Le cri d’Abeba (suite)

Mais c’est à ce moment que le Colonel est arrivé, il m’a ordonné de monter et m’a ramené à l’école des sœurs, devant Xavier il m’a dit que je ne devais pas fuguer sinon demain je serai obligé de me prostituer. Je n’ai rien osé lui dire, mais quand je suis arrivée devant l’école il m’a accompagné et a dit aux sœurs qu’il me ramenait car il m’avait trouvé sur la plage en train de flirter avec ses hommes. J’ai reçu une claque de la mère supérieure et elle m’a envoyé me coucher mais le Colonel lui a demandé si je ne pouvais pas venir travailler chez lui car sa fille de 8 ans était gravement malade et elle ne pouvait plus venir à l’école. Je la connaissais sa fille, elle était mignonne et sa peau était transparente mais je n’ai connu la raison  que lorsque je me suis retrouvée dans sa maison. Car mes parents étaient contents que le Colonel ait pu poser ses yeux sur moi et me prendre à son service était pour eux une magnifique récompense. Je n’ai jamais osé leur dire la raison pour laquelle il l’avait fait, il avait obtenu mon silence, je ne dirais rien à mes copines de l’école et en plus il m’aurait sous la main.

Notre seconde rencontre eu lieu deux jours après mon arrivée chez lui, j’étais seule car sa fille avait été emmenée à l’hôpital, elle souffrait d’une maladie de rein et tous les deux jours elle se rendait à l’hôpital où officiait un médecin de l’armée.

Il est venu dans la chambre que j’occupais chez eux, je peignais mes cheveux, il s’est littéralement jeté sur moi et il m’a violé, il a mis sa main sur ma bouche au cas où mes cris alertent les autres domestiques. Quand il est parti il m’a dit :

  • Tu es à moi, personne ne pourra te toucher, dans ton pays les filles déflorées sont des filles de mauvaises vies.

J’étais dans un état second, je ne savais pas ce qu’il fallait faire, mais j’ai eu la présence d’esprit de me laver et me relaver, je me sentais sale. Je m’en souviens comme si c’était hier car c’était le jour de mes 15 ans.  Chez nous les filles se marient à 15 ans, il savait pertinemment ce qu’il faisait. Mais deux heures après il est revenu à la charge, je me suis recroquevillée sous mon bureau, il m’a sorti de dessous, il riait et empestait l’alcool, là il a été plus gentil mais j’avais encore mal, il m’a dit je ne te viole pas, je te fais l’amour, rappelle-toi ça, car si un jour tu portes plainte contre moi je dirais que tu m’as aguiché.  Je me suis mise à pleurer alors il a refermé sa braguette et m’a dit ne pleure pas, je vais te couvrir de cadeau. Sur le soir il m’a apporté un bracelet en argent, mais je ne savais pas ce que cela voulait dire, mais je l’ai su quelques semaines plus tard lorsque j’ai croisé le Commandant Ben à la caserne où j’étais venu chercher la fille du Colonel qui m’attendait. Avant de rentrer dans le bureau du Colonel, j’attendais dans une pièce lorsqu’à la porte est apparu un homme dont beaucoup de personne sur Djibouti se méfiait, moi je ne l’avais jamais rencontré et je ne savais pas qui il était, il m’a demandé d‘un ton fort gentil qui j’étais, lui ayant répondu la nounou de la fille du Colonel, il m’a pris la main, a remonté ma manche et m’a dit : «  tu es la chose du Colonel, sa petite maîtresse », je ne lui ai pas répondu, j’ai baissé les yeux, il a ajouté, alors tu as aimé, tu as pris ton pieds. Mais à nouveau je n’ai rien dit, je comprenais qu’il pensait que j’aimais ce que le Colonel me faisait subir, mais je ne pouvais pas lui dire qu’il m’avait violé, mot que le Colonel avait mentionné quand il m’avait menacé. C’est sur ses entrefaites que le Colonel est arrivé, il était là sans sa fille et j’ai vite compris qu’il m’avait tendu un piège. Il m’a regardé avec un sourire méchant, et il a dit au Commandant Ben  «  tu la veux, je te l’offre pour la journée » Et je suis repartie complètement terrifier avec cet homme qui s’est avéré méchant et brutal et je suis devenue « la petite pute «  de ces deux animaux. Si le Colonel me donnait un cadeau, Ben me le reprenait, et si mon patron me le demandait, je n’osais pas lui dire que c’était son ami qui me l’avait repris, alors il me frappait en me disant que je l’avais perdu alors qu’il savait que l’autre prouvait de cette manière qu’il m’avait possédé.

 

Je m’occupais de sa fille et il me martelait chaque fois qu’il me possédait que j’étais sa maîtresse. Il m’avait fait un passeport car j’ai fait des séjours en France lorsque j’accompagnais sa fille et sa femme. Dès le premier jour sa femme s’est doutée que son mari me violait, mais j’étais à ses yeux que du menu fretin et elle s’en fichait du moment que son mari se protégeait, mais deux ans plus tard, une autre jeune fille est rentrée à son service et il ne s’est plus occupé de moi. J’aurais dû être soulagé mais à partir de ce moment-là j’ai sentis comme une menace encore plus terrible qui était au-dessus de ma tête. J’aurais dû quitter la maison puisque je savais ce qui allait arriver à la jeune institutrice, mais elle était blanche et la raison de sa présence c’est que le Colonel l’avait mise dans son lit sans la violer c’est du moins ce qu’elle m’avait dit. Je n’ai jamais pu savoir si c’était vrai ou faux, car moi non plus je n’aurais jamais dit à qui que ce soit qu’il m’avait violé, mais jamais je n’aurais dit être sa maîtresse.

Je devais quitter le Colonel et sa femme pour être au service du Commandant Ben, car bien entendu si le Colonel ne s’occupait pas de moi, il me prêtait à des amis à lui comme il disait, et mon calvaire a continué, mais je ne souffrais plus comme les premières fois, j’étais passive et me laissait faire. Mais le jour de mon départ la petite fille du Colonel est tombée en syncope, bien entendu la « Colonelle » comme tout le monde l’appelait m’a fouettée disant que c’était ma faute. Le Major qui est venu l’examiner a dit qu’il fallait lui faire une greffe d’un rein et il a dit au Colonel il faut faire un appel à tous vos hommes y compris à vos employés pour trouver un donneur compatible. Mais Madame ne voulait pas le rein des noirs, son mari s’est fâché et lui a dit je me fiche de leur couleur un rein, reste un rein.

Si pour les soldats, ce n’était pas obligatoire, pour nous les employés c’était une forme de remerciement à nos patrons. Quand les résultats sont arrivés j’étais la seule de compatible.

  • Sa fille a votre rein ?
  • Sa fille est morte
  • Ah et on vous a fait payer sa mort ?
  • En quelques sortes oui, Madame la Colonel m’en a voulu .Je suis restée entre la vie et la mort, pendant que la petite Charlène faisait un rejet et en est morte.

J’ai réussis à m’en sortir, mais le Colonel ne pouvait plus supporter que je sois présente lors des repas des deux autres enfants, aussi il m’a mis au service de sa femme et je suis devenue son souffre-douleur, jusqu’au jour ou excédé je lui ai jeté au visage que j’avais été la maîtresse de son mari. A compter de ce jour je suis devenue celle qui gênait et dont il fallait se débarrasser. Je ne pouvais pas vous raconter cela dans la vidéo aussi ai-je inventé autres choses pour que vous puissiez me venir en aide. Mais j’ignorais que je serais sauvé par le chauffeur du Colonel. Par contre c’est bien pour me défigurer qu’elle m’a rasé mes cheveux, la première fois que le Colonel m’a vu il s’est exclamé : « même avec un chapeau sur la tête tu seras toujours belle, j’aimerais que nous reprenions nos petits jeux. »

 

A suivre…

Auteur : Eva Joe

Ma plume ne s'essouffle jamais, elle dessine des arabesques sur la page de mes nuits, elle se pare comme un soleil en defroissant le ciel. En la suivant vous croiserez tantôt Pierrot et Colombine dans mes poèmes ou Mathéo et son secret et bien d'autres personnages dans mes nouvelles et mes suspenses.

7 réflexions sur « Le cri d’Abeba (suite) »

  1. Mince alors…………..on ne s’attend pas du tout a tous cela se peut-ils que de telle barbarie arrive??? Je reste assez choquée de cette lecture car si on arrive à écrire des fait de ce genre c’est que quelque part on en a entendu parler non? rassure moi cela ne peut être….Bisoussss

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    1. J’ai lu il y a quelques années, je ne me souviens pas du pays que des gens profitaient de la pauvreté des autres pour leur acheter leur sang; et aussi ailleurs en Inde ils vendaient leurs reins ou poumons…Parfois la réalité est pire que la fiction. Quand aux yeux j’ai poussé un peu loin j’espère que cela n’a jamais existé….

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  2. J’étais au courant de ces ventes d’organes ou de sang qui se pratiquent dans certains pays pauvres, c’est grave et lamentable.
    Pauvre fille, ce qu’elle a pu subir ! mais si elle correspond à la photo que tu as mise dans ta news, elle est vraiment très belle.
    A très vite pour la suite, bisous.

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  3. Bonsoir Evajoe,

    Terrible ce témoignage. Hélas, la réalité dépasse bien souvent la fiction.
    J’ai lu les commentaires qui me précèdent. Moi aussi j’ai entendu des choses atroces à propos des greffes d’organes. Les indiens qui vendent une partie de leur corps pour faire face à des dettes faramineuses . Les rapts d’enfants en Amérique du Sud à qui l’on vole leurs cornées pour les greffer à ceux qui peuvent payer. Bref, j’arrête là car c’est à vomir.
    Ton texte est tristement réaliste Evajoe. Nous attendons avec impatience que les coupables payent le prix fort pour leurs crimes..
    Gros bisous

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