Face au vent (9) La lettre

Déjà deux heures que nous sommes penchées sur la lettre de nos arrières- arrière grands parents, Sophie vient de s’allonger avec son smartphone à la main à même le plancher, et elle s’est endormie, tout comme moi elle aimerait savoir quels secrets elle contient, mais pour l’instant la lettre ne veut pas nous délivrer de secrets. L’écriture de son aïeule est fort belle, c’est une calligraphie avec des rondes et des majuscules là où il faut. La couleur de l’encre laisse entrapercevoir du violet qui au fil des ans a certes palie, mais elle en n’a pas moins de cachet. Les mots qu’elle emploie nous démontrent qu’elle aimait mon aïeul, quel est le drame qui se cache sous cette écriture, car la lettre commence ainsi.

Mon bien aimé Arthur,

 

Lorsque tes longues mains fines et belles  auront la joie d’ouvrir cette missive je serai bien loin, mon père en a décidé ainsi. Il estime que je n’ai pas le droit de dire un seul mot et que mon sort est lié à ceux qui avant moi ont fait leur devoir. Je serai sur le bateau qui m’emmènera vers la terre de France, sache mon bien aimé mon amour que je suis désespérée.

 Il m’aura marié de force à cet homme que tu détestes, qui à tes yeux a toujours fait le malheur de ta famille.  Son travail est à Sainte Luce, c’est là que désormais je serais. Je ne vivrais que dans l’espérance que tu puisses m’enlever, car te connaissant je sais que tu viendras. Mais auparavant il faut que je te confie un s …

A cet endroit précis l’encre a bavé et nous ne pouvons rien lire, même munie de la grosse loupe que j’ai acheté lors de la succession de Grand-Père, le père de ma mère.

Ce « s » veut dire pour nous un secret mais il est possible que nous nous trompions, aussi avant d’aller plus loin, Sophie et moi nous, nous sommes penchés sur tous les s qui pourraient avoir du sens pour la suite.

Nous n’avons rien trouvé d’autres, il est évident qu’elle a confié à mon trisaïeul un secret, mais quel est la teneur de ce secret. La lettre est courte je déchiffre plus que je ne lis la fin :

«  A toi pour toujours ton unique amour qui saura mettre à l’abri le «  là encore un blanc ou plutôt l’encre a coulé et a effacé en partie le mot.

Je suis penchée sur le courrier et le seul secret qui me vienne à l’esprit c’est que la trisaïeule de Sophie attendait un bébé. A cet époque c’était inconcevable, mais quand on aime je pense que l’on ne prend plus aucune précaution et se trouver enceinte à l’âge de 21 ans était à cette époque une ignominie, son père avait dû tout faire pour qu’elle soit soustraie à cette mauvaise vie, c’est ainsi que je le vois et je pense que mon père en a compris le sens avant qu’il ne me tende la lettre.

Lorsque Sophie sort de son sommeil je lui apprends mes conclusions, elle aussi y avait pensé mais elle ne savait pas si j’allais aller dans son sens. Il est plus de trois heures du matin lorsque j’ouvre mon ordinateur afin de me pencher sur la généalogie de la famille de Sophie.  C’est long et fastidieux mais nous sommes aidées par la lettre qui est datée de 1906 et ce que nous cherchons c’est une naissance d’un enfant fille ou garçon qui serait intervenu avant la naissance de l’arrière-grand-père de Sophie. Lui est né en 1907. Je recherche d’abord l’acte de naissance, je le trouve facilement cela m’aide car il est noté que c’est son père Emile Barraut qui est venu déclarer la naissance. Maintenant nous prenons notre mal en patience et nous cherchons les mariages dans l’année 1906. Enfin voici ce qui nous intéresse, là c’est bien écrit et donc facile à lire :

«  Le 1er juillet 1906 soit deux mois après son départ de Nouvelle Calédonie, Natacha François est devenue Natacha Barraut. Nous repartons dans les naissances de l’année 1906 et là c’est facile nous retrouvons rapidement la trace d’un enfant que Natacha François a déclaré par l’intermédiaire de…Et là nous n’en croyons pas nos yeux, c’est mon trisaïeul qui est venu déclarer la naissance d’un petit garçon prénommé Sacha. Je note la date de sa naissance 31 mai 1906. Je vois qu’il est noté en marge de l’acte dcd le 1er juin 1944 et entre parenthèse « Mort pour la France »

Il est trop tôt nous sommes fatiguées, possible que mon père sache quelques choses que son grand-père ai pu lui dire, nous attendrons que toute la famille soit réunie pour mettre à plat sur la table nos découvertes.

Nous sommes couchés et nous papotons en remarquant l’âge qu’avait Sacha en 1944, ce n’était pas un jeune il avait 57 ans.. Qu’a-t-il fait pour mourir pour la France, il n’est pas noté sur l’acte de décès le lieu où il est mort. Ce n’est pas à Sainte Luce, on aurait vu son nom sur le monument au mort. Il y a encore des choses qui nous échappent. Personne dans la famille n’a parlé d’héros de la dernière guerre. Tout cela est bien étrange. A aucun  endroit on a entendu parler d’un Sacha Langlois. Le grand-père de nos papas se nommait Yannis. Deux heures plus tard je me réveille en sursaut et je comprends à demi-mots qu’être déclaré comme son propre enfant ne me dit pas ce qu’il est devenu après. Même si c’est le petit garçon de Natacha, elle n’a pas pu le garder. Son nouveau mari Emile n’a pas dû vouloir avoir un fils qui n’était pas le sien, déjà cela devait être un affront de voir que sa femme avait fauté avec un autre et de surcroît ne pas être vierge au moment du mariage était la honte. Alors où a grandi Sacha ? Mais autres choses m’a semblé bizarre sur l’acte de naissance, mais pour l’instant je dois dormir. 

J’émerge de mon sommeil réparateur aux alentours de 10 h, Sophie n’est pas là, mais elle m’a laissée un mot, elle aussi a eu la même alerte et elle est retournée lire l’acte de naissance de Sacha, et là elle m’a souligné en rouge fluo l’acte qu’elle a imprimé. Enfant de sexe masculin né au 8ième mois de grossesse sur le bateau qui rentrait de Nouvelle Calédonie. Ah voilà c’était ce qu’il m’avait semblé lire cette nuit. C’est alors que me vient à l’esprit que mon trisaïeul avait réussis à rejoindre l’amour de sa vie. Mais alors pourquoi n’ont-ils pas vécu ensemble ? Il a dû se passer autres choses, ce n’est pas par la généalogie que je le saurai, il va falloir enquêter. En tous les cas l’homme qui rôde autour de nous peut être à la fois un parent de Sophie par sa mère mais aussi par son père, et forcément par le mien. La ressemblance avec Norbert pourrait s’expliquer, mais alors pourquoi il se cache ? Il devrait essayer de nous rencontrer, nous parler et nous en saurions davantage.  Cette malédiction qui a endeuillée nos deux familles est-ce qu’elle ne viendrait pas de la branche inconnue de nos familles. Voilà tout s’explique mais je suis certaine que c’est bien plus complexe que cela.

A suivre…

Auteur : Eva Joe

Ma plume ne s'essouffle jamais, elle dessine des arabesques sur la page de mes nuits, elle se pare comme un soleil en defroissant le ciel. En la suivant vous croiserez tantôt Pierrot et Colombine dans mes poèmes ou Mathéo et son secret et bien d'autres personnages dans mes nouvelles et mes suspenses.

8 réflexions sur « Face au vent (9) La lettre »

  1. Désolée, j’ai du mal à m’y retrouver car je suis partie quelques jours et je n’avais pas de connexion ! en plus, je repars cette fin de semaine dans la montagne.
    Bises et bon après-midi à toi.

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    1. J’en ai mis peu pour que vous puissiez comprendre, mais si toi ne comprends pas, aïe aïe…Que vont faire les autres?

      De toutes façons je parlais d’une lettre, c’est celle que tu vois l’essentiel est de savoir qu’il y a une personne qui est de leur famille à toutes les deux…Après..Tu verras….
      En vacance cela fait du bien de se déconnecter, profites en bien…Bisous

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  2. Oula on part dans la généalogie et là ça va pas être simple ni qu’elles trouve ni, qu’on comprenne….va falloir rester bigrement attentif alors que justement je pause quelque peu..ha tu veux me faire réfléchir mais avec ce beau soleil impossible les neurones suivent plus!!!!!!! Bisous je ferais mon possible

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  3. Je ne comprends pas comment tu arrives à 57 ans.
    Pour le reste, c’est vrai que c’est un peu difficile pour suivre mais on arrive à s’y retrouver. Peut-être faudra-t-il relire avant la suite, je verrai.
    Bisous EvaJoe.
    Il pleut. Nous avons eu de l’orage.

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    1. Oh lala cela fait quelques temps que je l’ai écrit et j’ai mal retranscrit…. Rire! Il a en effet 38 ans. Mes excuses…

      Là c’est le seul passage où je parle de généalogie après cela va reprendre son cours normal.

      Bisous toujours chaud chez moi

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  4. Bonsoir Evajoe,

    J’aime bien les histoires faisant référence à la généalogie, c’est plein de mystères, de secrets inavouables…
    Le suite promet d’être palpitante avec ce bonhomme qui les espionnent
    Gros bisous
    😉

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