Une rencontre inattendue (La traversée dangereuse )

 

Les gamins s’en sont emparés comme d’un trophée, en fait elle a dû choir lorsque le filet m’est tombé dessus. Après examen il s’est avéré que c’était bien les fils de mon écharpe que le pauvre homme avait dans la main. Ma chance je la dois au fait que personne ne m’ait encore reconnu ; je vais pouvoir fuir ce petit hâve, il faut auparavant que je recharge mon téléphone pour voir si ce n’est qu’à la télévision que mon nom n’apparaît pas encore, si mon frère ne m’a pas laissé de messages, voire même ma garce d’ex-femme qui va se faire un malin plaisir à m’enfoncer davantage. A cet instant je songe à ma pauvre mère, je vais lui faire de la peine alors qu’elle était si contente de ma réussite. Je me dois de l’appeler, un téléphone est posé sur la table de nuit. J’ai rapidement mon père au bout du fil, il ne sait rien car il ne me fait aucune allusion, si ce n’est à la fin :

  • Fiston fait attention, ton frère m’a dit hier que tu faisais le GR 5 Il semblerait qu’un individu louche tue où laisse faire sans apporter son aide.
  • Que veux-tu dire papa ?
  • Ils ont trouvé un mort en dessous du Grand Ballon, dans les éboulis, possible que le pauvre n’a pas vu que le chemin n’est pas en bon état, mais il avait dans les mains des bouts d’une écharpe verte comme la tienne.
  • Des écharpes comme la mienne il y en a des tonnes, rappelle-toi quand je l’ai achetée ? Cela ne date pas d’hier et puis j’ai vu les gendarmes et ils m’ont rien reprochés.
  • Je ne te reproche rien fiston mais…
  • Mais ? A quoi penses-tu ?
  • Tu as déjà été mêlé à des histoires louches dans le passé je ne voudrais pas découvrir que mon fils a été l’assassin d’un professeur qui faisait une sortie avec ses élèves.
  • Je n’ai vu ni le professeur, ni les élèves, quel âge ont-ils ?
  • Ce sont des jeunes de terminale de Colmar. Il y avait la fille de mon patron. Elle a fait une mauvaise chute mais a eu la chance d’être tombée sur un matelas que les gamins avaient installés au pied de l’arbre. Cela a amortis le choc. Elle s’en tire avec quelques bleus, là aussi elle a fait un signalement d’un homme qui te ressemblait.
  • Si tu penses papa que je suis, encore aujourd’hui ce garnement d’autrefois, alors va me dénoncer à la gendarmerie. Mais je t’avertis je n’existerais plus pour toi, tu n’auras plus que deux enfants le troisième tu ne le reverras jamais.

Et excédé par les dires de mon père je lui ai raccroché au nez. Je suis certain qu’il essayera de me rappeler sur mon portable.

Deux heures plus tard je découvre un nombre impressionnant d’appels sur mon téléphone. Cela va de mon frère à ma sœur, en passant par ma mère, suivis de mon père, à des amis qui s’inquiètent pour moi, tous me disent qu’un fou dangereux est sur le GR5 personne ne pense que le soi-disant fou c’est moi. Fou, je ne suis pas fou, je suis seulement un homme qui n’a pas donné l’alerte en ce qui concerne ce professeur, la gamine quant à elle j’en étais bien trop loin et je ne pouvais pas la rejoindre. De plus cette péronnelle n’est pas très mal en point, elle joue à la justicière sur un chemin de randonnée. Lorsque je quitte la chambre plus de deux heures plus tard, j’ai écrasé mon téléphone récupéré ma puce, et je suis sortis en sifflotant par la grand porte. De suite je me suis rendu dans une grande surface, là j’ai acheté un nouveau téléphone, si par malheur quelqu’un de mon entourage me reconnaissait je ne voudrais pas que la gendarmerie me trace. Je préfère avoir les coudées franches et réfléchir à ce que je vais devoir faire. Soit je me rends de suite dans un commissariat et je fais une déclaration en expliquant ce qu’il s’est réellement passé, soit je ne dis rien mais c’est allé droit dans le mur, car petit à petit on va me reconnaître. J’en suis là de ma réflexion lorsque je vois venir vers moi mon ex-femme. Que dois-je faire, changer de trottoirs ou entrer dans ce magasin ? J’opte pour la meilleure solution je lui fais face. Elle m’avait vu arriver, elle est seule, son gringalet d’amant n’est pas avec elle, elle semble endimanchée dans cet accoutrement, ce pantalon ne lui va pas. Je ne lui en ferais pas part, j’attends car si elle s’est arrêtée, c’est qu’elle a quelques choses à me dire :

  • Mario je t’ai reconnu, c’est toi qui n’es pas venu en aide au professeur,
  • Contrairement à ce que tu penses je suis venu en aide à cet homme mais je ne sais comment me justifier car l’hallali a sonné, plus personne ne va me croire, je n’ai pas dit la vérité aux gendarmes que j’ai croisé.
  • Mario au nom de l’amour qui nous unissait il y a encore quelques semaines je te promets que je ne dirais rien, j’ai commis une faute, toi tu as eu l’absurdité de t’éloigner de moi car je sais que je t’ai blessé, mais tout est finis avec celui que tu nommais mon amant. Si tu me trouves sur Montbéliard c’est que je cherche du travail. C’est surement le destin qui fait que nous nous croisons ici.

J’ai à la fois envie de la serrer dans les bras et à la fois envie de la gifler, mais je ne sais ce qui me pousse à lui demander de m’accompagner. Certes elle m’a fait énormément de mal, si je suis confronté à ces morts sur le GR 5 c’est en partis à cause d’elle, mais l’avoir avec moi est préférable que de l’avoir contre moi. Ce sera un enlèvement moderne, la convaincre a été relativement facile, nous sommes allés dans un magasin de sport lui acheté tout le nécessaire pour m‘accompagner. Je lui ai donné des conseils pour acheter des vêtements utiles sans chercher à avoir le plus beau mais seulement  ce qui va lui permettre de marcher sur les chemins du Jura et bientôt des Alpes. Des vêtements confortables, un sac à dos, des bâtons. Je lui ai même fait prendre une corde, on ne sait jamais on pourrait en avoir besoin. Il n’est pas loin de midi quand nous commençons notre périple. Aujourd’hui j’avais prévu une quinzaine de kilomètres je ne suis pas certain qu’avec Maud nous allons pouvoir tenir la cadence, certes c’est une bonne marcheuse mais les circonstances font que nous commençons cette « rando » sous le signe de la fuite en avant, alors que j’imaginais bien autres choses. Le parcours est plat, c’est d’autant plus facile que Maud doit se mettre en jambes. Lorsque nous arrivons au pont Sarrasin, ultime halte pour cette journée, je vois qu’il y a pas mal de moustiques, ma trousse à pharmacie n’a pas de révulsif pour ces satanés bestioles, je n’ai pas envie de faire une allergie, nous partons plus loin et établissons notre bivouac. La nuit se passe tranquillement malgré un intrus qui est venu goûter au relief de notre repas, malencontreusement abandonné sur place. C’est un renard, nous faisons du bruit, et il s’enfuit, auparavant nous récupérons le sac d’ordures que nous enfournons dans le fond de mon sac à dos et nous repartons dormir. Je suis à l’extérieur alors que Maud a pris possession de ma tente. J’ai lu dans mon topo guide que ce pont était selon la légende une arche naturelle qui s’était formée afin de laisser passer une jeune fille fuyant les Sarrasins, je me demande ce que tous les deux nous fuyons.

Le lendemain matin je suis un peu courbaturé, j’ai dormis sur une pierre ce qui fait rire Maud, moi, je ne trouve pas cela drôle le fait que j’ai eu la  mauvaise idée de lui demander de m’accompagner. Je vais être obligé de tenir une conversation et depuis quelques jours je me sens plus ours qu’humain. Mais j’ai sentis dans son feu roulant de questions qu’elle ira me dénoncer, je préfère qu’elle soit là, et puis je l’aime je ne vais pas le nier. Et joindre l’utile à l’agréable ne me laissera pas indifférent ; Dans l’hôtel je n’avais pas l’idée à la bagatelle, mais maintenant si je trouve une cabane je ne dirais pas non, et mon ex future femme aime bien ça, je pense qu’elle se laissera tenter. Je me ferais tendre, je suis en manque. A moins que la mousse de la forêt lui donne des idées. Etre exposée dans la nature au regard de randonneurs doit faire partis de ce qu’elle aime, je lui parlerais de fantasmes à assouvir. Sur ces bonnes paroles je me sens prêt pour la posséder dans des lieux forts insolites. Finalement mon idée de lui dire de m’accompagner n’était pas si négative.

 

A Suivre…

 

Si le pont Sarrasin vous intéresse vous pouvez aller le voir ici

 

Auteur : Eva Joe

Ma plume ne s'essouffle jamais, elle dessine des arabesques sur la page de mes nuits, elle se pare comme un soleil en defroissant le ciel. En la suivant vous croiserez tantôt Pierrot et Colombine dans mes poèmes ou Mathéo et son secret et bien d'autres personnages dans mes nouvelles et mes suspenses.

6 réflexions sur « Une rencontre inattendue (La traversée dangereuse ) »

  1. au lieu de dire tout de suite aux gendarmes la vérité, il s’enfonce et aggrave sa situation. L’arrivée de son ex ne va pas, à mon humble avis, arranger ses affaires.
    Gros bisous

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