Le cri d’Abéba

 

 

Les voici repartis avec un guide supplémentaire qui est l’oncle de Mathéo, ils ont abandonné leur 4X4 pour prendre des chameaux, habillé comme un des leurs, Pierre se confond dans le paysage désertique. Hormis son visage pale comme le lui a fait remarquer Idriss il fait très Djiboutien. Son statut est celui d’un étranger qui veut faire reculer le désert avec un projet innovant, il a  des papiers faux bien évidemment qui prouvent qu’il a déjà suggéré cette idée en Ethiopie. Il doit rencontrer d’ici deux jours un dignitaire de Djibouti, il en profitera pour acheter différents vêtements qui lui seront d’un grand secours au cours des jours qui suivront. Il restera ici le temps nécessaire mais on lui a demandé de faire vite et d’aller à l’essentiel, mais c’est mal le connaître quand il prend une affaire en main il va jusqu’au bout. Il a reçu l’ordre de revenir au bout de deux mois, il espère bien mettre fin à ces horreurs avant la fin de ce mois. Il va se faire pousser la barbe car à Djibouti il est très connu à la fois par ceux du Gouvernement et à la fois par le Colonel chez qui avait lieu ces petites sauteries dont il n’avait jamais entendu parler ; depuis il ne fait que culpabiliser s’il y était allé il les aurait confondu beaucoup plus tôt, mais Bastien lui a dit que si on ne lui l’a jamais proposé c’est que l’on connaissait son intégrité.

 

3ème Partie

 

Assis à même le sol dans la position du lotus, un homme fait son yoga, c’est l’image que lui envoie ce lieu situé en plein désert. Cet homme, il l’a la sensation de le connaître, mais avec un chèche comme ceux que l’on trouve dans l’Afrique de l’Ouest, cela lui est difficile de le reconnaître. Il a le visage buriné, une barbe lui mange le bas du visage, mais la position lui rappelle un de ses hommes lorsqu’il était à l’armée, mais il n’arrive pas à mettre un nom sur son visage, et c’est ce moment que choisit Guillaume pour lui le présenter :

  • Pierre, voici Mr X, il a déjà été d’un grand secours et là il nous offre à nouveau ses services ;

Les deux hommes se serrent la main et l’un comme l’autre se regarde et Monsieur X lui dit :

  • Mon Capitaine c’est moi Xavier l’aide de camp du Colonel !
  • Monsieur X ! Xavier, mais vous avez finalement quitté l’armée ?
  • Quitter n’est pas tout-à-fait le mot, jeté comme un malpropre, mais finalement au vu des évènements que Monsieur le Consul m’a communiqué, cela me fait dire que je les gênais. Alors que deviens-tu ? Toujours capitaine.
  • Non je me suis recyclé si je puis dire je suis commandant d’une petite escouade de gendarmerie. Je suis reparti en France et c’est mon ami Bastien qui est venu à Djibouti.
  • Toi tu as pris du grade moi j’ai été rétrogradé.

Et sur ce trait de génie il s’esclaffe !

  • Mon Commandant je vais vous présenter une femme qui va vous apprendre ce qu’il s’est réellement passé et la raison de notre et de votre présence dans ces contrées peu hospitalières.

Il se retourne et à ce moment-là accompagné de Guillaume apparaît une beauté, une femme magnifique, assez jeune, portant un foulard sur la tête et habillée en pantalon ce qui me fait sourire dans un premier temps mais dès qu’elle va se présenter, je comprends mieux son accoutrement.

Monsieur Pierre je suis Abéba la sœur d’Assia, j’ai été sauvé par Monsieur X, comme vous le savez j’étais devant le Consulat mais j’ignorais qu’il était fermé, et en repartant, complètement désespérée j’ai été enlevé mais c’était pour la bonne cause. Il m’a soustrait aux griffes des hommes du Commandant Ben et aussi du Colonel, car c’est à cause d’eux que mon beau-frère a dû envoyer sa petite famille en France, mais il faut que je vous raconte une histoire qui est fort triste.

Guillaume qui doit être au courant de ce qui s’est passé, prépare en compagnie de Xavier et des autres hommes qui vont nous suivre les 4X4, démonte la tente et nous donne une heure pour être prêt.

Quand je monterais au Mont Pourris l’été prochain je me remémorerais ces mots confiés par la jeune Abeba. Et, je pense que pendant le temps que je vivrais je n’oublierais jamais ces évènements.

  • J’étais le treizième enfant et leur dernière fille, mes parents ont permis à mes frères de faire des études, et seule Assia a poursuivi au-delà du lycée. On a toujours été à l’école française tenue par des religieuses, mais c’était à Djibouti, on dormait sur place car on avait trop de kilomètre pour rentrer chez nous. J’aimais me promener à Djibouti et un soir j’ai croisé le regard d’un soldat de l’armée française, mais j’ignorais son grade.  C’était le Colonel, je n’aurais jamais dû me trouver là, mais j’avais fait le mur avec une de mes amies qui voulait aller voir son amoureux, moi je m’ennuyais en l’attendant. A cet époque j’avais à peine 15 ans et si je comprenais le français et le parlait je ne pouvais pas encore réellement tenir une conversation. Ce Colonel m’ prise pour une prostituée car il faut savoir que dans les années 90 des femmes Ethiopiennes fuyaient la famine et passaient la frontière sans papier, encore moins avec un passeport et venaient offrir leur service aux soldats, les plus débrouillardes faisaient du commerce avec le Yémen. D’autres offraient leur service et devenaient des bonnes chez les gradés et aussi chez les dignitaires Djiboutiens. Si chez la plupart tout se passait bien, hélas comme de partout il y a de mauvaises personnes. Pour en revenir à cette rencontre, le Colonel m’a demandé si j’aimerais monté dans sa jeep. A 15 ans on est naïve et si en France on met en garde les enfants contre les prédateurs, jamais mes parents n’avaient pensé que j’aurais à subir ce genre de situation.
  • Mes yeux ont dû briller de plaisir car je l’entends encore rire et me dire : «  allez ma petite poulette viens je vais te promener. » Je l’ai entendu dire à son chauffeur d’aller se promener qu’il le récupérerait plus tard. Je suis montée à ses côtés et nous avons roulé, en chemin il avait des gestes que maintenant je trouverais de « déplacé » il mettait sa main sur ma cuisse et par deux fois je lui ai dit non quand sa main essayait de remonter le long de ma jupe. J’avais à peine 15 ans, je ne comprenais pas ce qu’il voulait, même si des filles plus grande que moi parlaient librement d’amour, je ne savais pas trop comment à cet époque les bébés naissaient. Il voulait que j’aille me baigner mais je n’avais jamais eu de maillot de bain et je ne portais que mes sous-vêtements, mais il s’en moquait complètement et il a commencé à me déshabiller de force. Je me suis retrouvée rapidement en slip et soutien-gorge. Quand je me suis retrouvée presque nue devant lui, il a sifflé et m’a fait comprendre que j’étais fort belle, c’est vrai qu’à ce moment-là j’étais fière quand les garçons se retournaient sur mon passage et que cet homme de plus de 35 ans me le disent, et , en plus un français, j’ai dû rougir car il a pris mon visage dans ses mains et a commencé à m’embrasser, pas un baiser de cinéma non, mais des petits bisous qu’il déposait partout sur mon visage, mon cou, mes seins, ma bouche aussi mais sans me forcer à l’ouvrir, juste comme un fou.
    • Je ne savais pas ce qu’il fallait faire, puis brusquement il a oublié la plage, la mer et il m’a allongé sur le sable et là ma peau contre la sienne j’ai reçu dans mon corps comme des décharges électriques je ne savais pas ce qu’il voulait. J’étais nue dans ses bras, ma culotte gisait à quelques mètres et mon soutien-gorge il me l’a quasiment arraché , ce jour-là je n’ai dû mon salut qu’à une bande de soldats qui venait se baigner. Il s’est relevé plus vite qu’il ne m’avait allongé et m’a dit file et ne reviens pas encore une fois m’aguicher.
    • Aguicher je ne connaissais pas ce mot, mais me laisser seule sur une plage avec une bande de soldats n’étaient ni correcte ni très intelligent, car les hommes l’avaient salués. Je me suis habillée et j’ai commencé à aller vers la ville, mais à ce moment-là Xavier, enfin Monsieur X m’a vu et j’ai su que j’étais sauvé. Il m’a dit :
  • Quel âge as-tu ?
  • J’aurais bientôt 15 ans !
  • Il est fou ce Colonel ! Il ne t’a pas demandé ton âge ?
  • Non !
  • Tu aurais dû lui le dire, il ne t’a pas violé ?

 

A suivre…

Auteur : Eva Joe

Ma plume ne s'essouffle jamais, elle dessine des arabesques sur la page de mes nuits, elle se pare comme un soleil en defroissant le ciel. En la suivant vous croiserez tantôt Pierrot et Colombine dans mes poèmes ou Mathéo et son secret et bien d'autres personnages dans mes nouvelles et mes suspenses.

7 réflexions sur « Le cri d’Abéba »

  1. Pauvre fille! Elle l’a échappé cette fois là! Brr. Le mot prédateur est faible pour ce type. Il faudrait lui en inventer un! Quelle horreur! Triste réalité hélas un peu partout sur la planète.
    je m’étais bien plantée pour Mr X, c’est un mec bien. 🙂 Heureusement qu’il y en a aussi pour contrebalancer les autres pourris.
    Gros bisous

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