Après cette montée qui me cassait les jambes je m’étais arrêté sur la petite esplanade puis avait marché jusqu’au belvédère de la Cendrée à 5 minutes. La vue était grandiose sur la Suisse et la France. Je m’étais attardé et finalement j’avais décidé de chercher un lieu pour dormir, j’étais à plus de 800 mètres d’altitude, certes pas très haut mais en septembre les nuits sont froides, je regrettais d’avoir laissé ma toile à Maud. Je me suis enveloppé dans mon duvet, mis mon sac à dos à l’intérieur et j’ai dormi, quand je me suis réveillé de suite je me suis rendu compte que je n’étais plus sur la montagne, je me trouvais dans une pièce exiguë, genre cellule. Je n’ai pas le souvenir de quoi que ce soit, qui m’a transporté là ? Et pour quelles raisons ?
J’ai l’impression de me retrouver en Afghanistan, là où mes pas de jeune assoiffé de sensations fortes m’avait conduit lors de ma formation commando. Après mes frasques de gamin indiscipliné, mon père m’avait poussé à m’engager dans l’armée, il connaissait un capitaine, il m’avait chaleureusement recommandé, comme je m’étais retrouvé dans une unité pour tête brulée, rapidement j’avais dépassé les espérances de mes chefs et retrouver en première ligne, ils m’avaient poussés à essayer de prendre une voie qui, je le reconnais m’avait permis de vivre des moments incroyables même si certains m’avaient laissé un goût amer dans la bouche. Mais ce qui me conduit à cette réflexion est le fait de me retrouver enfermer dans une pièce inconfortable, certes couché dans mon duvet mais à même le sol. Lorsque l’on est seul et dans le noir on fait marcher ces sens.
D’abord mon nez a su capter une odeur de fumée, il y avait une ou plusieurs personnes qui faisaient du feu, je ne suis pas seul, encore faut-il savoir à combien de kilomètres ils sont de moi. Pour la sentir assez présente, c’est soit qu’il y a du vent, là je n’ai pas encore écouté, chaque chose en son temps.
Ensuite j’ai été attentif aux bruits, dans la pièce il y en a aucun, à l’extérieur, je n’entends pas le vent, donc la fumée vient forcément de ceux qui m’ont kidnappé car il faut que je me rende à l’évidence on m’a surpris dans mon sommeil et déposé là pendant que je dormais. Ce qui est plus qu’étrange car, justement depuis l’Afghanistan, je ne dors plus que d’une oreille. Il faut que je vérifie si mon sac est toujours dans mon duvet, en effet, personne n’a songé à regarder, ce sont donc des amateurs. Possible que le ou les ravisseurs soient en capacité de m’entraîner dans mon sommeil, par contre ils ne m’ont pas fouillé. C’est une erreur immense, pour moi c’est une aubaine que je vais mettre à profit. Effectivement j’ai toujours mon arme, mon couteau et surtout ma lampe torche, élément essentiel dans un lieu aussi obscur. Avant de regarder ce qui m’entoure je vais m’examiner, car j’ai un drôle de gout dans la bouche comme si on m’avait drogué. Effectivement je découvre en remontant les manches de mon pull que sur le bras j’ai deux marques de piqûre, qu’est-ce que ces dingues m’ont injectés, certainement un somnifère assez puissant, et comment m’ont-ils transportés là ? A dos d’ânes j’en doute, sur un brancard ? Possible, alors il fallait qu’il soit habillé en pompier ou en secouristes, au moment où cela s’est produit je dormais dans une anfractuosité d’un rocher, au-dessus des échelles de la mort, difficile pour transporter un brancard, à dos d’hommes cela aussi est impossible. Il ne reste que l’hélicoptère, en pleine nuit, rien n’est possible et puis cela demande la présence des autorités, alors là j’avoue mon impuissance. Tout est imaginable quand on est enfermé dans les profondeurs de la terre. A vol d’oiseaux des échelles de la mort je n’ai pas parcouru des centaines de kilomètres, ils ont dû m’emmener dans le fort. Petit à petit les effets de la drogue s’estompent, il faut que je réfléchisse à ce que je vais faire lorsque la porte que j’ai vu dans le fond de la cellule va s’ouvrir. Je suis encore capable de terrasser un ennemi. Je me mets en position combat, je dois la jouer fine et serrée. D’abord je plie mon duvet et le remet dans mon sac, je quitte mon jogging et reprends mon short, un tricot de corps et un pull car l’humidité suinte au mur et je n’ai pas très chaud. Je prends ma ceinture dans laquelle je glisse mon portefeuille ainsi que mon arme. Mon couteau rejoint ma poche. Je m’allonge à nouveau sur le sol et attends que l’on vienne.
J’ai dû m’assoupir car c’est assez brutalement que j’entends ceux qui viennent vers moi. Je suis prêt à bondir, hélas personne n’entre, on me parle par une ouverture dans la porte.
- Adjudant Crespin, êtes-vous réveillé ?
- C’est vous mon Capitaine !
- Ah ! vous vous souvenez donc de moi
A ce moment je décide de jouer l’amnésie totale, cela m’a bien servie au cours des années passées.
- Je ne comprends pas mon Capitaine ; vous reconnaître, bien sûr je me souviens que vous m’avez mis aux arrêts hier car je ne suis pas rentré de ma permission.
Je sens des conciliabules derrière la porte, ils sont intrigués par ma réponse, je vais rester sur ce registre, j’aurai peut-être la chance que la porte s’entrouvre, par contre il faut que ceux qui l’accompagne ne soit pas avec lui.
- Crespin vous vous fichez de nous ?
- Mon Capitaine je ne comprends pas ;
A nouveau des chuchotements puis, la porte s’entrebâille, une lumière blafarde envahie les murs et la cellule. Face à moi un soldat habillé vite fait, cela ne ressemble en rien à l’uniforme d’un capitaine, derrière lui une jeune femme. Je n’ai pas beaucoup de temps pour agir. Je me lève et me met au garde à vous puis bondit sur la plus faible, la femme, lui appuie mon revolver sur le front et menace l’autre de la tuer. La gamine se met à chialer ce qui agace prodigieusement le soi-disant capitaine, qui, cependant reste impassible, il a dû aller dans l’armée, là je ne mets pas de nom sur son visage, je pense que je trouverais. J’assomme la jeune femme et me préoccupe de l’homme.
- Qui êtes-vous ?
- Votre capitaine, vous allez passer en cours martial
- Bien sûr, vous savez comment s’habille un capitaine ? Là j’ai des doutes où plutôt vous n’êtes plus dans l’armée, Capitaine Marot.
Je sens que j’ai touché l’homme il a un imperceptible mouvement de la bouche, comme une grimace. C’est bien mon capitaine du temps où je m’étais engagé, pour quelles raisons m’at-il amené là ? Le copain de mon père. Une punition à retardement, étrange, il doit y avoir une autre raison.
- Alors j’attends et je suis pressé, j’ai une randonnée à faire ; expliquez-moi pourquoi je suis dans vos sales pattes. Si dans deux minutes vous ne m’avez rien dit je vous tire une balle dans la tête.
- Vous serez mort avant de franchir la porte du fort, vous pensez que je suis venu seul avec ma fille.
- Votre fille ;
- Bénédicte, ma fille cela ne vous dit rien ?
- C’était votre fille ?
- Oui, vous avez la mémoire courte ?
- Non ! Je me souviens que tous les deux c’étaient une amourette de jeunesse, elle ne veut pas m’épouser ? Je n’en n’ai nullement besoin, je viens d’abandonner une femme aux pieds des échelles de la mort ce n’est pas pour me coltiner la vôtre. Les femmes finalement moins je les vois mieux je suis heureux. Elle me pompe mon énergie dans tous les sens du terme.
- Arrêtez votre cirque, je vous recherche depuis que vous avez quitté l’armée par la petite porte, jour fatal ; car depuis j’en ai appris de belles sur votre compte. Il a fallu ces assassinats pour que je mette un nom sur votre visage, votre père m’ayant tourné le dos, car vous aviez dû me dépeindre comme une brute, ignorant mes appels téléphoniques et refusant de me recevoir quand je venais sonner à sa porte.
- Mon Capitaine vous n’étiez pas un saint lorsque j’étais sous vos ordres, je vous ai vu commettre…
- Taisez-vous je le faisais pour le bien de mon pays et pour vous endurcir, personne n’est mort.
- Personne, sauf le petit Jean, qui est dans un hôpital psychiatrique suite à ce que vous lui avez fait subir. C’est une loque, alors pour lui je n’hésiterais pas à vous mettre une balle dans la tête. Maintenant j’ai faim, alors je vais vous fausser compagnie, je vais vous enfermer et vos petits copains viendront bien vous délivrer.
- Mario ! Je vous laisse partir, mais ne nous enfermez pas car je suis venu seul avec ma fille et si vous nous enfermez c’est la mort assurée, pensez aux bons moments que vous avez passé avec ma fille, vous ne voudriez pas qu’elle meurt de faim
Je quitte le réduit, je ferme la porte à clef dans un premier temps puis je reviens et au moment où je vais tourner le gros verrou j’entends des bruits de voix, je n’ai que le temps de me glisser dans une cellule voisine. Le capitaine s’est bien payé ma tête, il y a là un régiment, j’entends des cris de rage, des exclamations, des jurons, le capitaine a beau s’excuser il se fait ramasser par un gradé, car je l’entends répondre : « je m’excuse mon Colonel, je pensais que vous l’aviez fouillé. » Le reste se perd dans les hurlements du chef suprême, le capitaine est à son tour enfermé dans la piaule où je viens de l’apprendre j’ai passé quatre jours sous sédatif. Je les entends courir, ils ne doivent pas être plus de quatre. Ils partent dans la direction de l’entrée, et, moi je suis là, jamais je n’aurais dû m’attarder, j’ai commis une erreur puisque moi non plus je ne l’ai pas fouillé, ils devaient sa fille ou lui avoir un téléphone, voire un talkie-walkie pour communiquer, ici le téléphone ne passe pas. Il a rameuté ceux qui l’accompagnaient. J’essaye de me souvenir si je ne peux pas trouver une autre sortie que celle qui donne dans la cour principale. Je n’ai plus ma corde, elle aurait été d’un grand secours. Si dans l’autre pièce il n’y avait pas de lumière, je m’aperçois que dans celle-là il y a un soupirail qui doit donner sur l’extérieur du fort. Je m’approche de l’ouverture et voit un fossé, je ne sais s’il y a de l’eau ou non, cela n’a pas d’importance je dois d’abord jeter mon sac, et je vais me faufiler par l’ouverture, ensuite j’aviserais.
En deux temps trois mouvements je me retrouve à l’extérieur, je vois mon sac qui gît dans l’eau, ce n’est pas profond, je vais pouvoir me laisser descendre, je prends une inspiration et plonge les deux pieds en avant, rapidement je sens le sol sous mes pieds et l’eau au-dessus de ma tête, cela ressemble étrangement aux douves des châteaux, là c’est plus de l’eau qui s’est accumulé à cet endroit. Rapidement je sors, en ayant pris soin de récupérer mon sac et me dirige dans le sens opposé à l’entrée.
A suivre…
Comment a-t-il été drogué ? je me le demande, mais il s’en sort toujours pour l’instant !
Bonne soirée
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Ouf ! Bon, pour le moment, il a réussi … !!! Bonne soirée EvaJoe ! Gros bisous♥
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Hello, voilà bien longtemps que je ne suis pas passé et donc je te néglige! Même pas excusable….Je ne lis pas parce que je n’ai pas encore commencé la 1ère partie mais je tenais a passer quand même…espère tu va bien? Bisousssss
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Il a quand même une belle amnésie s’il ne se souvient pas d’avoir subi au moins la première injection.
On commence à connaître un peu son passé.
Bonne fin de vacances près de tes parents.
Bisous
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Drôle de coco que ce Mario. Son passé le rattrape. Que d’erreurs également pour des professionnels : ne pas fouiller un prisonnier. Enfin, que lui veulent tous ces soldats? Mario a réussi à se faire la belle. Vite, je vais lire la suite
Bizzzzz
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C’est glauque 🙂
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