à la Une

Clapotis d’une barque

Photos de l’arrière plan

Brisant l'éclat du soleil, la barque effleure l'eau
Elle rêve de voiles gonflant sous le vent
Afin de fuir la foule des estivants
Elle, toute petite n'a rien d'un vaisseau.

Abreuvé d'amour, il la caresse comme une femme
I fait corps avec celle à qui il a donné son âme.

Le chuchotis de l'eau clapote sur la barque
Encore un coup de rames, elle s'éloigne du rivage
Où dans son écrin de verdure, la voici vitrine en voyage
Pour enfin atteindre les rives ombragées d'un parc.

Un passé bien encombrant

De nos jours…

Marie est douée elle circule entre le flot de véhicules et nous arrivons sans encombres à Saint-Exupéry. Au terminal deux leur avion en provenance d’Orly est annoncé pour dix heures quinze, il est dix heures douze, bel exploit de ma femme. Nous avons trouvé une place pour se garer, nous avons récupérer un chariot pour les bagages et nous attendons nos petits enfants.

Marie m’a fait la leçon, Paul sera présent, il va même passer une nuit chez nous. Je dois bien me tenir sinon Marie dans l’intimité sera en colère. Elle me connait si bien, cela fait cinquante ans que nous sommes marié. Mais lui qui a emmené ma fille en Afrique et l’a laissé mourir je lui en veut à mort. Il aurait dû être plus vigilant, même si Marie me dit que ce n’est pas sa faute. Je lui en veut terriblement.

Enfin les voilà c’est Charlotte qui marche devant son père et Bastien est dans un fauteuil roulant, mon dieu, ils ne m’ont rien dit. J’espère qu’il va pouvoir marcher à nouveau cet enfant. Marie le tapote le bras, d’y a-t-il encore? Ah c’est la gamine qui me tend les bras, je la serre mais le coeur n’y est pas, tout est gâché, ce type me rappelle tant de mauvais souvenirs. Et cette gamine m’agace à réclamer un bisou. Je lui le fait comprendre en la repoussant. Elle semble interloqué et finalement elle se met à pleurer. Paul se précipite vers elle et la console. Le regard qu’il me jette laisse présager rien de bon.

Bastien se lève embrasse sa grand-mère et me tend la main, c’est horrible pour moi, ce gamin est aussi dédaigneux que son père, mais il me dit :

  • Comme tu viens de repousser Charlotte je suppose que tu préfères une bonne poignée de main à des embrassades. Bonjour Grand-père, tu n’as pas changé.
  • Bonjour

Que veut dire Bastien , je suis toujours ce vieux con ou je n’ai pas vieilli. Enfin nous verrons ça plus tard. Paul me salue du bout des lèvres, il semble furibond. Il cajole la petite et discute avec Marie. Voici leurs valises ils sont chargé comme des bourricots. Paul récupère un autre chariot à bagages et met tout son bazar dessus.

Marie pousse Bastien qui est encore faible, moi le chariot à bagages des enfants et Paul le sien. Nous apprenons qu’il a loué une voiture car il compte bien emmené les petits chez ses parents une semaine. Nous apprenons que même si nous en avons la garde il y a une clause qui veut que les enfants séjournent aussi chez ses parents. Il nous met devant le fait accompli. Mais ce sera une semaine pour les vacances de quinze jours et un mois pour les grandes vacances. Je vois les yeux de Marie aussi je ne dis mots.

Bastien et Charlotte sont monté dans la voiture de leur père, Marie va pouvoir me gronder. Je l’écouterais sans rien dire mais je n’en penserais rien comme elle. Le retour est glacial. Marie roule prudemment suivi de Paul. Aucun reproche, rien le silence est encore pire que sa colère. Quand elle va exploser il.y aura des étincelles.

A suivre….

Un passé bien encombrant.

La roche de Solutré pour vous mettre dans l’ambiance… Et ses vignes…

Il est à peine cinq heures, Marie est déjà levé, l’appel téléphonique d’hier au soir m’a fait passer une mauvaise nuit. La malédiction était encore sur nous. Le seul héritier en France de nos vignes avait fait une syncope. Mon petit Bastien était selon son père dans un sale état. Il est vrai que le chasseur d’images ne me portait pas dans son coeur, c’était réciproque. Il était bien capable de me culpabiliser. Mais avant de venir il était bien normal que leur père les avertisse de la disparition de leur mère. Il.les avait laissé dans l’ignorance, c’était déjà discutable mais sinon plus il.n’avait pas su choisir ses mots là c’était inconcevable. Marie m’avait dit de me taire tant ma colère était grande. Depuis que le médecin lui avait dit que je faisais de l’artithmie elle se faisait un sang d’encre et évitait que je me dispute ou que je prenne des coups de sang.

Enfin voilà que le jour succède à la nuit. Le soleil se lève doucement, peignant le ciel d’une palette de couleurs pastels. Assis sur mon lit je fixe l’horizon. Les premiers rayons du matin filtrent au travers des rideaux, éclairant la pièce d’une lueur chaleureuse. Pourtant malgré la lueur tranquille de l’aube mon esprit est tourmenté par un tourbillon de pensées sombres.

La syncope de son petit-fils avait secoué son monde d’une façon inattendue Les doutes s’insinuent dans mon esprit comme les ombres dans la lumière, me laissant perplexe et incertain pour l’avenir. Je me demandais comment tout cela s’était enrayé, j’entendais dans le calme du matin le tic-tac de la Comtoise, nul autre bruit, un silence de mort m’entourait.

Où avais-je pu commettre une erreur, et pourquoi tout avait changé si soudainement. Depuis la disparition brutale et horrible de mon père, tout était redevenu à la normale. Rien n’était venu endeuillé notre quiétude. Mais à ce moment-là je me demande si j’ai tout fait pour protéger mon petit-fils.

Marie me presse nous devons aller à Lyon récupérer nos petits enfants. J’ignore si elle a organisé une rencontre avec ce type, sûrement l’instigateur de la disparition de notre fille. Quelle idée d’aller en Afrique, il aurait pu faire des photos dans les Alpes surtout qu’il est originaire de Savoie. A cinq ans notre fille nous vantait les exploits de Bastien lorsqu’ils rejoignaient les parents de notre gendre. Le gamin n’avait pas froid aux yeux il suivait son Papy sur les pistes bleus au départ puis rouges. Son grand-père était un grand skieur, il avait eu son temps de gloire. Puis une sale blessure et adieu la compétition juste six mois avant Albertville. Pourquoi est-ce que je pense au fier comme Artaban ? C’est ainsi que je nommais Maurice, dieu qu’il était pédant ce type, tandis que sa femme, elle aussi une grande championne, était l’inverse, discrète,mignonne mais insignifiante, Charlotte devait tenir d’elle. Car sur les photos que nous recevions régulièrement je ne la trouvais pas très belle. Elle devait essayer de ressembler aux Africains car elle était plus noire que blanche. J’allais y remédier, elle n’allait pas nous faire honte cette sale gamine. Je ris de mon trait de génie. Noire et Sale tout est dit … Heureusement que Marie conduit car j’aurais lâché le volant pour me tenir les côtes.

A suivre…

Un passé bien encombrant.

Au cœur de ce drame qui ébranle la quiétude des vignobles, se cachent des vérités enfouies, des passions inavouées et des rivalités d’autrefois. Et tandis que le soleil se lève sur les coteaux dorés, il éclaire aussi les sombres mystères qui hantent les âmes de cette terre bénie par Bacchus révélant que même au pays du vin, le poison peut parfois couler dans les veines de ceux qui le cultivent.

Victor se souvient de ce passé qui a endeuillé plusieurs fois sa famille. Avant le notable il y avait eu son frère aîné, la veille de son mariage, retrouvé pendu à la poutre, de la maison où il allait vivre avec sa fiancée. Autour de son cou une grappe de raisin, dans sa main un sarment de vigne, il était attaché à son poignet. D’autres disparitions suivent cette folie meurtrière alimentant les rumeurs, les superstitions. Après le notable se fut le tour de son père. Le matin suivant la mort de leur bienfaiteur son père avait disparu, laissant une lettre où il s’accusait du meurtre. Ce n’était pas son écriture, son notaire avait été formel. Des mois durant on l’avait cherché. Sa mère avait engagé un détective. Ce dernier au fur et a mesure de son enquête découvre que les meurtres sont liés à un sombre partage de lots de vigne, des amours interdites et des rivalités entre famille de vignerons.

Ce n’est qu’un mois plus tard que son corps fut découvert dans une cuve abandonnée, mais les vendanges approchaient et celle-ci ferait bien l’affaire. En l’ouvrant l’odeur était si forte que le jeune Sébastien s’était évanoui. Il avait vomi tripe et boyaux. Pourtant le vieil ami de notre père appelé à la hâte avait fait ouvrir la trappe du fond et rapidement la cave avait senti la mort. L’alcool avait conservé le corps de notre père, car c’était lui qui était là. Mon jeune frère qui était parti en Australie est revenu pour l’enterrement. Il s’était brouillé avec notre père ne voulant pas s’occuper de la vigne. Je ne pensais pas qu’une fois là -bas il avait fait son trou et il avait emporté deux pieds de vigne, de notre vigne et depuis elle prospérait. Mais il ne pouvait pas l’appeler comme la nôtre, pourtant lorsque j’ai goûté son vin. C’était le nôtre. Même goût, même couleur, même robe. Il y avait une légère modification mais c’était à son avantage. C’est ce jour-là que nous avons scellé un pacte. Je lui enverrais des tonneaux et lui ferait de même. On les mélangeait et on verrait le résultat. Et c’est ainsi que trois mois plus tard naissait le petit et le grand Robinet de Solutré. On appliquait les mêmes traditions séculaires, notre réputation avait grandi. Cela durait depuis cinquante ans. A tous les deux le vin des Robinets étaient bu dans tous les palaces du monde entier. Aux tables des ministres. Des reines et rois. Mais bien entendu cela faisait des envieux.

Et alors que ma fille ainée épousait un chasseur de têtes comme je me plaisais à l’appeler, alors qu’il était photographe animalier, nous arrivait un joli petit garçon qu’ils appelèrent Bastien. Deux ans plus tard une fille, c’était un avorton, elle était née avec deux mois d’avance. En couveuse pendant quatre mois. Je ne me souvenais plus de son prénom, c’est ma femme qui vient de me le redire. Charlotte, une gamine insignifiante qui va arriver d’Afrique avec son père et mon cher petit-fils. Lui il reprendra ma propriété, j’en ferais le roi. Dommage qu’il ne porte pas mon nom. Mais les bouteilles de vin garderont le leur. C’est ainsi de père en fils chez les Robinets de Solutré.

Un passé bien encombrant

Soixante ans plus tôt…

Dans les vignes paisibles de Bourgogne, au coeur d’un matin brumeux, un silence troublant envahit les coteaux. Les travailleurs, habituellement affairés à tailler les vignes avec précision, sont figés par la découverte macabre : un homme, le front tailladé par une serpette, gît au milieu des rangées de cep. Personne n’a rien vu, aucun témoin pour éclaircir ce mystère glaçant.

Cet homme n’est autre qu’un notable respecté de la région connu pour son amour inébranlable du vin de qualité. La veille de ce jour maudit il était venu visiter les caves du Propriétaire récoltant Monsieur Robinet, nom qui avait toujours fait rire les jeunes du coin. Nom prédestiné pour vendre un des meilleurs vin appelé du nom de la montagne de Solutré. Ici on avait une réputation à faire pâlir tous les voisins de Monsieur Robinet. Son fils le jeune Victor allait reprendre le domaine grâce à l’argent du gars qui gisait dans les vignes. De mauvaises récoltes, le mildiou rien n’avait marché ces dernières années. Après quelques hésitations le père de Victor avait accepté l’argent de Monsieur Lachaise. Il avait reçu l’argent le jour précédent. Tout était en règle. Qui avait tué le notable fort estimé dans la Région?

Lorsque la nouvelle se répand, de partout c’est la consternation, on ne fait que louer ce brave homme. Son fils et sa fille sont plongé dans un abîme de chagrin, leur deuil assombri par l’incertitude qui plane sur cette mort atroce. Malgré les efforts de la police locale, l’enquête piétine. Les indices sont rares dans ce paysage bucolique, désormais entaché par un crime.

Tandis que la famille endeuillée tente de faire face à cette perte insoutenable, une atmosphère de suspicion s’installe parmi les habitants du village et c’est tout naturellement que l’on montre du doigt le « Vieux Robinet » propriétaire récoltant de son domaine. Chaque regard est chargé de méfiance, chaque murmure alimenté les rumeurs qui se propagent comme la vigne dans la terre fertile. Car derrière les sourires de façade et les gestes de réconfort, le mal rôde, tapi dans l’ombre des caves ancestrales et ses secrets bien gardés.

A suivre…

Un passé bien encombrant

Dans l’avion de notre retour en France, Papa nous raconte que notre Maman est partie pour toujours. Si Charlotte ne comprend pas, moi je capte rapidement que notre Maman est morte. Pourquoi Papa ne nous le dit qu’aujourd’hui. Est-ce par ce que nous allons vivre chez les parents de notre Maman? Je suis à côté du hublot, papa me montre le Mont-Blanc avec sa neige éternelle, je me souviens de nos parties de luge, avec mes deux parents, autrefois lorsque nous habitions dans le chalet de Papy Paul et Mamie Laurette, les parents de notre papa. Les grands faisaient du ski, je détestais ça. Mais pourquoi Papa ne nous parle jamais de ses parents.

C’est une main qui me secoue, j’ai dû m’endormir. Papa me passe un gros anorak sorti de je ne sais où. Charlotte a des moufles, un bonnet en laine, une écharpe sur sa bouche. Je dois m’habiller avec tous ces vêtements. Papa en fait autant. Nous descendons de l’Airbus. Nous marchons sous un vent glacial, nous empruntons un long tunnel vitré. Nous sommes à Charles de Gaulle. Il neige, il fait froid. Je déteste la France. Je voudrais tant rejoindre mes amis Joseph et sa sœur. Il me manque déjà.

Papa nous indique un banc où nous allons l’attendre il récupère nos valises. Il doit nous dire où nous allons. Je sens qu’il se passe quelque chose d’anormal, mais ce n’est pas tout de suite que je vais en saisir toutes la portée. Je vais recevoir les paroles de notre père comme un upercut en pleine figure. Je vais m’écrouler au sol au sens propre. Lorsqu’à nouveau je vais ouvrir les yeux il y aura une femme qui ressemble étrangement à la photo de ma Maman. Au fil des jours je vais apprendre que c’est sa petite sœur. Je ne sais pas où se trouve Papa ni Charlotte. Je suis à l’hôpital. J’ai fait une syncope. Anne la soeur de Maman me dit tu es tombé dans les pommes. Mais le docteur a dit que tu étais en bonne santé tu vas pouvoir rejoindre ta sœur chez Bon papa et Bonne Maman.

Mais qui sont ces gens ? Je ne comprends rien. Je somnole, j’entends les bribes d’une conversation. Je vais leur dire que j’entends tout. Soudain il prononce mon prénom.

  • Bastien a tout de même treize ans il est en âge de comprendre.
  • Tu as vu lorsque Paul lui a dit la vérité ce qu’il lui est arrivé.
  • C’est la fatigue du voyage, puis c’est bouleversant d’apprendre que son père ne peut plus s’occuper d’eux.
  • Crois-tu Maman que vous avez eu raison, Papa n’a jamais rien fait pour nous et là parce que Bastien est un garçon il a décidé pour lui ce que ma soeur et moi avons toujours refusé. Avec emphase et d’un ton qui ne demandait aucune réplique il a dit Bastien sera l’unique héritier de mon vignoble. Il n’y a rien à dire. Son père part loin de la France, je vais demander à Paul la garde exclusive de mes petits enfants. Crois-tu que Paul va se laisser faire.
  • Ton père préfère s’occupé des enfants de ta sœur, ton beau-frère a signé un papier, tant qu’il n’a pas de travail il s’en remet à ton père.
  • Je préfère Maman, car Bastien est très intelligent.

Il faut que je leur montre que je suis réveillé je ne veux plus rien entendre d’horrible.

A suivre…