Suite 6

Il ne dit pas un mot, allonge Germaine à même le sol, lui fait relever les jambes en les posant sur deux chaises, il va même jusqu’à lui les attacher, mais il voit la terreur dans ses yeux, mais cela ne dure pas longtemps car la tête de l’enfant est déjà là, certes il n’a jamais mis au monde un enfant, mais il a vu sa mère accouchée de nombreuses fois. Germaine a poussé une seule fois, et l’enfant, une belle petite fille a failli heurtée le sol. Il l’a pris et mis sur le ventre de sa mère et maintenant il attend. Sans un mot, il lui a donné ce qu’elle réclamait, puis elle s’est relevée et a mis la fillette à son sein. Lui regardait sa montre, et attendait. Il regardait parfois par la fenêtre, avec son grand chapeau noir, sa houppelande de même couleur et sa barbe en broussaille, il y avait de quoi être terrorisé, Germaine n’osait plus le regarder, possible que la petite la protège, mais elle n’en n’était pas si sûre. Toutefois, il ne voulait pas de mal à l’enfant, car il avait accepté de l’aider. Mais quand à la suite elle tremblait. Quand soudain, il prend l’enfant de ses bras, le couche dans le berceau et demande à Germaine de passer son gilet et il la pousse vers la porte. Elle marche comme un automate, où l’emmène-t-elle ? Et surtout pourquoi est-il revenu ? Il va se venger, mais pourquoi maintenant, pourquoi ?

Comme convenu le brigadier arrive à la nuit tombée, il n’y a pas de bruit à la ferme du haut, aucune lumière, soudain un vagissement se fait entendre. Tiens l’enfant est né, mais pourquoi Germaine n’a pas allumé la lumière. Il pousse la porte qui est entrouverte, allume la bougie  et voit un enfant bien emmailloté, mais après avoir fait le tour de la maison il n’y a personne. Où est la mère ? Le père n’est ni en haut, ni à la grange où les vaches meuglent, Maurice n’est même pas venu les traire ; un de ses hommes prends l’enfant et l’emmène vers le médecin du village, voir si tout va bien, puis ils confieront le bébé à une nounou, en attendant que sa mère soit retrouvé. Ils sortent à l’extérieur et chacun leur tour donnent de la voix en appelant tantôt Maurice, tantôt Germaine, mais aucune réponse à leurs cris. Nuls ne sait où ces deux-là sont allés et pourquoi ont-ils laissé l’enfant. Ils espèrent que ce n’est pas le Pierrot qui est venu récupérer sa femme. Aurait-il assassiné le Grand Maurice, mais ou serait son corps ? Ils quittent la ferme et entendent le glas sonné, c’est la cloche du château, qui la sonne ? Cela résonne comme un mauvais présage. Il est temps de rentrer, ils verront demain.

Le brigadier en rentrant chez lui, ne sait que penser de tout ce qui vient d’arriver, il ne faut pas dire à Jules que sa mère a disparue et que le bébé est né. Il rentre et se tait, car il voit Jules jouer gentiment avec sa dernière fille. Ils passent à table et rapidement les enfants vont se coucher, demain ils retournent en classe. Pendant la veillée qu’il passe en compagnie de sa femme, il lui relate par le menu ce qu’il vient de découvrir à la ferme du haut. Elle, semble perplexe, c’est certainement un coup de ce bon à rien de Maurice, Germaine par le passé était sa meilleure amie, elle a changé depuis que son Pierrot a été condamné à 20 ans de prison, et il vient de sortir pour bonne conduite, ce qui était fort rare par ces temps. Il faut dire que le Pierrot même en vivant avec la Germaine portait de belles cornes, il n’avait jamais su si ses filles aînées étaient de lui. Seul Jules était son fils, le gamin lui ressemblait de trop. Puis dès que le père de Jules avait été enfermé, elle s’était mise à la colle avec le Maurice et depuis elle avait eu plusieurs fausses couches, la femme du brigadier avait toujours pensé que l’autre était un violent, comme tout un chacun elle avait vu au cours de ses dix ans le ventre de son amie s’arrondir et jamais aucun enfant n’était arrivé à terme. Comment celui-là avait pu arriver à vivre ? Cela était une énigme pour tout le village. Mais il fallait qu’elle soit attentive, des bruits couraient que le Maurice avait abusé de l’aînée du Pierrot et tenté de le faire sur la seconde. Pourvu que le bébé soit un garçon il se défendrait mieux qu’une fillette. Lorsqu’ils vont dormir, le couple, comme à leur habitude ouvre doucement les portes des chambres de leurs enfants, remonte un édredon, recouvre la plus jeune, et observe discrètement Jules qui dort comme tous les enfants de son âge d’un sommeil calme.

 

Mais dès que la porte se referme, Jules ouvre un œil, il n’arrive pas à dormir, mais il connaît les habitudes de sa mère, et il a compris lorsque les pas se sont fait plus lourds dans le couloir que les parents de Paulo avaient le même rituel. Il a regagné rapidement son lit, et calqué son rythme cardiaque à celui de son ami Paulo. Jules se demande ou le père de son copain peut cacher la clef de la maison, il aimerait tant savoir si ce ne se serait pas son père qui se cacherait dans le château, mais il lui faudrait des bougies pour voir dans les pièces sombres. Les voler, il n’y songe nullement, regagner la ferme du haut, oui c’est une solution, mais si son beau-père cuve, il peut ouvrir un œil, et là il ne donne pas cher de sa peau, déjà qu’il a un mal de chien depuis que ce fou l’a frappé. L’onguent appliqué par sa mère fait qu’illusion désormais, il faudrait qu’il se laisse examiner par le pharmacien ou le médecin du village, mais il est encore trop tôt. Il s’habille lentement, et au moment où il va prendre ses souliers ferrés à la main, Paulo se réveille. Il baille et s’étonne de voir Jules debout, il voit bien que le jour n’est pas encore levé.

–       Recouche-toi Paulo, je vais aller chez moi, j’ai oublié mes devoirs pour demain, mais toi rendors-toi.

–       Es-tu certain Jules que tu as oublié tes devoirs, tu m’as aidé à faire les miens tout à l’heure et j’ai bien vu que tu avais dans ta besace tous tes cahiers. Dis-moi plutôt ce que tu vas aller faire là-haut ?           

–       Ecoute, Paulo ne rends pas les choses plus difficiles, laisse-moi y aller seul, et, après je t’expliquerais.

–       Non, je t’accompagne, n’oublie pas que je suis fils de flic.

Cela fait sourire Jules, car il ne voit pas en quoi cela peut l’aider, mais après tout il est réveillé, il peut lui être utile, il sait surement où son père cache les clefs, ainsi que les bougies. En deux temps trois mouvements ils sont hors de la coquette maison où la famille du Brigadier loge. Ils montent lentement mais ils doivent faire attention à ne faire aucun bruit, ce n’est pas la peine de passer près des maisons où les chiens alerteraient leurs propriétaires. Ils se fondent avec le paysage, se glissent de ci-de-là et enfin voici la ferme du haut. De loin elle semble abandonnée, aucun bruit, tout le monde doit dormir. Paulo propose à Jules de faire le guet, quand à ce dernier il ouvre la porte qui n’est pas fermé à clefs, cela l’alerte et le fait redoubler de vigilance. Il y a une bougie sur la table, il l’allume à la mèche de la lampe à huile qui commence à s’amenuiser. Son beau-père n’est pas là, il aurait pris soin de la lumière. Car, il n’a jamais voulu avoir l’électricité, un vrai rustre ! Jules se décide à rafler le plus de bougies, et, au moment de sortir, il lui prend l’idée d’aller voir sa mère. Il monte l’escalier mais oh surprise, elle n’est pas là, son lit n’est pas défait. Étrange, où est-elle passée ? 

Auteur : Eva Joe

Ma plume ne s'essouffle jamais, elle dessine des arabesques sur la page de mes nuits, elle se pare comme un soleil en defroissant le ciel. En la suivant vous croiserez tantôt Pierrot et Colombine dans mes poèmes ou Mathéo et son secret et bien d'autres personnages dans mes nouvelles et mes suspenses.

8 réflexions sur « Suite 6 »

  1. que de disparition le suspens est gros là ………….certaine presque que la mère du copain de Jules pense savoir ou est cette pauvre femme……..mais je sens que le supsens va encore grandir………Bisesssssssss

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  2. J’espère qu’il n’arrivera rien de grave aux garçons, au moins … ouf ! Bien hâte de lire la suite …
    Bonne fin d’après-midi EvaJoe !
    Bisous♥

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  3. Tous les enfants de l’histoire sont confrontés à de dures réalités.
    Comment Jules va-t-il s’en sortir de tous ces imbroglios familiaux ?
    A bientôt pour la suite.
    Bisous.

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  4. pauvre Jules et pauvre bébé…. qu’est ce que ce monstre a fait de sa mère ?? allez j’attends sagement le 7e épisode, sympa ton truc EvaJoe
    bisoussss
    joelle

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  5. Où est sa mère? Comment l’homme au chapeau a-t-il eu le coeur de la séaper de son nouveau né,
    Que de questions en suspend. Mais je dois filer…
    Bises de douce soirée
    😉

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