Faits troublants (chapitre 6 ) Fin

Si cela s’ était arrêté là, cela n’aurait pas été si grave, car l’amour propre de France n’était pas à une remontrance, voire à une réflexion près, mais hélas quelques jours après le cours de volley, alors que France s’était retrouvée seule dans la chambre le matin pour faire son lit, Victoire s’était attardée elle aussi, sûrement pour en découdre avec son ennemie comme elle s’amusait à le dire.

France s’était rendue compte qu’elle traînait dans la douche, l’eau ne coulait pas, donc elle attendait, mais qu’allait-il se passer ? France pensait qu’elle devait rester sur le qui-vive car à chaque fois elle en avait fait les frais, et il n’était pas question qu’elle devienne son souffre-douleur. Certes elle était gentille mais pas au point de se laisser frapper sans répliquer ou tout au moins le signaler tout d’abord à Erika, puis si elle continuait à la directrice. Mais elle n’en n’était pas encore là, elle se faisait juste la réflexion, lorsque Victoire surgit devant elle. Son sourire était sardonique, on aurait dit un félin prêt à bondir sur sa proie. France marqua un temps de recul, puis se ressaisissant elle fit celle qui n’avait pas peur. Mais l’autre à l’affut de tout, s’est bien vite rendue compte que France était au bord de la panique, aussi en profita-t-elle pour s’approcher d’elle. Au moment où elle allait l’apostropher, Erika était rentrée dans la chambre, fort étonnée de les voir toutes les deux face à face.

–       Que faites- vous là ? Vous n’avez pas entendu la cloche, c’est l’heure du petit déjeuner, ne vous faites pas trop attendre, vous savez que la directrice n’aime pas les manquements à la bonne marche de son établissement.

Avant que France ne lui réponde, Victoire avait pris les devants en murmurant

–       Je dois faire une commission à France.

Etonnée, France dès qu’Erika eut franchi la porte interrogea Victoire.

–       Qu’as-tu à me dire ?

–       Je connais le prénom de ton père

Pour France, à ce moment de sa vie où son père lui manquait terriblement, en entendre parler c’était comme si on lui annonçait la plus mauvaise des nouvelles. Aussi d’un haussement d’épaules, elle sortit de la chambre pour ne pas en entendre davantage, et dévala rapidement les escaliers, tout en se disant :

« Cette fille se paye ma tête, elle ne peut pas connaître son prénom, ici je n’ai aucun papier, et tout ce qui me concerne est dans un des tiroirs du bureau de la directrice, comme pour l’ensemble des élèves. Donc elle va me balancer n’importe quels prénoms pour voir si elle fait mouche. Décidément rien ne l’arrête tout est prétexte à se faire remarquer, si elle essaye de gagner ma confiance ce n’est pas ainsi qu’elle doit faire. »

Dès que France franchit la porte de la salle à manger où l’on entend un joyeux brouhaha, elle voit Léa qui lui fait signe, elle se dépêche de la rejoindre sans faire le moindre bruit pour éviter la réprimande car tout le monde est en train de déjeuner.

Victoire les rejoint toutes les deux car, à l’évidence pour elle rien n’est terminé, elle se doit d’asséner à France le prénom de son père. Du reste elle ne doit pas traîner si elle veut que France lui accorde un peu d’attention.

–       Ton père se prénomme François.

Pour France c’est comme si dans ce joli matin il y avait eu un grand coup de tonnerre et que la pièce où elle se trouvait avait été envahie de noirceur. Plus aucun son ne sort de sa bouche, et elle ne peut même pas lui demander comment elle le sait. L’autre ne demande pas son reste, elle s’en va à une autre table pour éviter d’être bombardée de questions et remet à plus tard les explications qui lui seront demandées.

Léa qui savait comment le père de France se prénommait est elle aussi abasourdie, elle pense que Victoire est allée comme à son habitude fouiner dans les papiers de la directrice, mais à l’évidence cela est impossible car le bureau est en l’absence de la directrice tout le temps fermé à clefs. Donc elle a su, mais de quelle manière et par quelle indiscrétion et surtout que peut-elle en faire et en quoi cela la regarde ? Ni France, ni Léa ne comprennent. France se sent dépassée et de nombreuses questions lui viennent aux lèvres. Qui est cette Victoire qui est née un an avant elle et le même jour ? Elle a beau chercher elle ne la connait pas, elle sait son nom car les professeurs les appellent par leur nom de famille. Victoire Gerry, cela ne fait même pas français. Elle sait aussi que cette fille ne vit qu’avec sa mère, mais c’est tout ce que la demoiselle a dit. Quant à son père, elle est restée fort évasive à son sujet, et du reste cela n’intéressait nullement France et les copines de leur chambre, Victoire n’en n’a pas plus dit ce jour-là.

France dans les jours qui suivirent en avait reparlé avec sa meilleure amie, elles avaient toutes les deux l’impression que perpétuellement Victoire jouait un rôle. Pour quelle raison ? A quoi cela lui servait-elle ? Léa avait même émis qu’elle pensait qu’elle était téléguidée par un adulte, mais qui ? Avec l’accord de France, elle s’était rapprochée d’elle et faisait celle qui allait devenir son amie, mais Victoire n’était pas dupe et elle ne se livrait qu’au compte-goutte, de plus elle jouait un jeu dangereux, jusqu’à ce que Léa, fine mouche, y mit rapidement le holà. Elle avait essayé de la faire brouiller avec France. En conclusion les deux amies la trouvaient non seulement machiavélique, mais fourbe, méchante, cherchant toujours à faire punir qui que ce soit. Cette fille est aigrie en avait conclu Léa. Son éducation était à revoir, elle parlait vulgairement, même si parfois elle employait des mots qui avaient une résonnance étrange. Elle passait les trois-quarts de son temps les mercredis après-midi en punition, elle avait autant de colles que France et Léa à elles deux avaient de bonnes notes. Elle avait même réussi, pas plus tard que le matin de la découverte du prénom du père de France, à  faire infliger à l’ensemble de la classe une punition collective. Elle avait lancé sur la tête du professeur d’anglais, où elle excellait, une pomme prise dans la corbeille du petit déjeuner. Cette dernière un peu flétrie s’était écrasée sur la veste de Madame Smith, une écossaise fort sympathique. Quand elle avait reçu la pomme, elle s’était retournée, en demandant à la fautive de se dénoncer, personne n’aurait accusé Victoire, mais cette dernière ne l’avait pas mieux fait. D’où la punition collective à faire signer par les parents et la directrice. Ceux qui ne rentraient pas chez eux ne la faisaient signer que par la directrice. Avec les parents il est toujours possible de s’expliquer mais avec la directrice, ce n’était même pas la peine d’émettre une opinion. Sinon la sentence serait doublée. Les méchancetés s’accumulant, bientôt elle allait avoir la classe entière qui lui en voudrait. Soit elle le voulait, soit elle ne s’en rendait pas compte, mais elle n’était pas si naïve que ça, elle le faisait donc dans un but. Mais à ce jour le reste de la classe ne l’avait pas découvert.

Quelques jours plus tard, Léa au moment de se lever c’était sentie fort mal, et Erika avant d’appeler l’infirmière lui avait conseillé de garder le lit. Quant aux autres elles avaient fui la malade, seule France était restée un instant avec son amie.

–       Je reviendrai plus tard, en attendant lui dit-elle ne te découvre pas.

Devant tant de sollicitude, Léa avait fondu en larmes et France n’écoutant que son bon cœur l’avait prise dans ses bras et mis un gros bisou sur sa joue, en lui disant 

–       Tout à l’heure je m’occuperai de toi comme si c’était ton papa.

A travers ses larmes, Léa lui avait souri, mais elle avait assez de fièvre pour se rendormir rapidement. C’est dans la matinée que les premiers frissons ont envahi le corps de France et rapidement un violent mal de tête s’est emparé d’elle. La prof de français lui a posé quelques questions en voyant son manque d’assiduité en cours, et lui a dit de rejoindre l’infirmerie. Victoire a proposé de l’accompagner ce qui du reste était la consigne lorsque l’une d’entre elles se rendait à l’infirmerie. France descendait péniblement les marches tant sa vue se brouillait, soudain alors qu’elle précédait Victoire, elle reçut une grande claque dans le dos qui lui fit perdre l’équilibre et la projeta contre le mur et comme elle descendait elle ne put se retenir et bascula quelques marches plus bas. Victoire la rejoignit rapidement, nullement affolée, au contraire elle la regardait avec un sourire cruel aux lèvres et elle lui asséna quelques méchancetés du style :

 –   Pauvre idiote tu n’es même pas capable de tenir sur tes jambes, alors tu devrais appeler papa François et il viendrait tel un chevalier sauver son bébé. Mais hélas ton cher papa ne peut rien faire, de toute façon tu n’es qu’une sainte nitouche, tu vas encore pleurer pour rien comme à ton habitude et te faire chouchouter. Mais, elle lui ajouta,

–  Ta  Léa est malade elle ne viendra pas à ta rescousse, tu es donc à ma merci et il va falloir m’obéir. Dépêche-toi de te lever, et tu n’as pas besoin d’aller à l’infirmerie tu n’es pas malade, ce ne sont que des simagrées pour que l’on t’envoie rejoindre ta copine.

En lui disant cela elle lui mettait des coups dans le dos. France est à la fois choquée par les propos de Victoire et à la fois elle souffre car elle est malencontreusement tombée sur sa main et elle sent une vive douleur, du reste en haut du poignet c’est déjà bleu et brillant. Si cette folle ne l’aidait pas, jamais France n’allait pouvoir se relever. Malgré les multiples douleurs qui enserrent à la fois  ses tempes et son poignet, elle peut jeter un œil sur sa montre, elle sait qu’il faut qu’elle tienne au moins une ou deux minutes car l’intercours va bientôt sonner et là, il va y avoir une ruée de jeunes filles qui vont descendre quatre à quatre les marches, au moins pour un temps elle sera sauvée. Pendant que France réfléchissait quelle ne fut pas sa stupeur de voir Victoire tourner les talons et la laisser à son triste sort. France se mit à se traîner vers la rampe, elle se hissa tant bien que mal et put petit à petit reprendre sa descente  et rejoindre l’infirmière qui, prévenue par sa professeur trouvait étrange qu’elle ne soit pas encore là.  Etonnée de la voir dans ce piteux état, France ne put que lui dire que son mal de crâne ayant empiré alors qu’elle amorçait la descente, sa vue s’était brouillée et elle avait raté une marche, elle  était tombée sur sa main, et elle sentait une sourde douleur lui envahir tout le bras. L’infirmière s’étonnait de l’absence de l’élève qui devait l’accompagner, mais France fit celle qui n’avait pas compris et ne dit mot sur ce qui s’était réellement passé. Elle avait une forte fièvre et en plus elle s’était cassé le poignet. Elle qui pratiquait le cheval et le ski ne s’était jamais rien cassé, alors là, elle se sentait diminuée. Pourtant, elle n’y était pour rien, mais elle ne pouvait le dire, enfin c’était ce qu’elle pensait. Dès que Léa fut mise au courant, elle lui dit qu’elle avait eu tort. De toute façon, Victoria ne sortit pas victorieuse de cet incident, elle fut punie pour avoir omis de signaler l’accident de France et pour s’être enfuie en la laissant seule au sol. France, assez mal en point, ce mercredi avait préféré garder le lit avec un bon livre plutôt que de se rendre en salle de cours où elle aurait retrouvé Victoire punie qui faisait son pensum. Quant aux autres sixièmes, elles s’étaient rendues à la patinoire, ce dont avait rêvé France et Léa, mais ce serait partie remise, il y aurait bien d’autres sorties tout aussi intéressantes.

C’est à la suite de l’accident de France que l’ensemble des copines qui se trouvaient sous la direction d’Erika avaient décidé de punir une fois pour toute cette vermine. Mais elles ont dû attendre une quinzaine de jours pour mettre leurs plans à exécution.

En effet ce mercredi, Laure une de leurs amies s’en allait. L’occasion était trop belle, c’était le meilleur moment pour agir. De cette manière, si cela se retournait contre-elle, Laure porterait la faute, elle était d’accord, mais elle ne serait pas punie puisqu’elle quittait le soir même l’internat et qu’elle n’y reviendrait plus jamais.

Auteur : Eva Joe

Ma plume ne s'essouffle jamais, elle dessine des arabesques sur la page de mes nuits, elle se pare comme un soleil en defroissant le ciel. En la suivant vous croiserez tantôt Pierrot et Colombine dans mes poèmes ou Mathéo et son secret et bien d'autres personnages dans mes nouvelles et mes suspenses.

13 réflexions sur « Faits troublants (chapitre 6 ) Fin »

  1. Tu marque fin mais il me semble pas que c’est la fin l’histoire n’est pas finie, sont-elles soeur? peut-être bien et Victoire est jalouse sans doute………..Bisessssss

    J’aime

    1. Bonjour Renée,

      Lorsque j’ai relu le titre du chapitre, j’ai bien pensé que vous alliez penser que c’était la fin, mais rien ne le dit à la fin de ce texte, c’est seulement la fin du 6; ensuite il y a d’autres chapitres…

      J’aime bien ta réflexion, je la trouve pertinente, mais si c’est vrai il va encore falloir savoir pourquoi…Le texte est entièrement écrit , je ne le change pas, tu verras plus tard si tu avais raison ou tort..Rire!

      Merci de lire et de commenter mon roman..

      Bises d’un après-midi ensoleillé

      J’aime

  2. Comme Renée, je me suis étonnée du mot « fin » mais j’ai lu ta réponse.
    Pour moi, elles ont peut-être le même papa, et c’est pour cela que Victoire connaîtrait le prénom de François ?
    A bientôt pour la suite et bisous.

    J’aime

    1. Rire, bonjour ma détective privée…Rire!!

      Forcément plus on avance dans le roman plus les choses se découvrent et plus vous aurez des idées, mais….Allez savoir ma belle dame…Comme les enfants je dirais que Renée et toi vous chauffez….Hi hi.

      J’espère que tu vas bien et que ton intervention s’est bien déroulée.

      Belle fin de journée et bisous

      J’aime

  3. Ah ! EvaJoe, j’ai aussi pensé que c’était la fin … tu me vois heureuse de cette continuité, alors ! L’idée que j’ai eu, c’est peut-être que la père de France a rejoint la mère de Victoire, mais … j’attendrai la suite, hein !
    Bonne fin de ce jour !
    Bisous♥

    J’aime

  4. Ok je viens de lire aussi le mot fin et suis aussi étonnée . J’ai une petite idée pour la vermine mais je la laisse murir ….
    Bonne journée
    Bises

    J’aime

  5. Coucou,
    Je suis en retard mais j’arrive au galop. Je pensais que c’était terminé mais je suis contente de voir qu’il y a une suite qui arrive.
    Dis donc quelle petite peste cette Victoire. Elle mérite bien qu’on s’occupe d’elle aussi non mais.
    Gros bisous

    J’aime

  6. Navrée d’être en retard Evajoe,

    De gros soucis d’ordi. J’ai passé la semaine dernière à tout déplacer vers le disque dur externe Et à trier en même temps. Ce fût très long
    Lundi le nouveau disque est arrivé. Mon mari a tout débranché et remets tout sur pied petit à petit. Ce matin , j’ai de nouveau internet et l’en profite pour venir te faire un petit coucou. Ce soir, j’espère avoir de nouveau accès à ma messagerie.

    Quelle chouette histoire! On se prend à retenir son souffle. Les faits s se succèdent à vive allure. Cette Victoire est le mouton noir. Il en faut un pour le succès de l’intrigue.
    Pas le temps de lire la suite. ce sera pour plus tard.
    Je me régale
    Merci Evajoe
    Bises
    😉

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :