Un coup de klaxon nous ramène à la réalité, nous étions si bien tous les deux, mais voilà je vais le quitter, le laisser et m’en aller, rejoindre mes amies et continuer mon voyage. Il embrasse mes amies à tour de rôle et me serre une nouvelle fois dans ses bras. Il y a de l’émotion dans l’air c’est palpable, il me fait promettre que si je ne vais pas bien de consulter un médecin ou de me faire rapatrier. Je lui le promet.
Il nous dit de partir les premières, il a ôté ses lunettes de soleil, il a les yeux qui brillent, en fait il est ému et moi aussi. Mais je ne vais pas pleurer, et de plus mes amies sont là et je ne voulais pas admettre que je faisais un choix de raison contre le choix de mon cœur.
Dans sa voiture nous avions discuté encore et encore, il ne m’a jamais supplié, mais il a compris que ce n’est pas parce que nous avions vécu plus de 5 heure ensemble que je pouvais m’en aller comme ça. Il était tout de même un inconnu et tout nous séparait, l’âge, le Pays, la culture, la langue. Et au vu du peu que j’avais vu sur son pays nous étions tout de même plus moderne qu’eux. Car il se projetait plus loin que la semaine, il m’offrait son cœur, sa main, son travail, sa vie.
Nous lui faisons signe, et puis sa voiture disparaît, bientôt ce n’est plus qu’un petit point sur le bord de la route. Je sais que j’ai pleuré, mais mes amies ont eu la discrétion de ne pas en faire cas. Quelques kilomètres se passent en silence puis Martine me dit tu nous as fait peur, nous avons même craint pour ta vie. Je suis tout de même stupéfaite, c’est bien elles qui m’ont littéralement poussés dans ses bras. En fait Monique la belle Italienne avait rêvé la nuit précédente que l’on tirait avec un pistolet sur l’une d’entre nous. Je leur dis un cauchemar ne correspond pas à la vie réelle, il faut l’interpréter, toutefois il avait une arme dans la boîte à gants de son véhicule. Que de cris!
Nous avons continué notre voyage et nous avons vécu de beaux moments intenses en Bulgarie, rencontrés des gens super. Je pourrais vous raconter que nous sommes resté 4 heures à la frontière Bulgare Yougoslavie car les douaniers pensaient que nous transportions de la drogue. Comme nous avons ri après coup cela va de soi! Que mes amies ont faillis me vendre pour 10 kgs de figues à un beau jeune homme.
Je peux aussi vous dire que la côte de l’Adriatique est magnifique rien à voir avec le haut du Pays. Les gens sont hyper sympas et nous n’avons plus eu d’ennuis.
Mais allez vous me dire qu’y avait il sur ce papier, et bien je vais vous le dire, je n’ai pas regardé son papier avant que je sois de retour chez moi, dessus il y avait son numéro de téléphone, son nom de famille et un petit mot, ne m’oublie pas, je t’aime.
Je ne lui ai jamais téléphoné, lui ne le pouvait pas, il ne m ‘a pas demandé mon téléphone, sûrement parce qu’il voulait que si j’avais envie de donner une suite, c’était à moi de le faire, et non à lui. La vie a repris son cours et je ne suis plus jamais repartie avec mes amies.La raison je ne la connais pas, possible que cette aventure avait laissé plus de traces dans la tête de certaine que je ne le pensais. Deux ans après je me mariais avec mon mari actuel et nous partions en voyage de noce en Yougoslavie, l’ai je cherché, non, ai-je espéré le voir, non plus, mais ce pays m’avait conquis malgré cette aventure.
L’ai-je oublié totalement, oui jusqu’à ce que la guerre éclate chez lui, là je me suis demandée si il avait survécu, si il était vivant. Et puis il y a tout juste un mois, j’ai rêvé à Anton, et c’est pour cela que j’ai eu l’idée de mettre comme thème un souvenir pour ma communauté les Passeurs de mots. Hier après midi je l’ai raconté à ma belle fille, elle m’a demandé si j’avais toujours son numéro de téléphone.En fait oui, car tout est dans un carton avec mes photos, mais il n’y figure pas dessus, mes cartes, mes guides et ce petit papier que je n’ai plus jamais regardé.
Dans mon rêve il murmurait à mon oreille mon prénom c’était tellement vrai que j’étais certaine qu’il était à mes côtés.
Pour la petite histoire qui rejoint la grande, je n’ai jamais rien dit à mes parents sur cet homme, je leur ai juste dit qu’il nous était arrivé une chose dangereuse la traversée sur le pont. Mais je leur l’ai dit plus de 10 ans après et encore cela m’a échappé…
Je ne voulais pas vous l’écrire car je savais que cela allait remuer tous mes souvenirs, je sens que je suis préoccupée par lui, et j’aimerais savoir ce qu’il est devenu, aujourd’hui il a 78 ans ce n’est pas si vieux, mais bon chacun de notre côté nous avons suivis notre chemin.
Ah une dernière chose je ne lui ai pas demandé à quoi ce pistolet lui servait. Et je pense qu’il a su que je savais qu’il en possédait un. Et je me suis jamais ressentie de mon accident, enfin de mon écrasement, j’ai juste eu peur de tomber dans le torrent lorsque mini bus m’a écrasé. Et juste une dernière chose nous avons été obligé de faire changer les amortisseurs tant il y avait des pierres dans ce chemin raviné.
Ah j’oubliais, j’avais pensé continuer mon histoire par une fiction en imaginant soit que je restais avec lui, où que je le rejoignais plus tard. Mais en ai-je réellement envie, non car je pense que cette histoire n’a de la valeur que parce que je l’ai vécu et en rajouter ne serait qu’extrapoler.
Merci de me lire et de commenter!
EvaJoe
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