Debout devant ma glace je m’interroge, est-ce moi où l’autre ? Deux jours déjà qu’en plein Paris j’ai croisé cette femme, elle marchait face à moi, au premier abord elle n’était rien pour moi, c’était une femme comme une autre comme on en voit tant lorsque l’on arpente les rues de la capitale. Mais là, cette silhouette c’était la mienne, elle avait mon port de tête, mon allure, ma démarche. En tailleur comme moi, même si en ce mois de mai elle avait posé sur ses épaules un grand paréo, par l’ouverture je voyais sa jupe courte, elle avait des talons noirs. Moi ce jour j’étais en rouge, elle était en vert, pour un daltonien nous étions toutes les deux de la couleur opposée. Machinalement je l’avais regardée, ensuite j’avais continué mon chemin. Puis poussé par je ne sais quoi et dans un ensemble parfait nous nous étions retournées. Intriguées mais ne sachant que faire nous étions reparties l’une l’autre et petit à petit nous nous étions perdues de vue. Le jour suivant j’étais repassé au même endroit, mais je ne l’avais pas croisé. Je déambulais dans les rues sans vraiment la chercher mais je m’étais promis que cette fois-ci je l’accosterais et lui demanderais qui elle était ? Deux soirs que je rentrais bredouille, je m’étais même arrêté de chercher un travail dans l’une des boutiques chics des Champs Elysées.
Chaque matin je me lève assez tôt un peu avant six heures car je peaufine ma thèse sur l’Histoire des Arts Égyptiens. Mes amis se moquaient de moi car je n’avais jamais mis les pieds en Egypte, mais qu’importe, j’en étais capable mon père était Maître de conférence à la Sorbonne, précisément là où j’étais en passe de décrocher mon Doctorat. Avant de me plonger dans mes dernières notes, j’ouvre ma fenêtre et admire Paris qui dort encore, la tour Eiffel me nargue, puis mes yeux se posent sur la terrasse voisine et là je sursaute, il y a une femme en déshabillé rouge alors que le mien est noir, j’ai comme l’impression de me voir dans un miroir, elle aussi me regarde, je lui fais un signe de la main, je la vois froncer les sourcils, me dévisager de haut en bas et se précipiter à l’intérieur. Je bondis moi aussi à l’intérieur de mon appartement, me précipite vers ma petite boîte dans laquelle j’ai les clefs de l’appartement d’à côté, en effet elles y sont, j’ouvre la porte de mon appartement et j’ai le temps de voir une fusée qui descend quatre à quatre les escaliers. J’attends que ces pas s’amenuisent et ouvre la porte qui me fait face, je n’ai pas la berlue, cet appartement est vide, je savais bien que ni mon frère ni moi l’avions loué à qui que ce soit. Pourquoi cette femme était en déshabillé, et où a-t-elle pu mettre ce vêtement. Dans la salle de bain je sens mon propre parfum et je vois le déshabillé que cette femme portait jeté à même le sol. Et, c’est à ce moment-là que j’entends sonner mon téléphone, je vais pour me précipiter dans mon appartement mais la porte est fermée à clefs et j’ai laissé ma clefs de l’autre côté. En fait le téléphone est plus proche que je ne pensais car c’est celui de ma voisine qui fait entendre une mélodie comme le mien. Je le décroche mais au bout du fil je n’entends qu’un souffle personne ne m’adresse la parole, excédée je raccroche.
Désemparée je m’assois sur l’unique tabouret que j’ai trouvé dans la cuisine qui est la copie conforme à la mienne, je ne sais que faire, je pourrais appeler mon frère, mais il est partis depuis dimanche à Bruxelles, mon père, mais il n’aime pas être dérangé le matin avant d’aller à la Sorbonne. Qui de mes amis va pouvoir venir m’ouvrir, ils sont comme moi plongé dans leur thèse ? C’est à ce moment que je me rends compte que je n’ai vraiment pas grand monde sur qui compter, ce sont juste des amis, enfin des copains, les amis je n’en n’ai plus. Mais je n’ai pas le temps de me poser mille questions, on sonne. Il est à peine six heure, qui peut venir à une heure aussi matinale, j’ai l’impression d’entendre police, me voilà bien, moi qui ne suis pas chez moi, je vais être arrêtée à la place de mon double. Comment vais-je pouvoir m’expliquer, mais je n’en n’ai même pas le temps, je sens deux bras qui me plaquent au sol, on m’intime l’ordre de ne pas bouger. L’un se détache de moi pendant que l’autre me maintient au sol. Puis on me soulève plus que l’on me traîne et ils commencent à fouiller les placards, bien entendu ils ne trouvent rien puisque j’ai déjà fait le même constat. L’un me jette sur les épaules une couverture qu’ils ont arrachée à l’unique lit qui se trouvait dans le salon. Il me jette dans l’ascenseur, je suis devant le plus grand, c’est un black, sur son bras il a un brassard rouge, quand je pose mes yeux sur son visage il a un regard goguenard, il est vrai que j’ai un air de folle et je vois dans la glace que la bride de mon déshabillé laisse voir la pointe d’un de mes seins, j’ai beau la remettre elle ne fait que redescendre, j’en rougis de honte. Au rez-de-chaussée il y a un véritable comité d’accueil, armés jusqu’aux dents, ce sont ceux du RAID je me dis en mon for intérieur. Qui est cette femme pour qu’ils aient déployés pareille force. Une terroriste, c’est bien ma veine, une criminelle ? Aucun d’entre eux n’émet la moindre parole, aussi je décide de me lancer, et je leur demande :
- Mais que me voulez-vous ?
Aucun ne me répond mais on me fait rapidement comprendre que je n’ai pas le droit de l’ouvrir. Dans la voiture qui traverse Paris à vive allure je les entends dire qu’ils n’ont pas compris la raison pour laquelle il n’y avait aucun vêtement, rien dans les placards ni dans le frigo, il râle en disant on est arrivé trop tôt. J’essaye de leur dire que je ne suis que la loueuse, mais ils me disent qu’il faut éviter de l’ouvrir pour ne rien dire.
A peine arrivée dans des locaux que je qualifierais d’insalubre, le grand black me jette sur l’unique chaise en fer et me menotte au radiateur puis il me laisse seule. J’ai l’impression d’avoir été projetée dans un vieux polar que je regarde parfois à la télévision quand mes études et ma vie m’en laissent le temps. Je les entends rire, puis brusquement deux hommes en costume arrivent et tout en apportant deux chaises ainsi qu’un ordinateur se placent face à moi et un interrogatoire commence. Je ne connais rien aux manières de la police mais là c’est un feu roulant de questions.
Je ne réponds pas, mais à mon tour je pose une question, « Je me trouve où donc ? Au 36 me réponds le plus petit, il a les cheveux en brosse, des dents éclatantes, des yeux noirs, au 36 je répète, quel 36 ? Au 36 quai des Orfèvres, je suis abasourdie, devant mon regard complètement à l’ouest, je vois que j’ai fait un peu de l’impression, j’ajoute, mais ce n’est pas possible je n’ai rien fait, j’étais juste allé visiter l’appartement voisin du mien. A ce moment-là je remarque un léger flottement chez les inspecteurs, puis ils s’esclaffent et me montre une photo. En effet c’est moi qui marche dans la rue sur les Champs Elysées. »
A suivre…
C’est inquiétant tout cela EvaJoe.
Vivement la suite.
Bises et bon Mardi
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Bon, je vais faire avec … attendre la suite !
Bises
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Cela s’appelle avoir la berlue, je crois !
Quelque chose se mijote, mais quoi ?
Passe une bonne soirée, bisous.
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Ah oui d’accord, tu fais dans le mystérieux tout de suite 🙂
Bisous
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Bonjour Evajoe,
Mazette! Voilà un départ sur les chapeaux de roues! Un sosie, un double plus que troublant, inquiétant. Et soudain cette arrestation aux aurores, brutale, comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu.
J’adore ce début!
Gros bisous
😉
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Dis question je me rends compte que t’est déjà au 4ème chapitre et que pas encore lu celui-ci tu veux bien faire comme les 2 autres fois??? oui j’abuse mais demande pour qu’il te soit accordé ne dit-on pas? Bisousssssss
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Oh ! La ! La ! Intriquant que cela, EvaJoe ! Bonne fin de journée ! Bisous♥
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