La chasse à l’homme ( La traversée dangereuse)

La première journée a été fort dure, j’avais encore les effets de leur barbiturique dans les jambes, je n’ai mangé que ce qui était dans des boîtes hermétiquement closes, la peur d’être drogué sans doute, mais je ne me suis pas méfié de l’eau, j’avais ouvert deux bouteilles les avait versé dans mes gourdes, c’est juste après avoir bu une bonne rasade que je me suis aperçu que le chemin commençait à changer de forme, il montait descendait d’une façon irrégulière, il avait tendance à se dédoubler, les salauds pour mieux m ‘attraper ils avaient drogué ma flotte.  C’est au prix d’un immense effort que j’ai réussis à faire basculer mon corps dans une cavité dans un rocher, j’ai mis sur moi des branchages et je me suis laissé aller. Il fallait que je dorme, auparavant pour ne pas être tenté à boire j’ai vidé le contenu de mes gourdes. Dans mon thermos il me restait du café je n’ai pas osé le boire. Ils m’ont pris mon téléphone, mon couteau ainsi que ma corde. J’ai eu de la chance car lorsqu’ils l’ont fait j’étais encore couché dans mon duvet et au fond de celui-ci j’avais mis mon arme, je fais ça depuis l’armée, ils ont dû oublier que j’étais déjà aux aguets, j’y avais joint ma boite de cartouches, lorsque j’ai plié le tout Jo , enfin Mick, le médecin était dans la même pièce que moi, j’étais arrivé à le soustraire sans qu’il ne s’en aperçoive. J’ai réussis à garder ma boussole et ma carte IGN ces deux objets étaient sous mon imper dans la poche du fond. Il l’a bien ouverte mais juste passé la main et il n’est  pas allé plus loin. Heureusement sinon j’étais mort et j’aurais dû mon salut qu’à me jeter dans la gueule du loup. Au début je lutte contre le sommeil, c’est peine perdue, les effets nocifs du barbiturique m’entraine dans le néant. Ce sont des voix qui vont me réveiller, il fait jour, je regarde par l’interstice des feuillages, c’est une jeune fille, elle semble seule et se parle à elle-même. Ces dingues ne m’ont pas envoyés une femme pour m’émoustiller mes sens, ils en seraient bien capables. J’émerge de mon trou et vais braver la belle, sur le coup elle prend peur, donc elle n’irait pas jusqu’à me jouer la comédie, dans son regard il y a de l’effroi. Il faut que je la rassure. 

  • Mademoiselle ;

Elle ne me reprend pas en me disant non Madame, elle voit que je suis un être humain et non le loup garou elle est encore effrayée, effectivement je sors de dessous un rocher et j’ai des branches de sapin accrochés dans mes cheveux, j’ai une barbe d’un clochard je m’en suis rendu compte, il faudra que je me refasse une beauté dans les jours qui viennent.

  • Excusez-moi je ne voulais pas vous faire peur, je me suis perdu hier au soir et abrité pour la nuit. Et je viens de vous entendre râler, seriez-vous dans le même cas que moi ?
  • Savez-vous que vous ressemblez à l’ogre qui hantait mes cauchemars d’enfant.

     

Je me mets à rire ce qui détend immédiatement l’atmosphère, elle aussi éclate d’un rire juvénile, cette femme est belle comme le diable, une vraie tentatrice pour l’homme frustré et en manque que je suis. Elle me tend une tasse pleine d’un café fumant et odorant, j’en profite pour lui demander si le tout ne s’accompagne pas de croissants, elle rit à nouveau et me tend un pain au chocolat qui a dû rester coincer entre une gourde et un thermos, il est passablement aplati. J’apprécie et la remercie, elle semble lointaine comme absorbée par des problèmes qui s’ils ne ressemblent pas aux miens ont l’air tout de même de la faire souffrir. Je n’en suis pas encore aux confidences, aussi je me garde bien de lui poser une question. Après avoir fait un brin de toilette grâce à sa solution mousseuse, qui je l’avoue me permet d’être déjà mieux ; elle me tend un rasoir à pile. Et bien la demoiselle doit porter un sac énormément lourd, et ne doit pas faire le GR5 sur sa totalité pour traîner des objets que je trouve pour ma part plus que superficiels.

Tout en marchant et devisant j’apprends qu’elle est partie des « Echelles de la mort » hier matin et n’a fait qu’une étape celle où je viens de la croiser. Aussi j’en profite pour faire celui qui sait très bien où il se trouve et sort ma carte IGN, c’est elle qui pointe du doigt le lieu où nous nous trouvons. Nous sommes sur un tout petit sentier et nous devons regagner le Doubs que tous les deux avons dû laisser à une intersection en s’enfonçant dans la forêt. Pour ma part j’ai tellement voulu les semer que j’ai sûrement tourné en rond plus qu’il ne le fallait, quant à la gentille demoiselle fort serviable, elle ne se souvient pas à quel endroit elle a bifurquée. Tout comme moi elle a hâte d’avancer, car elle doit se trouver dans les Alpes avant le mois de novembre, c’est là que je réalise être resté enfermé plus d’un mois dans ce cachot. Nous sommes au mois d’octobre, le 15 plus exactement, là je suis abasourdi, qu’ai-je fait tout ce temps, à part dormir ? Certainement déliré. Faut-il qu’elle m’accompagne, j’ai peur de la mettre en danger. Je dois la mettre au courant, je vais le faire sous forme de jeux pour ne pas l’affoler. Elle se met à rire et me dit qu’elle adorait étant enfant joué en forêt avec ses cousins. Le jeu du gendarme et des voleurs, elle veut bien le faire avec moi. Je lui propose de mettre le plus de distance entre mes poursuivants, les siens désormais puisqu’elle accepte de se prêter à ce jeu macabre, ce dont je ne me permets pas de lui confier et nous deux. Nous décidons d’un commun accord de marcher de jours comme de nuits et de cette manière nous allons mettre de la distance entre cette armée de fantômes et deux êtres humains aimant jouer. Lorsque nous décollons du bivouac il est exactement 7 h du matin, nous aurons besoin de faire quelques courses mais nous n’en sommes pas encore là et nous verrons comment procéder. Je suis dégoûté je pensais terminer fin octobre le GR5, je pense que je vais m’arrêter au Lac Léman. Il me sera impossible de franchir les Alpes, la neige va s’installer. Pour l’instant nous cheminons sous une pluie fine et glaciale.

C’est à la fois une aide précieuse, j’ai moins soif, cependant elle gêne ma progression, mes chaussures tout comme celles de ma compagne de route marquent le sol meuble et s’enfoncent, cela alourdi nos pas.  Dans un sens c’est plutôt bien car possible qu’ils ne suivent pas deux marques de pas et tournent en rond à ma recherche. En face nous voyons la berge Suisse si différente de celle de France. Soudain la demoiselle décide de s’arrêter, elle veut se baigner, je n’ose la contrarier, car j’ai besoin d’elle, c’est une compagnie agréable et  elle me regarde parfois d’une manière qui me donne des envies de corps à corps, depuis Montbéliard je n’ai pas eu de femmes, j’ai plutôt subi les cris, la faim, les hurlements d’une bande de soudards, aussi si elle n’est pas farouche je la cueillerais la nuit prochaine comme une belle fleur sucrée. Pendant qu’elle se baigne dans le Doubs, je l’observe, elle a un mini maillot de bain qui cache pas grands choses, je préfère m’abstenir et ne pas me baigner, je sais trop bien comme on peut souffrir des pieds lorsque l’on randonne. Je prépare deux sandwichs avec les rations de l’armée. Quand elle revient elle sort de son sac de l’eau, du fromage et deux bananes. Nous savourons le tout, enfin surtout moi, elle s’étonne que j’ai des rations de l’armée, je ne lui laisse pas le temps d’aller plus avant dans ses questions, je lui raconte une histoire à dormir debout, elle ne tique pas et la gobe. Nous repartons en direction du saut du Doubs, nous ne resterons pas là, nous irons plus loin si le vent qui se lève nous le permet, car marcher la nuit lui fait peur, surtout que nous allons nous trouver sur la frontière Suisse. C’est d’un commun accord que nous décidons de planter notre tente au sommet du « Meix Musy » altitude 1285 mètres, à ce moment nous aurons atteint le Val de Morteau. Rien que d’y songer je pense aux saucisses du même nom. Le repas est déjà loin et j’ai encore plus faim.

Avant d’attaquer la dernière montée, nous avons la chance de trouver  une auberge, et j’en profite pour demander de remplir mes gourdes, l’aubergiste accepte, bien que nous nous n’arrêtions pas chez lui.  Il nous indique un raccourci et nous voilà au sommet.  A nouveau le courant passe entre Zoé, c’est le nom qu’elle m’a donné, et moi, on ne plante qu’une toile de tente. Je lui laisse croire que j’ai oublié mon canif à l’auberge lorsque j’ai pris de l’eau ; en fait la brave dame en vendait, et je fais le circuit dans l’autre sens. Lorsque j’arrive, elle est justement sur le pas de sa porte, j’en profite pour lui raconter mon histoire, enfin les grandes lignes, lui laissant croire que nous participons à un grand jeu, et que si dans les heures qui viennent ou jours se présentent une bande d’hommes, elle devra leur dire qu’elle ne nous a pas vu. J’en profite pour lui acheter un beau couteau Suisse. Elle me remet du pain et des saucisses de Morteau froides mais elles me donnent déjà l’eau à la bouche. Elle me souhaite de gagner mon pari et mets son doigt sur la bouche en disant :

  • Je serais muette comme une tombe.

A suivre…

 

Auteur : Eva Joe

Ma plume ne s'essouffle jamais, elle dessine des arabesques sur la page de mes nuits, elle se pare comme un soleil en defroissant le ciel. En la suivant vous croiserez tantôt Pierrot et Colombine dans mes poèmes ou Mathéo et son secret et bien d'autres personnages dans mes nouvelles et mes suspenses.

4 réflexions sur « La chasse à l’homme ( La traversée dangereuse) »

  1. Il m’a semblé lire qu’ils étaient d’accord pour faire le chemin de jour comme de nuit et maintenant la nuit lui fait peur. Hum … je me pose des questions sur cette Zoé. Mais après tout … elle est peut-être vraiment perdue !
    Bisous

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  2. Et voilà surgir un nouveau personnage. Tu nous embrouilles à loisir ma chère Evajoe. 🙂
    Je me suis bien avancée dans mes lectures chez toi.
    Je lirai la suite demain
    Gros bisous

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