Après les événements de la nuit, Victoire avait traîné au lit, puis sous la douche et c’est d’un pas lourd qu’elle avait rejoint l’ensemble de l’internat qui déjeunait dans un joyeux brouhaha. Les langues allaient bon train, chacune semblait tout savoir sur la manière dont s’étaient déroulés les événements de cette nuit. Toutes y allaient de leur remarque. A part les instigatrices, peu savaient ce qui s’était réellement passé.
Victoire en arrivant vit la porte fermée, mais elle pensait pouvoir se glisser anonymement dans la salle à manger et gagner une place libre. Hélas, rien ne se passa comme elle l’espérait. A son entrée, la salle a oscillé entre le fou rire et le silence. C’est le silence qui l’a emporté, un silence hostile, qui pouvait glacer le sang de Victoire, qui, à ce moment-là s’est sentie jugée par toutes les internes. Elle a gagné rapidement sa place et s’est assise sous le regard de centaine d’yeux méprisants. Elle qui pensait que peu seraient au courant, là, il lui fallait bien s’avouer que c’était peine perdue. Puis petit à petit alors qu’elle restait figée sur sa chaise, les conversations ont repris, mais malgré tout elle se sentait la cible de toutes les élèves de la sixième à la terminale. De plus elle ressentait en son for intérieur une grosse humiliation. Tout en déjeunant du bout des lèvres, elle savait que la directrice l’attendait, qu’allait-elle lui dire ? Qu’allait-il se passer ? Elle voyait bien que c’était elle qui allait faire les frais de cette aventure. Elle qui avait été enfermée, et non celles qui l’avaient enfermée. Elle ne pourrait être renvoyée, son père s’y opposerait, il avait tellement de travail, la preuve il l’avait déposée là en pleine nuit comme un paquet. Ce père dont elle avait rêvé alors qu’elle était enfant, et qui venait d’apparaître dans sa vie, ce père qu’elle avait idéalisé et qui brutalement lui était revenu…Bien sûr il ne savait rien, sa mère avait caché sa grossesse à tous. Mais il n’était pas l’homme dont elle avait enjolivé sa vie étant enfant. Son prince charmant, c’était un homme beau qui possédait les mêmes cheveux qu’elle, mais ses yeux étaient d’un vert comme la mer un jour d’été. Ce père qu’elle n’avait vu en tout et pour tout que quinze petits jours et qui, brutalement lui avait fait quitter les Etats Unis où, selon ses dires, rien ne le retenait, l’avait emmenée en France. A ce moment-là elle était encore accompagnée par sa tutrice, mais c’est lui seul, après l’avoir présentée à sa mère, qui avait décidé de l’emmener dans cet internat. Au grand dam de sa tutrice, seule sa mère avait compris. Quant à sa tutrice, elle s’était inclinée et avait compris la raison pour laquelle il la mettait dans cette pension, elle avait eu beau le supplier, il lui avait bien fait comprendre que c’était en attendant qu’il règle des affaires importantes, la meilleure solution. Elle sentait de la part de sa grand-mère une certaine animosité, Victoire en connaissait la raison, sa mère avait aimé ses deux fils, et le patriarche, son grand-père avait fait comprendre à ses fils que fréquenter cette femme c’était une mésalliance. Tour à tour il l’avait laissée sous la pression familiale. Seul son père avait affronté le patriarche, mais devant le courroux du vieil homme il avait cédé, tout en demandant à son frère de lui trouver une place dans leur société. Pour sa mère, cette place lui avait permis de garder la tête hors de l’eau surtout lorsqu’elle s’était aperçue qu’elle attendait un enfant de son amour d’adolescence. Et la suite, Victoire la connait, elle avait vécu dans l’ombre de ce père qu’elle ne connaîtrait jamais jusqu’au jour où lors de l’ouverture d’un testament chez un notaire, Victoire avait appris les noms et prénoms de son père, et la possibilité à ce dernier de pouvoir la connaître et la reconnaître, chose plus importante aux yeux de sa mère. Sa maman était morte des suites d’un cancer.
Tout en allant à son rendez-vous chez la directrice, Victoire se souvient de son père lui expliquant qu’il lui demandait de faire connaissance avec sa petite sœur, et de lui dire qui elle était. Il savait qu’elle aurait un choc, mais elle avait toujours rêvé d’avoir un frère ou une sœur. Il lui avait demandé de lui dire tout son amour pour elle, et que bientôt ils vivraient tous ensemble. Victoire devait lui remettre une lettre en mains propres et non la mettre dans son casier comme elle l’avait fait. Elle avait aussi menti à ses camarades de chambre car elle n’avait pas voulu leur dire que cette mère qu’elle chérissait énormément était trop tôt partie, et, elle leur avait dit qu’elle était vivante.
Quant à France, elle lui ressemblait, sauf qu’elle possédait les fameux yeux verts de son papa. Toutes les deux étaient brunes avec de belles boucles, si France les avait gardées longues, ce n’était pas son cas, elle avait détesté ses cheveux, alors elle les faisait couper très courts, maintenant elle en est certaine, elle l’allait les laisser pousser. Son père lui avait dit de l’informer dès qu’elle en aurait parlé à sa sœur, ce qu’hélas elle n’avait pas fait, elle ne lui avait jamais écrit.Tout en cheminant vers le bureau de la directrice, Victoire se souvient du moment où son père s’en est allé, il était venu avec elle pendant l’absence de France, pour justement lui laisser sa chance de faire connaissance. Et elle avait tout raté. Il faut dire que son arrivée avait été assez chahutée par les filles de sa chambre, elles s’étaient un tantinet moquées d’elle, mais elle n’avait rien fait pour en rire avec elle. Et puis, quelle idée elle avait eue d’aller ouvrir, voire même forcer l’armoire de sa demi-sœur et craquer pour une maudite tablette de chocolat.
En attendant que la directrice l’appelle, elle descend dans la cour et se demande comment elle a pu devenir la pestiférée de cette école. Devant ses yeux il y a un paysage des plus beaux. Le Cervin tout auréolé de neige est si majestueux, que tout le monde succombe à ses charmes. Victoire admire sa dent rocheuse qui perce le ciel. Son papa lui a dit qu’il l’avait déjà gravi, elle rêve un jour de l’accompagner, ainsi elle le connaitrait davantage. Mais pour l’instant elle est appelée par la directrice, elle quitte la cour à contre cœur et va vers son inévitable punition.
Rien ne s’est passé comme elle s’y attendait, elle se sent en un sens fort soulagée ; mais comment faire maintenant, il lui faut aller vers France, la directrice lui a appris qu’elle avait reçu un courrier de Monsieur Delmas, s’étonnant du silence de ses filles l’une ne lui écrivant pas du tout et l’autre ne lui disant pas comment elle avait appris la nouvelle. Maintenant la directrice était dans la confidence, elle avait même proposé à Victoire une solution et lui avait demandé d’y réfléchir, la balle était dans son camps, c’était désormais à elle de faire le premier pas. Mais il fallait se dépêcher car France allait aussi l’apprendre de leur père. La lettre était arrivée, la directrice lui avait donné à peine une heure. Il lui fallait prendre le taureau par les cornes et ne pas tergiverser. Toutefois la directrice lui avait dit qu’elle avait eu une attitude déplorable et que ce serait long pour reconquérir l’amitié de l’ensemble de sa chambre dans un premier temps. Elle pensait que dès que France serait au courant, elle devrait lui pardonner, même si elle était allée un peu loin. Pour leur papa il serait préférable qu’elles tissent toutes les deux de nouveaux liens. Elle ne la punissait pas car elle trouvait que ce que ses camarades lui avaient fait, même si on ne fait jamais justice soi-même, était une punition qui lui permettrait de s’en souvenir toute sa vie.
Victoire est à nouveau dans la cour face au Cervin, cette montagne qu’elle aime car elle la rapproche un peu de son père, qui la connait. Elle sanglote car le moment que son papa a voulu est enfin arrivé, il lui faut parler à France. Et là elle se sent toute petite, ce n’est plus la méchante, c’est une grande sœur qui a fait beaucoup de peine à sa petite sœur, même si cette dernière n’a pas la même mère qu’elle. Victoire n’a pas vu que dans la cour, plus loin, il y avait aussi Léa, qui s’est bien rendu compte que Victoire pleure. Elle ne sait si c’est la punition de la directrice ou alors si elle pleure de ce que ses compagnes de chambre lui ont fait subir, à moins qu’elle regrette, Léa ne sait qu’en penser ? Personne ne l’avait frappée, juste jetée dans une pièce noire et enfermée, du reste, elle pense que c’est surement Laure qui lui avait ouvert la porte ce qui jetait sur Victoire une suspicion comme si elle s’était punie elle-même. Tout à coup elle aperçoit France qui traverse la cour en courant, elle a dans la main une lettre. Mais sur son visage se lit un grand désarroi. De qui peut-être ce courrier ? Dès que France est auprès d’elle, elle lui tend son courrier et lui dit :
– Tiens lis
Puis, sans un mot elle s’assoit et attend que Léa finisse sa lecture. Léa comprend assez rapidement ce que le père de France lui annonce bien que ce soit à mots couverts, mais elle préfère se taire et attend que France lui dise ce qu’elle en pense.
– Tu sais Léa, il y a tellement de coïncidences et je me demande si…
Mais elle n’a pas le temps de terminer sa phrase, Victoire les a rejointes et Léa en les voyant larmoyantes, leur trouve une ressemblance. Elle avait bien compris, mais alors pourquoi Victoire s’est comporté de cette manière ?
– France je te demande pardon de t’avoir fait souffrir et d’avoir eu ce comportement indigne de moi, Madame la directrice nous attend toutes les deux, veux-tu m’accompagner ?
– Oui, mais tu n’as rien à me dire ?
– Tu as raison, autant en finir tout de suite, France tu es ma petite sœur et je le sais depuis le jour où a été ouvert le testament de ma maman. Pardonne-moi, j’étais tellement jalouse de toi, tu avais eu notre père pendant 10 ans et moi je ne l’ai vu que quinze jours.
Léa, doucement s’éclipse, elles ont tant de choses à se dire, elle ne veut pas être entre-elles.
Elles s’éloignent, côte à côte mais pas encore mains dans la main, mais en fin limier Léa sait que ce n’est qu’une question de temps.
Ah, je suis contente, j’avais deviné qu’elles étaient soeurs !
Reste plus que le temps pour que tout s’arrange, en effet.
Bisous, chère Evajoe.
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Au fil de la lecture se dévoile tel ou tel énigme, je suis bien obligée de vous emmener petit à petit vers la fin. J’avais remarqué que tu avais des doutes…
Bisous Clara
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Voilà que la réconciliation n’est pas loin, c’est vraiment une belle histoire qui sans aucun doute finir très bien. Non? Bisoussss
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Coucou Renée,
On n »a pas toujours la fin que l’on mérite mais le lecteur n’a pas non plus droit à la fin qu’il veut. C’est une fin qui va te mettre l’eau à la bouche…Enfin tu verras.
Bisous
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Je m’en doutais mais comment cela va – t – il finir , mystère
Bises
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Oui, j’avais vu que tu commençais à t’approcher de la vérité…Oui mystère!
Rire!!
Bisous
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….Me voici….Le chocolat , une perdition !!!…………..hum…
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Bon, le tout est en marche pour la bonne entente entre les deux fillettes, du moins, je le pense ! On verra bien …
Bonne et belle fin de ce jour à toi,
Gros bisous♥
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C’est donc cette Victoire qui a mangé la fameuse tablette (je lui en veux un peu, elle aurait pu en laisser un p’tit carré……Sourire !)
J’avais deviné plus ou moins un lien entre France et Victoire, tu l’as laissé suffisamment « planer » à travers tes mots !
Ton récit ressemble à un véritable « décor de musée » où l’on ne sait plus où donner de la tête tant il y a de choses à comprendre, lire, et regarder !
Bien embêtante la fracture au poignet, j’espère que ce n’est pas le poignet qui écrit (!!!)
T’embrasse fort : ta fervente lectrice.
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C’est fou ce truc et je savais qu’ il y avait quelque chose comme ca. Je suis heureuse au fond qu’elles puissent vraiment faire connaissance car c’est bon d’avoir une sœur ou un frère.
Tiens, je repars toute guillerette du coup.
Bisous
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ah … j’avais deviné qu’elles étaient sœurs… en espérant que tu nous concocteras une fin succulente, Melle DONNAT est DRH chez Mr DELMAS ??? d’après ce que je comprends… j’aurais aimé copier la suite sur ma page word mais impossible de copier, tu as bien fait sait-on jamais
bisous EvaJoe belle journée
joelle
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Encore un chapitre et la suite répondra à tes questionnements..Rire!
En ce qui concerne ton interrogation pour mettre mon roman dans ton Word, effectivement j’ai protégé d’une part mon roman via le site de e.auteurs (payant) d’où le logo au-dessus des titres et aussi des chapitres, plus j’ai demandé au Webmaster de me bloquer le clic (copié collé). Il sera plus difficile pour pomper mon texte d’être obligé de le recopier à la main…
Je t’envoie un mail. Bises
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tu as très bien fait de protéger ton œuvre…. il y a tant de méchantes gens sur terre… t’en fais pas je viendrai lire la fin ici j’ai mis l’url dans les favoris bisous et belle fin de journée EvaJoe
joelle
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Comme écrivain de ce petit roman, tu me fais penser à au moins quatre vingts ans en arrière. Amusant, les tournures de phrases parfois et le reste. Je sais bien qu’il y a toujours les riches et les pauvres, mais … enfin, j’ai bien aimé.
Bisous
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J’avais bien deviné! Elles sont soeurs. Ou plus exactement, demi-soeurs. Le temps des révélations arrivent. Zou! je file découvrir la suite
C’est super cette histoire
😉
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une histoire vraiment palpitante
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Bon ….ok, mais je ne pardonne pas 🙂
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