L’attente

 Espérons qu’il n’est pas mort, sinon gare aux retombés, le cuisiner sans le tuer, en quelques sortes lui faire subir une ou deux tortures et il devrait parler. Après que le Chinois lui aura mis la main dessus, il ne devrait pas être en état de dire quoi que ce soit, chez lui, c’est du raffiné. En attendant, planque car cette bande de jeunes qui circulent dans l’entrepôt ne me dit rien qui vaille.

   Ce sont des potes au petit con de Paulo, si il a parlé, ils doivent se douter qu’il y a anguille sous roche, de toutes façons il va tomber, et se prendre des années de prison, et adieu le caïd !

Pierre entend un rire gras qui lui est familier mais pour l’instant aucun nom à mettre sur ce rire. Il bande ses muscles en attendant que l’autre homme se penche sur lui, et dès que ce sera fait il lui montrera qui fait la loi ici. Après il avisera pour l’autre, car si il le connaît l’effet de surprise devrait jouer en faveur de Pierre et non de l’inconnu dont le  rire lui dit quelques choses. Et, comme l’avait pressentis Pierre, son kidnappeur ne s’attendait pas  à voir Pierre lui faire une prise de judo, le voici au tapis et là, stupéfaction c’est un gros négociant du coin. L’autre git maintenant à ses pieds, Pierre ne s’embarrasse pas de principe, un bâillon, un coup sur la tête et il l’attache avec la cordelette trouvée à même le sol. La porte est entrouverte et il se glisse doucement de l’autre côté, tout d’abord s’orienté, mais avant il lui faut appeler, qui va pouvoir le croire, son patron en l’état actuel des choses c’est impossible il risque le renvoi et cela ne fera pas avancer l’enquête, Jeff, maintenant il hésite, il ne sait pas ce qui le retient. Il lui semble préférable qu’il croit que la planque c’est bien passée. Finalement en se dirigeant à l’opposé de la sortie où le deuxième homme planque et après avoir fermé la porte et emporté la clef, il décide d’appeler la police, ils se débrouilleront avec, et puis c’est de leur ressort. Mais que leur dire, pour l’instant il ne sait absolument rien, il va vraiment falloir trouver une raison pour innocenter ce môme, savoir qui commande et à quoi cela sert. Il pense que ces deux-là sont des comparses, il lui faut la tête. Et, pour cela il lui faut être certain que Jeff est bien de son côté. Il va donc attendre et voir comment les évènements vont tourner.

Tout en réfléchissant il se remémore leurs mots, qui peut bien être ce Chinois qui aime faire souffrir, il n’en connaît aucun qui gravite autour de son patron où de l’entreprise. Il faudrait en parler au frère de Paulo, mais en attendant il doit se planquer, on va sûrement le chercher et il va falloir aviser pour voir ce qui va se passer. Tiens mais sa carte de la ville va lui servir pour s’éloigner rapidement des entrepôts. Il lui faut rejoindre le vieux port et ensuite se perdre dans la foule, ne pas aller chez lui, mais sans sa carte bancaire il n’est rien, sans argent il ne peut pas prendre le train, sans parler du TGV. Rejoindre son frère serait le mieux, mais son bateau est –il à quai ?  Il en est là de sa réflexion lorsqu’il entend à nouveau ce bruit qui à la fois l’agace et à la fois lui fait peur. Il se glisse dans un couloir et attends, il passe si prêt de lui qu’il sent son aftershave, tiens c’est « azzaro ». Il lui faut noter cet indice supplémentaire, plus tard, il l’espère il fera le point et qui sait son frère  pourra l’aider. Mais Jeff, va-t-il le prévenir ? Tiens se dit-il en riant, il met ce parfum et, mais oui, c’est Jeff, c’est pour cela qu’il savait où il se planquait, ah le salop, il l’a bien eu, à jouer au gentil, et lui, il est tombé, tête baissée dans son piège.  Du reste la chaussure, c’est lui qui lui a mis ce petit morceau de fer, le même qu’il mettait aux sabots de ses chevaux, car Monsieur avait de belles bottes et une était percée, il préférait la garder, voilà pourquoi cela faisait un son métallique une fois sur deux, l’autre botte était en bon état.

Mais qu’est-ce que Jeff gagne dans ce trafic et qu’elle raison l’a poussée à le sacrifier, alors qu’il aurait pu se taire, mais bien sûr c’est Paulo qui a dû découvrir le pot aux roses et il la sacrifié en connaissant son passé. Vraiment il se sent mal, Jeff son copain d’enfance passé à l’ennemi, mais quel est donc cet ennemi et qu’est-ce qu’ils cherchent à cacher. Ce doit être du gros, car essayer de le supprimer en lui faisant subir  je ne sais quoi, mais pourquoi, Jeff sait bien qu’il n’est au courant de rien du tout, puisque c’est lui qui l’a poussé à se planquer. C’est à n’y rien comprendre et pour l’instant l’écheveau de laine est bien embrouillé, il va falloir mettre tout à plat et voir comment sortir de ce cauchemar. En attendant il est piégé dans cet entrepôt, et pour sortir il va falloir être plus malin qu’eux deux.

Déjà deux heures depuis qu’il a faussé compagnie à ses deux geôliers, il a pris un petit repas pour pouvoir attendre, mais il lui faut maintenant sortir de sa cachette et passer à leur barbe. Au loin il entend des rires, les jeunes doivent jouer où faire ce que tous les jeunes font dans ces entrepôts. Si c’était des comparses ils ne riraient pas et seraient silencieux, tant qu’à faire, autant diriger ses pas vers eux en étant attentif au bruit de la semelle ferrée de Jeff. En deux ou trois enjambées il se retrouve à hauteur des rires, c’est les copains de Paulo, il les connait bien, mais est-ce des amis ou des ennemis. Il en est là de sa réflexion lorsqu’il entend l’un d’entre eux s’adresser à Jeff.

–          Alors tu ne l’as pas retrouvé,

–          Non, j’ai bien peur qu’il me prenne pour son ennemi, il faut dire que je ne l’ai pas aidé et même je lui ai frappé sur la tête, mais il a bien dû voir que ce n’était pas si grave.

–          Es-tu certain qu’il t’a reconnu ?

–          Bien entendu, il m’a mis un morceau de fer sous ma botte et ce bruit s’entend très bien, on dirait que je claudique. Et, lui, c’est un doué, il reconnait n’importe quel bruit, on a souvent joué ensemble à ce petit jeu. Il m’a toujours battu à plate-couture.

Des sifflements se font entendre, ils sont admiratifs des prouesses de Pierre.  Pendant ce temps, Pierre, attend, il n’est pas certain que Jeff dise la vérité, il faut être prudent, ils vont tous s’en aller, il est fort tard, et les petits dealers vont prendre le relai, il a intérêt d’avoir filé avant , surtout qu’il a remarqué que leur éducateur était avec eux, ce qui veut dire que la version de Jeff serait la bonne, mais, alors pourquoi ce coup sur la tête, jouerait-il double jeu pour en savoir davantage. Au moment où Pierre sort de sa cachette, un coup de feu retentit et Jeff s’écroule.

 

Auteur : Eva Joe

Ma plume ne s'essouffle jamais, elle dessine des arabesques sur la page de mes nuits, elle se pare comme un soleil en defroissant le ciel. En la suivant vous croiserez tantôt Pierrot et Colombine dans mes poèmes ou Mathéo et son secret et bien d'autres personnages dans mes nouvelles et mes suspenses.

17 réflexions sur « L’attente »

    1. Sourire, chaque jour qui passe l’histoire avance, alors qui sait demain comme tu dis il y aura un retournement de situation où pire, rire!

      Je n’en dis pas plus , attends et tu verras.

      Belle fin de soirée et bisous

      J’aime

    1. Les armes celles qui appartiennent aux malfrats, j’aurais pu m’en passer mais bon je ne me complais pas dans l’horreur, c’est juste pour aller plus loin dans mon texte…Rire!

      Bisous en attendant que tu viennes me lire

      J’aime

  1. Bon, Pierre commence à y voir plus clair, mais il a raison de rester prudent, les choses sont sans doute très compliquées, le tableau est opaque … ce coup de feu annonce un rebondissement qui risque de chambouler les prémices de ses certitudes et de ses doutes !
    Comment va-t-il s’extirper de ce panier de crabes …
    Vite la suite Evajoe, c’est passionnant !
    Bisous, Plume .

    J’aime

    1. Déjà tu en connais la suite mais ce n’est pas tout à fait terminé, le panier de crabes, c’est moi qui doit m’en servir, rire!

      Bon je publierais ce soir…

      Bisous

      J’aime

Répondre à Plume Annuler la réponse.