Cauchemars et sentence
As-tu assisté à son execution ?
-J’ai non seulement assisté à son execution mais j’y ai participé. J’ai pris le fusil que l’on me tendait. J’ai ôté le foulard noir sur les yeux de mon frère et je lui ai dit :
« -Si tu es un homme peux-tu me dire la raison pour laquelle tu m’en voulais tant et pourquoi as-tu reporté ta haine sur ma fille ? Il m’a regardé dans les yeux et m’a craché au visage en me disant je ne suis que ton demi-frère, et votre père ne m’aimait pas.
Alors je me suis aligné et lorsque j’ai entendu feu je lui ai visé sa sale tête.
Les premiers jours j’avais du remord, puis j’ai discuté avec mes camarades et j’ai pris sur moi. Enfin j’ai appris que ma balle était à blanc. Mais lui est mort en pensant que je le tuais. Mon remords s’est estompé.
J’ai revu Émilie ta cousine et je ne lui ai pas dit qu’un peloton de Résistants venaient de le mettre à mort.
Enfin il faut que vous sachiez et je m’en excuse auprès de toi Moshé, Sarah mon frère a denoncé des juifs. Donc il n’a eu que ce qu’il méritait.
Puis mon père s’est excusé auprès de nous tous, il a quitté la grande cuisine et est allé marché dans les vignes c’est ce que Félix nous a dit le lendemain matin.
Plus tard j’ai remarqué que mon père n’était pas parti avec Paul faire brûler des sarments. Il n’était pas avec eux. Il était assis sur le banc à l’extérieur sans son masque, il ne le quittait jamais. Sur ses genoux étaient assis mon petit Noël. Il n’avait pas peur, il babillait et mon père buvait ses paroles. Je ne les ai pas dérangé, si mon petit garçon n’hurlait pas c’est que le visage de mon père ne devait pas l’effrayer. Puis papa adorait Noël et il avait une façon de lui parler qui rendait notre fils très heureux.
Après avoir rejoint Pierre qui alignait des chiffres dans le bureau de son père, je ne savais pas comment aborder ce que je venais de voir.
– Que ce passe-t-il Magdeleine c’est ce que nous a raconté ton père hier qui te perturbe.
-Non, car je voulais me venger de mon oncle mais finalement je trouve que ma vengeance ne m’aurait pas guéri de la blessure qu’il m’a infligé. Maintenant qu’il est mort je peux continuer à vivre car il a envoyé des gens à la mort. Moi je suis vivante et heureuse.
-Alors qu’as-tu ?
-Papa a quitté son masque et il a Noël sur ses genoux.
-Ne t’inquiètes pas, ce n’est pas la première fois qu’il le quitte et qu’il y a Noël. La toute première fois j’étais avec lui et Noël lui a demandé :
– » Pépé qui t’as fait bobo »
-Et ton père le plus simplement du monde lui a expliqué. Je les avais laissé, tranquillisé, car notre enfant ne pleurait pas.
-Merci Pierre je me sens soulagée, jamais je n’aurais osé dire à Papa qu’il fallait qu’il garde son masque surtout qu’il doit transpirer là-dessous.
C’est un peu plus tard que loin de tous j’ai discuté en compagnie de Pierre avec mon père voulant savoir ce qu’il était arrivé à ma tante.
– Papa peux-tu nous dire ce qu’il est arrivé à Tante Jeanne ?
-Lorsque mon frère a été arrêté il a osé dire que c’était sa femme qui l’avait poussé dans les bras des allemands et qu’elle n’était pas la dernière à s’envoyer en l’air avec des Bosch. Mais comme personne en avait entendu parlé. Nul n’est venu l’arrêter. Voulant en avoir le cœur net je suis allé à notre maison familiale. La propriété avait été mis sans dessus dessous, les portraits de mes aïeux avaient été piétiné, saccagé, les meubles réduit en miettes. Les murs éventrés. Je ne savais pas qui avait fait ça. Jusqu’à ce que je croise la femme de chambre de ma belle-sœur qui tenait dans ces bras un bébé blond, environ l’âge de Noël. Elle me l’a tendu en me disant voici votre neveu il s’appelle Hans. Je n’en croyais ni mes yeux, ni mes oreilles, ma belle-sœur avait eu un enfant d’un allemand. Quel déshonneur !
-Il est où cet enfant papa, avec ma tante ?
-Ta tante est morte. Son amant l’a empoisonné ne voulant pas être pris par les partisans comme il les appelaient.
-Et son enfant ?
-Il l’a mis dans les bras de Martine, la femme de chambre de ma belle-sœur.
-Et toi tu en as fait quoi ? Ce n’est pas de sa faute.
-Non, ce n’est pas sa faute. Il est chez Germain avec sa nounou.
-Et son père ?
-Lui, je n’en sais rien… Il a disparu. Mort où il a rejoint son armée. E tt je ne veux rien savoir de lui.
-Martine ne sait pas qui a saccagé la métairie de tes parents ?
-Non elle se cachait avec sa fille et Hans. Elle a juste entendu crier, des bruits puis plus rien. Comme l’enfant avait faim elle est sortie et elle a découvert la maison sans dessus dessous. Elle a cherché du lait pour le petit et elle s’est réfugiée dans la cuisine, elle avait suffisamment de provisions pour soutenir un siège.
Après cette confession pénible, mon père s’est effondré sur la table. Encore un drame de plus. Cet enfant de l’âge de Noël qui n’a plus ni son père, ni sa mère comme c’est triste.
J’étais en pleur dans les bras de Pierre, mes larmes n’arrêtaient pas de couler. Ce bébé, car à deux ans on est encore un bébé même si le mien veut être un grand garçon, allait devenir l’enfant de personne. L’histoire recommençait.
A suivre…
La boucle est bouclée ou nous as-tu concocté une suite ?
Quand on parle de guerre on ne pense pas aux suites et pourtant…
Bisous EvaJoe
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Je peux la mettre
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Où est la suite ?
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Tu peux venir la lire. Elle est en ligne. Après si tu veux et si tu en as le temps pourras tu me faire une critique sur cette saga comme dit Zaza. D’avance merci.
Bonne soirée et bisous
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Je viens de terminer la lecture et je t’ai laissé un commentaire.
Si tu veux, on pourrait échanger un peu plus.
C’est un vrai roman avec pas mal de personnages qui se croisent et s’entrecroisent.
Tu as su donner des épisodes vrais de cette guerre. C’est ce qi fait qu’on peut facilement adhérer.
Comme je t’en avais fait la remarque il y a déjà longtemps, il faudra de la relecture à tous points de vue. Mais ça c’est le travail d’une personne en dehors.
J’ai toujours entendu mes parents dirent qu’ils avaient eu beaucoup de chance et moi avec et que, justement je devais leur porter chance ! Ils étaient recherchés, mais il y avait toujours une personne sur leur chemin pour leur dire : attention, ils sont là. Maman a fait beaucoup de trajets en vélo, en métro, en train et j’étais souvent là (toujours, je ne sais pas). J’en ai des souvenirs. Nous bougions beaucoup, moi y compris.
A la fin de la guerre, j’ai connu le rasage d’une femme sur le trottoir.
Allez, je ne t’en dis pas plus car je vais aller, par obligation mettre des gouttes dans mes yeux.
N’empêche, tu as remué beaucoup de choses en moi.
Parfois, j’ajoute des épisodes à cette période de mes souvenirs, mais je n’en ferai jamais un livre. Je peux les conter, mais les écrire … c’est une autre paire de manches !
Gros bisous
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Bien triste recommencement de l’histoire, en effet. Pauvre petit Hans !!!
Bisous♥
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Bonsoir Colette,
Oui mauvais démarrage dans la vie, mais entouré d’affection il pourra s’en sortir.
J’ai mis en ligne la fin.
Bisous et bon weekend.
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Merci Eva Joe, j’y verrai, en fin de soirée.
Bon matin de ce samedi pour toi et bon week-end tout entier,
Bisous♥
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Le ton n’a eu que ce qu’il méritait, mais pour l’enfant de la tante Jeanne, quel avenir pour lui ! Je file lire la suite.
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Triste réalité pour ces enfants.
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C’était vraiment un sale type ce frère! Il a bien mérité la sentence de mort. Il a causé bien du mal autour de lui. Et on découvre encore ce pauvre petit Hans qui va porter le lourd fardeau légué par sa mère.
Un roman mené de main de maître! Je lire découvrir la suite
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