avais pas besoin de m’empêcher de lui donner ce produit à base de plantes.
Parlons-en de ta merde, passe moi le mot. De la valériane, tu l’as cultive dans ton studio parisien sur ta terrasse où les voitures polluent tout ce qui est à proximité.
Ce n’étais pas que de la valériane, il y avait du millepertuis, bien meilleur que cette drogue que tu lui as fait ingurgiter, regarde cela fait des heures qu’elle dort. Tu lui donnes un comprimé pour le mal de tête et tu m’avoue que c’est pour qu’elle dorme. Parfois je me demande si tu es l’homme intègre qui était sous les ordres d’Éric.
Même si Dimitri doute, là ça me réveille. Et je vais leur jouer la comédie de la belle endormie.
Ahhhhh je baille, je m’étire, je vois Dimitri et Gwen qui se précipitent vers moi.
Enfin ! Disent-ils en même temps
Et bien qu’y a-t-il ? J’ai bien dormi. Où sommes -nous ?
A Vincennes
Ah ! Ne devait-on pas aller à la gare du Nord ?
En fait nous n’avons pas besoin d’aller à la gare, c’est moi qui remplace celui que Marie vient d’emmener chez Clément. Je sais dans quel hôtel on descend, on va y aller de suite.
Et pourquoi sommes- nous à deux pas de mon appartement ?
Tu n’y es pas retourné ?
Tu veux dire depuis les évènements
Evidemment !
Explique-moi où j’étais ? Avec toi Gwen.
Depuis que je suis ton garde du corps, mais avant.
C’est du grand n’importe quoi les mecs, je fuyais Paris et vous imaginez que je serais revenu. Et comment ? Surtout pourquoi ?
Récupérez ce que ceux qui ont tués Madame Martin cherchaient.
Si seulement tu étais venu chez moi tu te serais aperçu que je n’avais strictement rien. Ni bibelots, ni livres. Rien.
Et ton fils n’avait pas de jouets ?
Ah les jouets sont des pièces à conviction, tu m’en diras tant. Remarque il avait des playmobil je pense que c’était un secret d’Etat.
L’éclat de rire de Dimitri met fin à l’interrogatoire de Gwen. Il a du le faire exprès pour me mettre la pression. Il en a pour son argent. Maintenant j’ai aussi deux mots à lui dire.
A mon tour, peux-tu me dire ce que c’est que ce médicament que tu m’as filé hier soir juste avant que nous partions. Et sous ses yeux ébahis je sors ce médicament rose qu’il m’avait donné.
Tu ne l’as pas pris ?
Non
Pourquoi tu te plaignais d’avoir mal à la tête.
Mal à la tête, j’en conviens, mais je n’avais nullement besoin de dormir. Qu’avais-tu à me cacher ?
Mais rien Edith
J’en doute et, justement je n’ai nullement envie d’aller me jeter dans la gueule du loup. Et sur ce… Salut Messieurs.
Je file à perdre haleine, il n’est pas question que j’aille voir ce type qui espère que son clone ( enfin pour moi Gwen) me saute. Je connais le quartier et je sais où je vais aller me réfugier.
Voilà j’ai semé deux as de la course, il y en a marre de ces mecs qui se prennent pour je ne sais qui. Je suis dans la cour du château de Vincennes. Ils peuvent arpenter les allées, cela fera bien longtemps que je serais loin.
D’abord je dois aller à l’hôpital des armées, mais je dois repasser par chez moi, récupérer mes papiers. Mon ex et mon nouveau mec , gloussement de ma part, ignorent que je suis toujours en service pour l’armée. Et qu’ils me doivent le respect ayant un grade plus haut qu’eux. Pour eux je suis caporal et cela me va très bien. Mais pour me rendre au chevet de mon Boss je dois m’habiller comme je le suis dans l’armée.
S’ils lisaient un peu plus le journal ils se seraient aperçu qu’il y avait non seulement l’annonce de cet Inconnu, mais aussi un entrefilet sur une banale affaire que nous avions mon Boss et moi définis ensemble au cas où le projet 50 tournait au fiasco.
Je me remémore l’unique message lu avant notre départ hier au soir :
« Tantine a pris son envol, son chat ne ronronne plus de plaisir. Viens me retrouver là où les soldats du roi croisaient le fer autrefois. »
Bien sûr que pour les non initiés cela ne veut rien dire. Tantine c’est moi, mon Boss c’est le chat. Son nom de famille c’est Chadau. Là où les soldats c’est l’hôpital où il se trouve en ce moment. C’est à l’Hôtel des Invalides. Devant l’esplanade autrefois on y croisait le fer. Munie de tous ses renseignements je dois attendre la nuit pour me glisser sans bruit dans mon appartement. L’incendie ayant été rapidement maitrisé. Les dégâts selon Dimitri sont peu important. La chambre quant à elle est intacte. C’est tout ce qui m’intéresse.
Je n’ai pas l’habitude de rien faire, je me serai bien rendue sur le lieu de mon travail, mais je dois attendre les ordres de mon Boss. J’en saurais plus dès demain matin. J’ai une pensée pour Gwen qui va être obligé d’aller à la rencontre des dingues, j’espère toutefois qu’ils ne lui feront pas de mal. J’ai passé d’excellents moments avec lui mais je ne l’aime pas. Mon cœur bat pour un autre. Mais pour l’instant seul le travail compte.
Les ordres sont clairs, rien ne doit filtrer, personne ne doit savoir que j’ai quitté le groupe. Et je ne dois pas me laisser surprendre ni par Gwen ni par qui que ce soit.
Je flâne dans les jardins, j’ai hyper chaud avec les vêtements que m’a fait enfiler Gwen. Pour passer inaperçue il m’a vêtu d’un jogging noir. Lorsque je me suis sauvée il y a maintenant plus de trois heures j’ai tout abandonné téléphone, argent, pièce d’identité. Tout. J’ai rien. J’ôte le haut du jogging et me retrouve en tee-shirt blanc. Ouf le soleil me brûlera moins. Je vais éviter de me mettre en short, je serais vite remarqué, le bas de jogging a au niveau des genoux une fermeture éclaire. Je pourrais l’ôter, mais je n’ai pas vraiment envie d’exposer aux rayons du soleil mes jambes blanches.
Il est midi trente je me décide à quitter les allees du parc du château, je me suis souvenue que Gwen a un moment donné m’a mis une chaîne autour du cou. On fait des joujoux très sophistiqués, je me demande si je n’ai pas une balise accrochée à mon cou. Il faut que j’en ai le cœur net. Je m’approche doucement de l’entrée principale et bingo il y a une escouade de gendarmes. C’est pour moi j’en suis certaine. Ce petit bijou que j’ai à mon cou marche que si je bouge. Le jeter dans une poubelle ne servirait à rien, par contre si j’arrive à l’accrocher ou a le déposer sur un passant, je pourrais observer ce qu’il se passerait.
Voilà que la chance me sourit, une fillette vient de tomber à vélo à mes pieds, je dégrafe ma chaîne et me penche vers la fillette. Son papa me remercie et j’en profite pour lui glisser dans la sacoche de son vélo ma chaîne. Après qu’il m’ait remercier je les laisse continuer leur promenade. Ils allaient rester au château jusqu’au retour de la maman qui visitait l’intérieur. J’avais devant moi environ trente minutes pour apprécier le spectacle. Une famille avec deux enfants cela n’irait pas loin. Puis le père se rappelera de moi. J’ai tout fait pour qu’il me remarque et ma description convaincra Gwen.
Après je devrais faire vite pour disparaître, mais je ne veux pas que cette famille soit embarqué, je me dois d’attendre. Sinon je me rendrais mais j’espère ne pas en arriver là. Je veux autant que Dimitri connaître celui qui trahis.
A suivre…