Boomerang! (suite)

Après avoir vécu une semaine avec des hauts et des bas

dans ce camp sans toiles de tente, mais dans une maison

je m’étais lié avec une drôle de fille

elle était là pour la deuxième année,

et si l’an passé elle avait fait profil bas

cette année ce n’était pas le cas.

Chaque jour elle était punie

soit pour avoir refusé d’exécuter une corvée

soit parce qu’elle s’asseyait au cours d’une balade

et refusait de se lever.

Rapidement je lui démontrais qu’elle était pire qu’une fillette

Et aussitôt ensemble nous avons décidé de fuguer

Mais il fallait nous entraîner à marcher

et pendant une semaine nous étions assidue à toutes les marches.

Une nuit alors que tout le monde dormait

nous nous sommes levé sans bruit,

nos chaussures à la main

nous avons descendu  les escaliers

à pattes de velours

En bas, il n’y avait personne

l’après midi nous avions repéré une porte donnant sur l’arrière cour

Steph de corvée de pluches l’avait laissé ouverte

et personne n’avait vérifié si elle était fermé

ce que nous avions constaté en allant vers notre chambre.

Aussi c’est tout naturellement que nous nous sommes enfuis par cette porte

ouverte vers la liberté,

non sans avoir pillé le garde-manger et pris au passage un gros sac à dos

Steph avait vidé la caisse des courses

ce qu’elle avait omis de me dire.

Dès que nous sommes sur le chemin qui descend vers la vallée

nous remettons nos chaussures de marche

Il pleut, il y a du brouillard

Il ne faut pas que nous nous perdions.

Nous avons quitté le camp vers les minuit

et plus de 2 heures plus tard nous atteignons le petit village

de Maligot (nom inventé)

Ce village est vide l’hiver, mais l’été il y a beaucoup de vacanciers.

Lorsque nous le traversons il est fort calme

seul un chien signale notre passage

Maintenant la lune est levée et nous éclaire un peu le chemin

Il est en descente et fort dangereux, les pierres roulent sous nos pas

nous devons faire fort attention

ne pas se faire remarquer, il y a bien la route

mais là, nous allons nous faire repérer

et il n’est pas question que nous retournions en prison.

Car, malgré mes 5 ans de vie au foyer, assez dur pour une petite fille choyée

ce camp n’est pas un lieu idyllique

où j’aurais pu passer de belles vacances.

Nous ne sommes pas à leurs yeux des enfants

nous sommes gardé comme un troupeau

si bien surveillé que nous leur avons fait un pied de nez en s’enfuyant à leur barbe.

Enfin il est 4 h du matin lorsque nous arrivons à la ville,

notre fuite n’est pas encore connue

car le lever a lieu a 7 heures

Il nous reste 3 heures avant de disparaître à tout jamais

et ce pour toujours ce que toutes les deux nous espérons.

Brusquement Steph change le programme bien établi auparavant,

elle décide de prendre le train mais sans moi.

La raison je l’ignore, je me pose sur la nationale et lève le pouce

rapidement un camion s’arrête et me demande où je vais

Je m’entends lui répondre Marseille.

Moi, aussi au dernier moment je ne vais plus chez mon père.

Il est plus de 8 heures du matin lorsque le chauffeur s’arrête

à un relais routier, je fais celle qui dort

et il me laisse, il ne ferme pas son camion.

La radio ronronne doucement

soudain je prête l’oreille

ils annoncent que deux jeunes filles sont en fugue

ils ignorent à quelle heure elles sont parties, elles n’étaient pas dans leur chambre

Finalement je ne regrette pas de m’être séparé de Steph lorsque j’entend qu’elle a volé

l’argent du repas de la semaine.

Bien entendu à les entendre nous sommes fautives toutes les deux.

Ils surveillent les gares, voir même les aéroports car ils disent que nous ne faisons pas notre âge.

Heureusement que le chauffeur routier n’est pas là

ils m’auraient posé des questions, pas envie de lui répondre.

Je me demande si je dois rester avec lui ou le quitter

Mais ici je serais vite repéré, c’est un lieu de passage

si j’ai entendu cette annonce, eux ont tout aussi bien pu l’entendre.

Nîmes est tout proche, mais il va me falloir marcher

le long de la nationale je vais me faire repérer

Il faut que le chauffeur me laisse en pleine ville.

J’en suis là de mes réflexions quand la portière côté passager s’ouvre

J’entend deux voix, le chauffeur parle à un autre gars

« La voilà la petite dont je te parlais »

« Hum beau brin de fille, elle a quel âge? »

« Dans les 18 ans je pense qu’elle a envie de se faire une virée dans le midi

Bon tu me décharges de cette nana

où je cherche le petit Paulo, il a envie d’une femme, elle peut faire l’affaire. »

Dire que l’on parle de moi comme d’un paquet encombrant

que vais je faire, m’enfuir je serais vite rattrapé

Restée, ils vont me forcer à descendre

Il me veut quoi le type que j’entends rire, que dis-je glousser

Certes je ne suis pas une oie blanche, je sais ce que les hommes font aux filles

qui traînent les rues, et encore mieux celles qui font du stop.

Si je refuse je peux être violé

si je consens je me donnerais à un inconnu, à mes yeux c’est pareil.

Il faut que je feins le sommeil, cela peut encore me protéger

ici il y a des vas et viens et d’autres camions

tous ne sont pas que des salauds.

Finalement je sens que l’on me secoue

« Bon la môme il faut que tu descendes, je suis arrivée à destination,

mais mon copain peut te faire gagner quelques kilomètres

il va t’emmener jusqu’à Aix en Provence après tu devras te débrouiller. »

« C’est qui votre copain », il me montre un type aux cheveux bruns

des petits yeux enfoncés dans leurs orbites

un mégot à la lèvre

il pue la cigarette et me regarde avec un drôle d’air,

Il m’attrape et me fait descendre du camion

au passage je sens ses mains qui me palpent les seins, je ne dis rien

« C’est bon Gus, elle fait la maille »

et tous les deux éclatent de rire.

Ayant récupéré mon sac à dos, je démarre au quart de tour

et me précipite vers le relais routier

Le pauvre Gus n’a pas le temps de s’en rendre compte que je suis déjà  à l’intérieur.

Je me rend immédiatement dans les toilettes

et patiente quelques instants,

Lorsque l’on secoue brutalement la porte

j’entends une voix de femme me demander si je suis malade

« Oui mais je sors »

« Prends ton temps la môme »

Enfin une voix sympathique, est-ce la patronne ou un chauffeur routier

Je sors, elle me toise de haut en bas et me demande si je suis seule

« Oui »

« Ou vas-tu?

« Marseille chez mon frère, nous nous sommes raté à Grenoble.

« Aurais-tu eu des problèmes avec Gus?

« Oui »

Tu as échappé à un grand prédateur, il a fait de la tôle pour viol

Je me  met à trembler, et cette femme me prend dans ses bras

comme si c’était ma mère.

Elle me fait monter dans son camion et

pendant une heure ni l’une ni l’autre nous avons prononcé un mot

puis brusquement Nénette, c’est son surnom me dit

‘Dis la môme tu es en fugue? »

Et de fil en aiguille j’apprend que mon portrait robot a été diffusé sur toutes les chaines

de télévision, ainsi que celui de ma copine qui a déjà été rattrapé

Mais ils me cherchent du coté d’Orléans.

Ecoute la môme je ne veux pas d’histoire, tu m’as l’air clean, alors raconte moi ton histoire

Une fois que je lui ai raconté la  disparition de ma mère, mon placement au foyer

ma fugue et mon  arrivée dans ce camps pour malfrats

je la vois essuyer une larme, et elle me fait cette confidence

J’étais une môme comme toi en cavale mais je ne te raconterais pas ma vie

car ce à quoi tu as échappé ce matin, m’est arrivé; je te conseille

de téléphoner à ton père où à ta belle-mère et selon ce qu »ils te diront tu aviseras.

Il n’est pas loin de midi, elle s’arrête à un resto routier d’où elle me rapporte un casse croûte

et me tends son téléphone portable.

Quand je suis de retour soit tu n’es plus là

soit tu y es encore mais je téléphone au flic.

Compris la môme, tu laisses le téléphone sur le siège, on me connait dans le coin

personne n’aurait l’idée de me le voler,

et sur ce, elle tourne les talons, fais demi tour et me serre contre elle

en m’embrassant, bonne chance la môme!

Je n’ai pas faim, Steph a été récupéré par les gendarmes en gare de Tours

C ‘est sûrement elle qui a dit que je pensais rejoindre mon père,

j’ai eu une bonne idée de changer d’itinéraires,

à cette heure j’y serais aussi chez les gendarmes.

Je tourne et retourne ce téléphone, puis je me décide

Cette voix est inconnue pour moi, sûrement ma belle-mère

« Allô c’est Laurence »

Qui? Je ne connais pas de Laurence, mais une garce nommée Lolo

qui fait de la peine et du chagrin à toute sa famille

Où es-tu aboie-t-elle?

Je coupe rapidement la conversation

pose le téléphone sur le siège et descends du camion

A ma descente deux gendarmes m’attendent.

Au loin je vois Nénette, elle évite soigneusement mon regard.

J’ai encore été trahie.

.

Auteur : Eva Joe

Ma plume ne s'essouffle jamais, elle dessine des arabesques sur la page de mes nuits, elle se pare comme un soleil en defroissant le ciel. En la suivant vous croiserez tantôt Pierrot et Colombine dans mes poèmes ou Mathéo et son secret et bien d'autres personnages dans mes nouvelles et mes suspenses.

14 réflexions sur « Boomerang! (suite) »

  1. Nénette a cru bien faire, une gamine seule sur les routes…… peut-on parler de trahison? Bon, que va-t-elle devenir, cette enfant têtue ? Bonne journée

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  2. bonjour EvaJoe
    c’st vraiment une pauvre gosse avec pour compagne une vie triste
    cela nous apprend que dans cette vie il est toujours bon d’avoir des soutiens
    hélas ce n’est pas son cas..
    gros bisous et bonne journée..

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  3. Bonsoir EvaJoe , est-ce que tu as des envies de fugues ? Où est-ce un peu des souvenirs ? …Je m’aperçois que j’ai manqué la première partie. Je vais aller lire le début .

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  4. coucou EvaJoe
    j’atais en stage d’où mon silence
    je viens de lire les deux parties de ton histoire, supêrbe, il en arrive des choses à cette nana… en espérant que tout se termine mieux pour elle… Lolo….
    je ne savais pas qu’on te piquait des histoires, les gens sont vraiment umbuvables et voyous…
    tu as donc bien fait de prendre un C° … je t’embrasse EvaJoe tu es pleine d’imagination et tu as aussi envie de bouger…
    je t’embrasse tres fort belle soirée à toi
    joelle (ozy

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  5. Vagabonde, va !
    Es-tu sûre que tu n’as pas été trahie par ton téléphone ?
    (c’est monnaie courante de nos jours… hi hi !)
    Mais, c’est dangereux de fuir comme cela mam’zelle Eva…
    Heureusement tout fini bien pour toi, na !
    Je t’embrasse chère conteuse.
    Justine

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  6. Bonjour Joëlle,

    Un petit coucou rapide pour te souhaiter un bon week-end et de dire que j’ai déposé ma contribution pour le thème du mois de mars sur « Les passeurs de mots ».
    Je reviendrais pour lire avec envie la suite de « Boomerang ».

    Bise.

    Philippe.

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  7. Va-t-elle tomber sur de « bons » flics ? Je l’espère. Elle a bien failli tomber dans des pattes malfaisantes. Après tout Nénette a été sympa. La petite n’aurait pas dû autant réfléchir.
    Bisous

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  8. Les barreaux semblent se refermer autour d’elle à nouveau ……….(je le sentais pourtant bien avec la camionneuse !).

    Demain, j’irai lire cette suite captivante !

    Je pars vite souper , t’embrasse tout plein tout plein : ta pèlerine.

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