- Ah autres choses avant que vous partiez, je ne me fais pas connaître à qui que ce soit, y compris à Louise, il est possible qu’elle ne soit pas contente quand elle apprendra qui je suis, mais en l’état actuel des choses je préfère me préserver. Personne ne doit savoir que je suis la petite Amélia, du reste j’ai bien changé depuis nos 15 ans. Je vous dirais la raison de ma présence ici quand j’aurais fait le point. Car cette voiture qui me suivait ne m’inquiète pas outre-mesure mais il faut que je comprenne dans quel engrenage je me suis mise en réapparaissant dans la ville de notre adolescence.
- Mais tu faisais quoi avant de venir ici.
- J’étais photographe en free-lance
- Et bien cela doit te changer d’être dans la « barbaque »
- Effectivement, mais je sais m’adapter à toutes situations, par contre j’espère ne pas m’éterniser trop longtemps ici. Car je pense quitter la France dès septembre.
- Tu as trois mois devant toi !
- Deux, car j’ai pris un billet d’avion pour le Pérou pour le 8 septembre.
- Ah ! Et aujourd’hui tu ne veux pas nous en dire plus ?
- Non, plus tard, mais pour l’instant je dois mettre mes idées au clair,
- Cela a un rapport avec la disparition de ta maman ?
- Oui !
- Alors nous attendrons, on te comprend.
Quand Amélia referme la porte, elle espère avoir mis ses amies en confiance, et surtout elle espère qu’elle ne sera pas trahie par Cathy et Lisette. Pendant les quinze jours qui suivirent ces rencontres secrètes, rien ne s’était passés, la vie aux abattoirs suivait son cours, personne n’avait embêté Myriam, elle pouvait flâner, personne ne la suivait, du coup son amie d’enfance Lisette était repassé par la petite route et avait appris par des fermiers qu’elle connaissait, qu’une grosse cylindrée noire avait quitté la route lundi en quinze. Cela confirmait les dires d’Amélia. Étrange ! Qui pouvait-il être ? Personne n’en n’avait rien dit ni dans les journaux, ni dans les laboratoires. Elle se demandait si elle devait en faire part à Amélia ; mais compte tenu qu’elle ne savait pas la raison pour laquelle elle était revenue, elle avait décidé de se taire, en espérant ne pas commettre une bévue.
Myriam partait tous les weekends dans la maison qu’elle avait héritée de sa maman disparue six mois plus tôt dans l’accident d’avion de la Malaysia Airlines. Avant de vendre cette maison, elle avait besoin encore une fois de caresser les bibelots entassés par sa mère et rapportés de ses voyages. Mais surtout de reprendre ses esprits et de comprendre ce qu’elle avait trouvé au fond de ce coffre fermée par une clef remise par le notaire il y avait tout juste trois mois. Au début Myriam n’avait pas osé l’ouvrir, puis en s’enhardissant elle avait introduit la clef dans la serrure. A l’intérieur il y avait un nombre impressionnant de photos prises au Pérou. On y voyait une fillette descendant des escaliers d’une jolie maison, puis cette même fillette était devenue une jeune fille, les photos de cette même jeune fille plus âgée il y en avait des tonnes jusqu’à celle du Machu Picchu, où au dos il était noté « Adieu à mes amours » et la signature était celle de sa mère. Ses amours ? Qui étaient-ils ? Ses parents ? Un mari et des enfants ? Elle ne savait pas, Myriam avait eu beau chercher un lien avec cette phrase, elle ne comprenait pas ce que cela signifiait, mais auparavant il lui fallait régler une autre énigme en France à moins qu’elle ne soit relié entre elle ! Dès qu’elle aurait compris, elle quitterait la France et se rendrait au Pérou, mais en attendant elle avait méticuleusement continué à voir défiler sous ses yeux la vie de sa maman. L’Université à Paris grâce à l’argent que son père diplomate possédait, puis la coupure avec ses parents ca ils n’approuvaient pas ses fréquentations. Cela remontait vingt-six ans plus tôt. C’était certainement de son père qu’il s’agissait, c’est ce qu’elle pensait quand elle en était arrivée à ces courriers échangés entre sa maman et ses grands-parents. Mais, hélas elle s’était vite rendue à l’évidence, ce Pablo n’était pas son père, il était mort dans des circonstances mystérieuses la veille de leur mariage. Sa mère soupçonnait ses parents d’avoir fait assassiner par des hommes de mains l’homme qu’elle aimait. Puis pendant six mois il n’y avait pas d’indices, aucune lettre, enfin si il y en avait mais elle ne les avait pas ouvertes, ni sa mère, mais au vu des timbres elle savait qu’elles venaient du Pérou. Possible qu’avant de partir là-bas, elle serait obligée de les ouvrir. Pour l’instant elle pouvait vivre sans le faire, mais cette voiture entraperçue derrière elle pas plus tard que ce matin l’inquiétait ; aussi elle devait être prudente, et surtout trouver une cachette pour ce coffre. Mais auparavant il lui fallait relire les papiers la concernant et plus particulièrement les courriers échangés entre celui qui semblait être son père et sa maman. Toutes ces lettres étaient postées à deux pas de l’appartement où elle demeurait depuis trois semaines. Et, dans l’une d’entre elles, Amélia avait lu que son père avait bien avant sa naissance remis une clef à sa mère, cette clef ouvrait l’appartement où elle logeait actuellement. Dans l’échange des lettres entre celui qui était son père et sa mère elle découvrait un amour à la fois torride, tendre, passionnée jusqu’à ce que sa mère lui avoue se trouver enceinte. A ce moment-là tout changeait. Il la licenciait, tout en lui disant de garder cet appartement et d’en faire ce que bon lui semblait. Puis plus rien jusqu’à la naissance d’Amélia. Et, là à nouveau une lettre où sa mère avait souligné les passages les plus durs. En vrac, elle en avait relevé quelques-uns :
« Sale garce tu as essayé de m’avoir, je ne veux pas entendre parler de cette gamine, débarrasse le plancher, mais auparavant rend moi la clef de l’appartement. Puis il y avait une série de menaces. Je vais te pourrir la vie, quand à ton fils tu ne le verras plus jamais, du reste c’est un enfant ingrat, je pense le mettre dans un pensionnat jusqu’à sa majorité. Je lui dirai que tu l’as abandonné comme l’autre. »
C’était ce mot qui avait chagriné Amélia, ce père qui se fichait pas mal d’elle, parlait d’un autre enfant. Comment ce frère dont elle ignorait tout avait pu se construire loin de sa mère et de son père ? Quelle vie avait-il ? Était-ce Olivier ? Elle en était là de ces réflexions quand la sonnette de la porte d’entrée lui fit perdre ses moyens. Personne ne savait qu’elle était là, elle ne connaissait personne au village, et pourtant maintenant on tambourinait. Alors en glissant sur le sol plutôt qu’en marchant, elle jette un coup d’œil dans la petite cour, il y a une Clio noire, alors s’armant de courage elle demande :
-
- Qui êtes-vous ?
- Mon nom ne vous dira rien, mais j’ai des révélations à vous faire,
- Ah sur qui ?
- Sur le passé de votre mère ?
- Je sais tout de ma mère elle ne m’a jamais rien caché, je ne vois pas ce que vous pouvez m’apprendre.
Tout en lui répondant ça, elle sait qu’elle se voile la face car sa mère lui a caché une partie de sa vie, ces grosses berlines qui la suivent, ces hommes sont-ils de connivence, elle ne sait pas et n’ose pas ouvrir. Elle est complètement paniqué si la famille Carrée la voyait elle ne la reconnaîtrait pas.
- Amélia !
Elle sursaute, cet homme connait son prénom, qui peut-il être ?
- Amélia ! Je suis votre frère aîné
- Mon frère aîné, ce qui veut dire que j’ai d’autres frères ?
- Oui !
- Qui ça ?
- Je pense que vous le connaissez mais vous espérez que ce ne soit pas lui !
- Olivier ?
- Oui
- Et vous quel est votre prénom ?
- Amélia, laissez-moi entrer, en me voyant vous comprendrez, puis je vous expliquerais tout. Je sais que vous avez peur, mais je ne vous ferais pas de mal.
- Quel est votre prénom ?
- Pablo !
- Pablo ?
- Oui, je suis le fils de Pablo l’homme qui aimait votre, enfin notre mère, mais personne ne l’a fait tuer, il est mort seul, c’était un accident stupide, si notre mère avait ouvert les lettres elle aurait compris, tout est expliqué à l’intérieur.
- Qui a écrit ces lettres ?
- Notre grand-père !
- Est-il encore de ce monde ?
- Oui ! Il nous attend tous les trois
- Qui est le troisième Olivier ?
- Justement c’est la raison pour lequel je suis devant ta porte, tu dois tout me dire d’Olivier, comment est-il ? Est-ce qu’il a des traits communs avec toi ? Avec notre mère ? Avec moi, mais pour cela tu dois m’ouvrir Amélia.
Amélia est partagée entre la peur de se faire avoir, et le désir de connaître ce Pablo qui lui dit être son frère. Peut-elle lui faire confiance ? Mais avant qu’elle n’ouvre la porte, elle lui demande de glisser sous celle-ci son passeport ; et, après elle avisera.
- Je vais faire mieux, je te glisse ma carte de visite, mon sésame ouvre-moi ?
Lorsque la carte est dans les mains d’Amélia, elle est stupéfaire, on dirait sa mère en homme, et sa carte n’est pas banale, c’est une carte de police, elle comprend et lit l’espagnol. Aussi se décide-t-elle à ouvrir sa porte, complètement rassérénée. Il y a juste un moment de flottement puis les deux jeunes gens se jettent dans les bras l’un de l’autre.
Les premiers moments d’émotion passés, Pablo lui explique la raison de sa présence, mais avant de s’en aller tous les deux vers le Pérou, il comprend qu’elle doit régler son passé en France. Elle n’a nulle envie de faire la connaissance de son père, mais elle veut en apprendre davantage sur son frère Olivier, mais Pablo a des doutes quant à son identité, aussi il va l’aider pour découvrir qui est réellement ce dernier. C’est Pablo qui lui confirme l’identité de son père, c’est bien le vieux, le grand Manitou des Abattoirs Carré, RC pour Rolland Carré, ce sont les deux lettres entrelacées sur les mouchoirs de sa mère. Son intuition l’avait bien amené au bon endroit, mais lorsque Pablo apprend qu’elle a été suivie, il s’en inquiète et se demande la raison pour laquelle beaucoup de gens s’agitent autour de sa petite sœur.
Après avoir quitté Pablo, elle se remémore cette journée, sa vie vient de basculer, de fille unique, la voici la petite sœur de deux frères, bien que Pablo ait des doutes sur l’identité réel du jeune Olivier. Pourtant il se ressemble. Tous les trois ont les cheveux d’un noir magnifique, chez Amélia il cascade en belle boucle, et chez les deux garçons on sent qu’ils sont rebelles et indisciplinés. Elle a vu des photos de Pablo enfant, il avait les cheveux longs bouclés comme ceux de sa sœur. Olivier quant à lui il fait en sorte de les laquer mais les filles du laboratoire parlent toutes de ces magnifiques cheveux bouclés quand il vient les lundis matins sans avoir dormis. Par contre ce qui la chagrinait avant de connaître Pablo, c’était la couleur de sa peau, elle avait une peau blanche laiteuse, Olivier était plus basané, par contre Pablo est cuivré. La seule choses qu’ils ont de commun ce sont leurs yeux verts. Pablo et Amélia ont les mêmes. Olivier ils sont certes vert mais différents. Quant au demi-frère d’Amélia, il a environ 45 ans blond comme les blés les yeux d’un bleu métallique, une allure athlétique et c’est Gilbert « le boss des Laboratoires Carré »
Tout en roulant vers Tours, elle se remémore les propos de Pablo, il aimerait qu’Amélia barre la route à Olivier en lui disant qu’il est son frère, car il connait sa réputation et n’aimerait pas que sa jeune sœur soit entraîné dans une histoire sordide.
Pour l’instant ce n’était pas possible il lui fallait rencontrer son père, « le Vieux « comme tout le monde le nommait. Mais pour entrer dans la grande villa cossue qui était sur la colline il fallait montrer patte blanche, aussi c’était la raison pour laquelle avant de confier le coffre où était résumé une partie de sa vie, elle avait prélevé une lettre incendiaire de son père, pour lui l’a retournée sans un mot. Après elle attendrait pour voir la tournure qu’allait prendre la réaction de celui qui était son père.
Mais hélas en arrivant lundi à 4 h tout allait se liguer contre elle. En effet lors de l’ouverture de l’abattoir et du déchargement des bêtes, couchés sur une des tables il y avait un macchabée sans tête.
A suivre
oh merde un mort 😦
Homme ou femme ?
Bisous
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Que de surprises. tu sais tenir tes lecteurs en haleine. Ce Pablo est très sympathique.
Et on termine sur un mort décapité. Fichtre! Le suspense va crescendo.
Oh la la!
Gros bisous
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Oh ! Qui peut bien être ce mort ! Ouf !
Bon mardi EvaJoe !
Bisous♥
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Oh mince, c’est grave, qui est ce mort ?
Bisous
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Tu as dit « un » mort. Donc, normalement un homme. Alors le boss ou son fils ?
Ah non, j’avais dit que je ne me ferais pas d’idées !
Bisous
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