Juin 43 à juillet 44
Me voici loin de la ferme, je tourne depuis un petit moment en rond quand j’entends parler, je n’ai pas peur car devant moi surgissent trois fillettes, elle me demande si je me suis perdue.
Je leur répond je me suis perdue et j’ai très mal au ventre, je n’ai rien mangé depuis trois jours à part quelques myrtilles et framboises. J’ai soif. Puis je m’arrête car la plus grande âgée d’une quinzaine d’années me prends par la main et me dit qu’elle va m’emmener chez ses parents qui ont une ferme à la sortie du village.
Maman voici Magdeleine elle attend un bébé et depuis elle erre par les chemins. J’ai dû faire deux pas et je me suis écroulée à ses pieds.
J’ai mis longtemps à me remettre, au début j’espérais que cet enfant qui grandissait en moi allait partir, j’aurais pu le perdre mais comme me disait le médecin qui était venu me voir, appelée par Mariette, la mère des cinq enfants après que je me sois évanouie, il est bien accroché votre petit. Si après sa naissance vous ne voulez pas le garder je comprendrais, je trouverais une nourrice et quand la guerre sera terminé si vous avez des remords vous pourrez revenir le chercher.
Je n’en étais pas encore là, je ne me projetais pas dans l’avenir. J’étais choyée chez Mariette et Paul, j’étais comme leur fille et la jumelle du fils aîné qui avait mon âge d’où l’idée de la petite Elisabeth tout juste âgée de 5 ans de le proclamer haut et fort.
Je ne le connaissais pas il était là -bas, c’est à dire dans le maquis, il avait fui le STO et avait rejoint le « Maquis de l’Ain ». C’était son groupe qui était venu avec un jeune du coin, blessé dans une embuscade à la ferme de Jules car il ne pouvait pas l’emmener avec eux. La suite tout le monde la connaissait. Pierre au petit matin avait ramené son compagnon d’infortune chez ses parents. Le médecin qui lui aussi était dans la Résistance pouvait venir s’occuper de lui et le soigner grâce à moi dont il suivait ma grossesse.
Il s’entourait toutefois de toutes les précautions possibles pour ne pas exposer les parents de Pierre, ni moi car on ignorait si Jules avait dit quoi que ce soit à ses amis Allemands ou aux gendarmes.
La mort de Jules avait fait grand bruit aux alentours, mais la plupart ne le regrettait pas. C’est ainsi que j’appris que sa femme n’était pas partie chez sa sœur mais qu’elle était morte deux mois après la naissance de son petit Joseph. Le vieux curé l’avait trouvé dans un grand sac de paille et il l’ avait confié à Sophie la sœur de Mariette qui avait perdu son bébé l’an passé.
Les gendarmes étaient montés à la ferme après avoir trouvé dans ses langes un mot écrit par sa mère où elle avait écrit ses mots glaçant : » je m’appelle Joseph, ma maman c’est Marguerite. Je suis né le 15/04/1941. Si je suis là c’est que ma mère est morte sous les coups de Jules B mon père.
Les gendarmes accompagnés du maire s’étaient rendus à la ferme. Jules avait joué l’innocent disant que sa femme était partie chez sa sœur à Arles. Ils étaient repartis fort étonnés mais c’était sans compter sur la pugnacité du maire qui, une nuit était remonté à la ferme avec deux ou trois hommes dont l’epoux de Mariette. Jules cuvait dans sa grange et ils avaient retrouvé sa pauvre femme morte dissimulée non loin des porcs. Son visage était tuméfié et le médecin avait confié à Mariette et Paul qu’elle portait sur le corps bon nombre de sévices. Contrairement aux propos de Jules sa femme n’était pas partie. L’enquête en ces jours troublés s’étaient éteintes car Jules parlait de rôdeurs ne pouvant ni accuser les maquisards ni les Allemands. Les gendarmes profitaient de ses largesses ils ne l’avaient pas arrêté.
Je n’aurais jamais dû l’apprendre mais le médecin avait bien compris que Jules n’était pas le père qu’il laissait entendre avant la guerre mais un véritable bourreau pour quiconque s’opposait à lui. Ce brave docteur m’avait pose des questions sur le jour de mon arrivée et s’il se comportait bien. Rapidement en mots simples et succinct il m’avait raconté que sa seconde femme était morte sous ses coups. La malheureuse avait réussi à se traîner au village avec son bébé pour le soustraire à la bestalité de son père. Elle avait croisé le garde champêtre mais elle avait une cape avec une capuche et portait un panier comme lorsqu’elle livrait ses oeufs au café du coin. Il n’avait pas pensé qu’elle y avait déposé son bébé.
En voyant mon ventre s’arrondir je songeais que j’avais échappé à un drame et que je comprenais mieux la raison pour laquelle il essayait de me frapper au ventre.
A suivre
ENFIN ! Elle a fini par tomber chez des braves gens.
Bises et bonne soirée – Zaza
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En tous les cas, présentement, elle est entre bonne mains !!!
Quel soulagement,
Bonne poursuite de cette soirée Eve Joe,
Bisous♥
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… bonnes mains, bien entendu …
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Elle a l’air mieux ici, j’espère que cela va durer.
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Il va pas nous manquer le jules 😊 tout ce que j’espère c’est qu’elle va accepter son bébé et que le bonheur arrive
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Enfin ! Ouf, le destin a fait qu’elle s’en sorte des pattes de ce sale type.
Bisous EvaJoe
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Fichtre! Heureusement que cet homme épouvantable est mort. Elle l’a échappé belle. Pour le moment, on dirait que les choses s’arrangent pour elle. Heureusement! Nous aussi on souffle! Ouf!
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