Le souterrain de la désespérance ( suite 8)

Les jours se succèdent tous de la même manière. Elle mange, elle dort souvent, et elle est violée tous les jours. La nuit Pierrot vient, la couche sur son ventre, lui passe les bras autour du corps et elle s’endort, car avant de dormir il lui administre un puissant somnifère. Quand elle se réveille, elle est souvent seule, mais elle sait qu’il ne lui a rien fait.

Elle vit avec la peur chevillée au ventre. Elle a compté le nombre de fois ou le blond est venu, accompagné de Pierrot c’est le prénom du grand dadais comme l’appellent ses deux frères. Pendant cinq matins, elle ne sait plus si elle a mal parce qu’ils la prennent de force ou si elle a mal parce qu’elle a peur. Puis deux jours où elle n’a reçu que la visite de son bourreau qui lui a dit « mon bébé » ces jours-ci il est gentils il la berce dans ses bras, l’embrasse doucement sur la bouche, il lui dit qu’il l’aime. 

Puis à nouveau la folie des deux hommes pendant cinq après-midi, ce qui lui a fait penser que le blond devait travailler tantôt le matin, tantôt l’après-midi. Aussi horrible que cela puisse lui paraître, elle s’est habituée à être violé, elle se dit qu’il faut qu’elle accepte ce qu’ils lui font, qu’elle se détache de son corps pour ne pas avoir à souffrir.

 

Aujourd’hui les deux papas ont décidé d’une expédition, le père de Claudie en a fait part à sa femme, elle n’est pas vraiment d’accord, mais elle le comprend, il faut que son mari soutenu par le père de Marine ou le contraire réagisse, car il a été prostré pendant tous ces mois, incapable de faire quoi que ce soit mais le deuxième enlèvement et la détermination du Monsieur Duchamps font que ce matin, après avoir eu au téléphone Madeleine la sœur des frères Reno, ils vont se rendre dans la maison de leur mère. Elle leur a indiqué où ses frères cachaient la clef.

Ce samedi matin il est à peine trois heures lorsque tels des voleurs les deux hommes rentrent dans la maison du lac comme il est écrit sur la porte. A l’intérieur aucun bruit, la cuisine est propre, rien ne traîne, personne n’est venue là depuis des mois. Par contre dans le salon il y a des bouteilles de bière sur le sol. Ils ont pris la précaution de mettre des gants ne voulant pas salir un lieu qui peut devenir une scène d’enlèvement ou tout au moins un lieu qui aurait pu servir de planque. En effet dans la chambre du haut il y a une longue vue qui est braquée sur le ciel, mais il est facile de la braquer sur la plage qui se trouve en face. Leurs doutes deviennent certitude, quand soudain une voiture s’arrête devant le porche, en descend Bernard dit »Bernie » comme lui a dit le père de Claudie. Mince les voilà pris au piège. Que faire ?

 

Ce week-end Marine n’a pas vu son bourreau mais Claudie dont le ventre s’arrondit a été remise dans la cellule voisine. Elles sont tombés dans les bras l’une de l’autre, puis Éric a mis fin à leur effusion en leur disant :

  • vous allez rester ensemble, n’imaginez pas que vous allez pouvoir partir, c’est impossible ; quant à toi Claudie tu m’as déçu, je pensais que tu m’aimais, mais ta fuite d’hier m’a beaucoup peiné, je pensais t’emmener te promener, mais je te punis en t’enfermant dans cette cellule qui, je sais te fait faire des cauchemars toutes les nuits. Vous pourrez vous déplacer, je vous laisse la lampe allumée. Voici de la nourriture pour ces deux jours et quatre bouteilles d’eau. Ne les mélangez pas j’ai écrit vos prénoms sur celles que vous devez boire. Nous serons de retour dimanche dans la nuit. 

    Et, sur ces paroles il avait tourné les talons et Marine et Claudie s’étaient prise dans les bras, avaient pas mal pleuré et rit aussi, car il leur fallait extérioriser leurs peurs. Claudie avait une pommade dans la poche de sa robe, Éric la lui avait donnée pour qu’elle l’applique sur les hématomes de Marine. Au départ elle avait refusé, mais Claudie l’avait persuadé de se soigner mais elle la comprenait.

    • Tu ne veux rien accepter d’Éric ?
    • Comment peux-tu l’appeler par son prénom, tu as voulu t’échapper, de suite il te punit en t’enfermant ici, alors que tu attends un enfant. Et si l’enfant s’annonçait.
    • Ce n’est pas encore le moment, je ne suis enceinte que de 5 mois, si j’accouche je perdrais l’enfant.
    • Parce que tu veux le garder ! Tu es folle Claudie, c’est l’enfant d’un viol, toute ta vie il va te le rappeler.
      • Tu sais Marine, cet enfant je le sens bouger, ce n’est pas de sa faute, puis son père l’aime.
      • Ses pères tu devrais dire, tu ne sais même pas qui est le père.
      • Bernie dit que ce n’est pas le sien car il est stérile.
      • Ah bon, il est marié ?
      • Non, mais il a eu les oreillons l’an passé et le médecin lui l’a dit.
      • Alors son père l’aime, il aurait pu te pardonner de t’être enfuis, puis ne parlons pas d’eux. Dis-moi as-tu vu où nous sommes.

Tout en parlant à Claudie, Marine buvait sa bouteille d’eau, elle avait tellement soif que rapidement elle s’effondrait telle une poupée de chiffons. Sa bouteille d’eau devait contenir un puissant somnifère. Claudie ne voulant pas se retrouver seule décide contre l’avis du père de son enfant de boire la fin de la bouteille de Marine. Elle aussi s’endort. Ni l’une ni l’autre n’entendent des portières de voitures qui claquent, ni des enfants chantés. Elles dorment d’un profond sommeil.

Pendant ce temps à la maison du lac où leurs pères se trouvent pris au piège, il y a du nouveau car après l’arrivée de Bernie voici l’aîné qui arrive, il donne le bras à sa mère. Il l’installe dans un fauteuil sur la terrasse et aidé de son frère fait rapidement disparaître les bouteilles du salon. Soudain les deux pères qui ne font aucun bruit à l’étage voient arriver une camionnette blanche, en descend le plus jeune des frères, c’est un homme grand, genre ours des bois, il a un regard qui fuit, c’est exactement le signalement que lui en a fait la dame en bordure de forêt. C’est lui le kidnappeur, le père de Marine comprend qu’il n’y a pas de doutes. Mais ni l’un ni l’autre n’ont emporté leur mobile. Il leur faut partir par le balcon qui se trouve dans la chambre d’à côté, en s’aidant des chenaux et de l’arbre ils devraient y arriver, ensuite ils s’en iront par les champs et regagneront le chemin, il ne leur faut en aucun cas passer par où ils sont arrivés.. A la police ils se feront discrets, ils ne divulgueront pas qu’ils se sont introduits dans une maison. Ils signaleront juste la camionnette avec un conducteur qui répond au signalement donné par plusieurs témoins. Mais avant de partir ils relèvent l’immatriculation, cela peut toujours servir.

Après s’être enfuis comme des voleurs ils se sont rendus au commissariat, l’inspecteur n’était pas là, mais le plancton, celui qui faisait la permanence les avait assuré qu’il préviendrait son chef. Ils avaient insisté pour qu’il lui téléphone séance tenante, mais il les avait congédiés, les assurant de son professionnalisme. De force, ils étaient repartis et avaient attendu leur arrivée, hélas il avait fallu se rendre à l’évidence, aucun gyrophare n’était venu troubler ce weekend. Que s’était-il passé ? Personne ne les avait pris au sérieux. Le père de Marine s’en voulait, tout se liguait contre eux. Déjà deux semaines depuis la disparition de sa fille chérie. On entamait la troisième semaine. Ils avaient vu le fils aîné s’en aller, dans la voiture il y avait sa maman, il n’était pas revenu. A minuit, rien n’avait bougé, les deux camionnettes étaient toujours devant la maison, les deux frères devaient passer la nuit. Le père de Claudie avait promis à Mr Duchamps de le prévenir si la camionnette blanche partait, quitte à ce qu’il la suive.

Ce lundi matin quand Marine se réveille, elle sent de suite qu’elle n’est plus sur le matelas mais attaché sur le ventre de Pierrot, sans faire trop de bruit, elle arrive à lire sur sa montre qu’il est 7 h du matin, depuis quand est-il là ? Elle ne s’est même pas rendu compte de son arrivée. Est-ce qu’il lui a fait subir des violences, en tous les cas elle n’a rien senti, à moins que ce soit cela qui l’ait réveillé. Brutalement elle croise son regard, elle voit comme une flamme de folie à l’intérieur. Il est nu, il la bascule sur le côté car il aime l’écraser se met à califourchon sur elle et essaye de la pénétrer, elle le voit pour la première fois en érection, il rigole, il semble content, elle ne peut rien faire, il est énorme, corpulent il l’écrase totalement, quand il réussit à la pénétrer elle n’a pas mal mais sent de suite qu’il n’a pu se retenir, aussitôt son pénis devient mou et flasque, cela a dû l’épuiser, car il la lâche et s’endort d’un sommeil lourd mais elle a les deux pieds d’attachés.

 

A suivre…

 

Auteur : Eva Joe

Ma plume ne s'essouffle jamais, elle dessine des arabesques sur la page de mes nuits, elle se pare comme un soleil en defroissant le ciel. En la suivant vous croiserez tantôt Pierrot et Colombine dans mes poèmes ou Mathéo et son secret et bien d'autres personnages dans mes nouvelles et mes suspenses.

6 réflexions sur « Le souterrain de la désespérance ( suite 8) »

  1. Dommage que le planton n’ait pris les pères au sérieux, cela aurait accéléré la libération des jeunes filles. Les horribles types! Cela glace le sang.
    Gros bisous

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  2. Oh ! La ! La ! Faudrait qu’ils croient les pères, ou bien, il y a autre chose là-dessous …
    Bon matin EvaJoe et agréable vendredi tout entier !
    Bisous♥

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  3. Qu’est-ce que c’est que ce commissariat ?
    Vivement que le calvaire des filles prenne fin.
    Oui, c’est difficile à comprendre la réaction d’une future maman violée. J’ai connu une jeune fille à qui c’est arrivé et qui a eu cet enfant. A l’époque je ne comprenais absolument pas.
    Bisous

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