Le grand retour/15

Wladimir il est temps de réveiller Lucile, il est encore temps de lui révéler

Non, Sergueï ne veut pas, tu connais notre frère.

Moins que toi

Autant, sinon mieux tu es son meilleur ami.

Pendant que tu réveilles ta future belle-sœur, je vais sonner.

Dis-lui que nous sommes devant, ce sera plus facile que de sonner. Boris tu rêves, appel ta femme.

Oui

Chérie, nous sommes arrivé

Mon amour, où êtes-vous ?

Juste devant la porte n’entends -tu pas nos monstres donnés de la voix.

Tu as raison, on va venir vous ouvrir. Et…

Chut ne dis rien, tout a été fait selon les ordres de ton frère.

Comme d’habitude à la perfection. Mais ce n’est pas de cela que je voulais parler.

Elle ne sait rien on a exécuté les ordres du prince.

Boris !

Et bien quoi dans la lignée c’est bien lui le futur Tsar.

Pfff, arrête tes sottises, allez, bienvenue chez toi.

Merci ma bien aimée

Pendant ce temps dans le camping-car se déroulait une scène, Lulu sortait d’un cauchemar où elle avait vu Sergueï couché dans une mare de sang. Wladimir avait beau lui dire que ce n’était qu’un rêve, elle n’en démordait pas et martelait la poitrine de son beau-frère en le suppliant

Tu dois bien avoir un téléphone pour appeler ton frère. Fais-le

Et toi tu en as pas un ?

Oui

Souviens-toi de ce que t’avais dit Igor

Le premier numéro est celui de Ta, mais Tatiana n’est pas Sergueï.

Ne fais pas l’idiote, essaye

Lulu se précipite sur son sac à main, prends le téléphone et appuie sur le premier numéro et là dans la nuit elle entend la voix de son amour.

Mon Dieu, c’est toi ma petite Lulu,

Mon amour, c’est moi, j’ai fait un cauchemar je te voyais baignant dans une flaque de sang. Mais tu es vivant ce n’était qu’un mauvais rêve.

Si à cet instant Lucile avait pu voir la tête de Sergueï, elle se serait d’autant plus inquiétée. Mais le camping-car vient de s’arrêter et Lucile doit descendre.

Sergueï, nous sommes chez ta sœur à Hambourg, je te rappelle.

Non ce ne sera pas la peine…

Pourquoi ?

Sergueï a raccroché, Lucile ne comprends pas son refus de le rappeler. Possible qu’il ne veut plus d’elle, pourtant il lui a bien témoigné son amour. Elle se passe en boucle un tas de raisons mais n’en trouvent aucune pouvant expliquer ce mot de trois lettres.

Dis Maman viens, tout le monde nous attends

Oui, mon adorable bébé je viens mais je dois me remettre du rimmel.

Non je veux que tu viennes.

Votre fils a raison, tout le monde s’en fiche que vous soyez maquillés ou non. L’essentiel c’est que nous soyons sain et sauf.

Vous avez raison, excusez-moi je suis perturbée.

Je comprends mais le cauchemar va se terminer cette nuit.

Lulu son fils et le frère de Sergueï pénètrent dans l’entrée de cette maison imposante, à la fois un château ou une forteresse selon comme on l’a regarde.

Quel plaisir de vous voir enfin petite sœur, je vous présente Alexeï mon frère et sa femme qui est française comme vous. Si Piotr était là nous serions tous réunis.

Comme une automate, Lucile entre dans la maison, de dos assis dans un fauteuil roulant, il y a un homme, les cheveux blancs, Lulu pense que c’est leur père, mais lorsqu’il se retourne, elle voit son Sergueï, le seul homme qui a su faire vibrer son cœur.

Elle ne voit pas ceux qui l’entourent, elle se précipite vers lui et l’embrasse à pleine bouche, lui caresse le visage, lui esquisse une grimace mais ses yeux sourient. Son fils ne sait pas qui est le Monsieur que sa maman embrasse. Il regarde tout à tour son parrain et les autres personnes. Mais sa maman l’appelle :

Tony-Wlad vient voir je te présente ton papa.

Papa, c’est toi mon papa

Oui

Pourquoi tu es dans cette chaise?

C’est une longue histoire mon petit bonhomme

Lulu commence à comprendre qu’il se passe quelques choses. Elle fixe Sergueï et ceux qui l’entourent, mais comme elle ne voit que son visage elle ne réalise pas que son amour est sur un fauteuil roulant. Puis brutalement, elle voit le plaid posé sur ses genoux. Que lui cache-t-il ?

Sergueï !

Ma Lulu, je ne voulais pas te faire peur mais tu vas avoir un choc

Lulu tire la couverture mais ne voit rien d’anormal, puis, soudain l’horreur !

Oh mon amour tu as eu un accident ?

Non

Alors ou est ton pieds?

Assieds toi, je ne voudrais pas que tu ais un malaise.

Non je reste debout

Ses pourris du KGB me l’ont coupés volontairement pour que je ne puisse plus danser.

Lulu est tombée exactement comme l’avait pensé Sergueï, Wladimir s’est précipité vers elle, lui évitant de se taper la tête. Doucement elle revient à elle et elle lui dit:

Le seul homme avec qui j’aurais pu danser c’est avec toi, pour moi aussi c’est finis, je t’aimes et t’aimerais toujours en danseur étoile ou sur ton fauteuil, j’espère que tu en as jamais douté.

Sergueï ne lui dira jamais les doutes qui lui ont traversé l’esprit. L’essentiel c’est qu’ils soient ensemble.

A suivre…

L’enfant de personne/11

Noël, un enfant dans la tourmente

J’ai mis mon bébé au monde avec l’aide de Mariette le 25 décembre 1943. Il neigeait et naturellement je l’ai appelé Noël, le médecin n’étant pas là, Mariette ayant mis seule, elle aussi, sa petite dernière avait su me prodiguer les mots de réconfort, avait eu les gestes appropriés pour que mon bébé vienne au monde dans les meilleurs conditions.
C’était un beau bébé, Paul l’ayant pesé et même mesuré avait noté cela sur un carnet pour s’en souvenir au moment où le médecin viendrait.

J’ obervais mon enfant, car Mariette tout en soignant mon corps m’avait apaisé pour pouvoir bien accueillir l’enfant qui allait naître. Me faisant remarqué très judicieusement que ce n’était nullement sa faute ni la mienne si sous les coups de Jules, sous ma longue marche sans trop me nourrir il avait eu envie de vivre. Plus je le regardais, plus je me disais que je devais l’aimer, il n’avait que moi et lui ne pouvait pas être, à son tour l’enfant de personne. J’en avais bien trop souffert.


Il était brun comme moi alors que l’autre, désormais c’est ainsi que je l’appelait était roux, il avait des traits fins et non grossier comme le rustre. Les soeurs de Pierre voulaient toutes s’en occuper, elles s’extasiaient sur son regard et plus tard sur la couleur de ses yeux, se demandant tout comme moi de qui il les tenait.


De qui pouvait-il avoir pris ses beaux yeux verts clairs lumineux ? Les miens étaient brun pailletés de vert. L’autre avait les yeux noirs. Je remerciais le dieu de ma tante car je ne croyais en rien, mais depuis que j’étais arrivée chez Mariette je croyais en la bonté de certaines personnes. J’avais de plus en plus d’amour pour mon petit garçon.
Et c’est tout naturellement que Noël et moi nous ne faisions plus qu’un, mais depuis le 25 décembre, Pierre venait souvent chez ses parents, la nuit de préférence et nous commencions à nous apprécier mutuellement.
Un soir il me fit une déclaration fort importante :

  • Magdeleine pour ton bébé je dirais à tout le monde après la guerre que c’est le mien. Je l’ai déjà fait inscrire sur les registres paroissiaux et dit que c’était le nôtre, j’ai paré au plus pressé. Nous sommes dans un petit village ça te protegera. Notre bon curé voulait de suite que je t’épouse, mais je n’ai pas cédé. Reconnaître ton enfant est important on ne sait pas comment cette guerre va tourner quoique je pense que les « Bosch » partiront. On va gagner crois moi et c’est pour bientôt.
    J’étais tellement abasourdie que je ne lui ai pas répondu. Puis je me suis jetée dans ses bras et embrassé, puis de fil en aiguille ses mains m’ont délicatement serrées. Et pour la première fois j’ai ressenti des papillons qui me caressaient au niveau du ventre. Ses baisers étaient tendres. Il était doux, cela n’avait rien à voir avec la manière de l’autre.
    Cette fois-ci je n’ai pas voulu qu’il me caresse, j’acceptais seulement ses baisers. J’étais encore en proie avec des cauchemars terrifiants. Faire l’amour pour moi était toujours dans la violence.
  • Pierre sois patient, je t’aimes
  • Moi aussi je t’aimes je t’attendrais, nous sommes jeunes.
    Mais à la fois je ne voulais pas attendre, je désirais Pierre et avait envie de connaitre le véritable amour et à la fois j’étais terrorisée à cause de ce que j’avais subi. Et surtout la guerre et ses horreurs étaient à notre porte. L’étau se resserait sur le Maquis de l’Ain et du Jura.
    En mars 44 une nuit nous avons eu la surprise d’entendre un grattement à la porte, c’était Le félin et Tonio qui portaient un blessé .
  • C’était notre bon vieux docteur il venait de tomber dans une embuscade sur la route de Bourg à Lyon non loin de la gare ferroviaire. Il était recherché car trahi par un du réseau qui, pris de panique leur avait avoué avant l’embuscade qu’ayant été arrêté il avait parlé sous la torture. Comme il était de Bourg-en-Bresse il connaissait la planque du chef du réseau. Averti la résistance de l’Ain et du Jura était parti pour exfiltrer notre bon vieux docteur. Ils avaient eu le temps de l’avertir mais en sautant par la fenêtre donnant sur le jardin il s’était cassé une jambe. Tant bien que mal ils avaient pu le ramener à la traction qui les avaient amené sur les lieux mais leur petit convoi avait été pris pour cible à hauteur de la gare. Pierre avait forcé le barrage pendant que la résistance couvrait leur fuite, ne voulant pas que leur chef soit arrêté. Le vendu s’était précipité vers ceux qui lui avaient ordonné de retourner dans son groupe. A quoi pensait-il ? Qu’ils l’accueuilleraient à bras ouverts. Une rafale de mitrailleuse l’avait couché à tout jamais sur la chaussée. Cette trahison restait en travers de la gorge de Pierre et de son groupe. Non seulement le traître avait perdu la vie mais deux jeunes de 20 ans et 25 ans étaient morts cette nuit.
    L’un d’entre-eux faisait parti de ceux qui avaient défilé à Oyonnax le 11/11/1943 à la barbe des nazis. ( Véridique lire l’événement phare de l’automne 43 ). C’était un jeune de Saint Cyr, Marius dit la Débrouille son nom dans la Résistance.
    Pour parer au plus pressé il fallait cacher le Dr Morand, car lui personne ne l’avait récupéré, c’est sous sa houlette qu’aider de Mariette nous lui avons mis la jambe sur une planche et bandé assez serré pour qu’il ne souffre pas et surtout qu’il puisse se déplacer. La ferme était fort grande et Paul avait déjà logé plusieurs Résistants blessés sans que jamais leur cachette fut découverte. Et même il cachait aussi des Juifs mais je ne l ‘appris que bien plus tard après la guerre.
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