L’enfant de personne /14

Mai 1944 ( suite)

L’ homme a profité de cette intermède pour sortir en rampant du tas de bois, s’est avancé vers moi se traînant plus qu’il ne marchait, il a soulevé sa capuche et à la lueur de la lune je l’ai reconnu c’était Mr Michalon il m’a chuchoté:

Sale garce c’est bien vrai ce qui court sur toi tu es une pute.

La cuisinière devait me faire une sale réputation car je l’avais vu lui parler.

Je t’ai suivi et vu discuter à un type qui ne m’est pas inconnu, tu as du prendre du bon temps, je t’ai vu en culotte et soutien gorge, tu es un beau brin de fille. Alors il t’a prise comment par devant ou par derrière ? Tu as dû jouir en silence, moi je vais te faire grimper au rideau.

C’est à ce moment-là que nous avons entendu une voix crier on décroche ils ont eu leur compte, il ne faut pas tarder ramassez les armes, d’ici deux heures ça va grouiller d’Allemands. Puis Pierre a sifflé au clair de la lune, mais je ne pouvais pas le rejoindre, le maquignon pesait sur mon corps. Crier, appeler à l’aide, j’ignorais à quelle distance se trouvait mon amour. Et surtout je savais qu’il aurait été obligé de tuer Mr Michalon pour garantir la sécurité de tout le réseau. Alors j’ai préféré me taire.

Le père Michalon m’a dit nous sommes seuls tous les deux, les Allemands sont repartis sur Oyonnax. Quand aux maquisards qui sifflent au clair de la lune, ce doit être un cri de ralliement et c’est toi qu’ils devaient attendre. Donc tu fricottais pas avec ce type mais tu as dû lui porter un message. Avant que je te traîne chez les allemands je vais profiter de ta petite bouille et de ton beau petit c..l. Nous allons prendre du bon temps tous les deux.

Au moment où il se mettait à genoux je lui portais un violent coup sur la tête, sous le choc et dans la position où il se trouvait, Il basculait à l’arrière en heurtant le tas de bois et tout le petit échafaudage si bien monté s’écroulait sur lui. Je me suis relevée lui ai tapé un grand coup sur les genoux. Il n’a pas proféré un mot, me suis précipitée sur la lourde barre métallique, à la première tentative je n’y suis pas arrivée, je tremblais tellement, puis reprenant mon gourdin j’ai réussi à faire levier et la barre a sauté. J’ai juste eu le temps de reculer sinon elle me blessait aux jambes. J’ai entrouvert la porte, la lune était magnifique, elle éclairait l’intérieur de la cabane, je me suis retournée, j’ai vu la flaque de sang qui s’élargissait. Je l’avais tué mais j’avais eu la vie sauve. Avant de partir j’ai récupéré sa besace, elle était lourde, je ne m’attardais pas il fallait que je retourne sur Nantua au point de chute prévu. J’ai quitté sans un remord l’abri de fortune et j’ai pris le chemin qui serpentait à flanc de montagne pour pouvoir rejoindre la route de Nantua, espérant que les Allemands n’auraient pas laissé des sentinelles. Mais j’ai plus vu de jeunes soldats morts. Il y en avait de çi de là plusieurs. Ils allaient revenir mais ceux qui étaient répartis ne devaient pas être assez nombreux pour emmener leurs morts.

Je suis remontée sur une centaine de mètres afin de retrouver le balisage qui me permettrait de rejoindre la trouée et la cascade de l’Ain. Je suis redescendue en courant, la besace me gênait. Aussi j’ai pris le temps de vérifier ce qu’elle contenait. Des tickets d’alimentation en quantité impressionnable, un portefeuille que j’ai abandonné non sans l’avoir délesté de ces billets de banque. Des photos de lui posant avec des Allemands. Je les ai prise. Une flasque de rhum, j’en ai bu un peu puis je l’ai laissé. J’ai glissé mon trésor dans mon sac attaché autour de mon ventre. Et je suis partie sans la besace.Après avoir atteint la route, j’ai préféré enjamber le parapet du pont et m’aidant des rochers et des branches basses j’ai atteint la rivière. J’étais épuisée, mais un bruit encore lointain m’a donné des ailes il y avait des chenillette, une armée était en marche. Dans quelques heures si je ne bougeais pas je serais soit morte soit emmené de force, et là je ne donnais pas cher de ma petite personne. Il n’y avait pas vraiment de chemin mais en longeant la rivière et dans le sens de la descente je pourrais rejoindre Nantua. Parfois j’étais obligée de passer dans l’eau, j’évitais d’y chuter dedans pouvant me faire mal voir me noyer car certains endroits étaient plus profonds. J’ai ainsi évité le contrôle à l’entrée de Nantua. Je n’avais plus qu’à traverser la route à nouveau, puis enjamber la voix ferrée, je voyais au loin les lumières de l’hôtel. Mais aucun train ne circulait, j’avais peur que les Allemands patrouillent sur la voie, mais je suivais les rails jusqu’à la gare, au moment où je vais pour sortir de la gare par le portillon, surgit poussant son vélo un homme que je reconnais grâce à sa casquette, c’est le chef de gare. Il regarde à droite et à gauche comme si, il allait emprunter les voies, puis je le vois me faire signe. Il s’approche de moi et me dit c’est le Félin qui m’envoie. Prenez mon vélo et rendez-vous à l’hôtel où doit vous attendre le patron. Donnez-moi la carte de Paulette et reprenez votre identité et il me tend ma vraie carte au nom de Magdeleine du Pontiac.

A l’hôtel « Le Terminus » m’attendait le patron fort anxieux car j’avais largement dépassé l’heure prévue. Il m’a averti que les Allemands avaient été rejoint par une division de SS et l’ordre leur avait été donné de couper l’accès au Cerdon. C’était donc ça le bruit de la colonne blindée. Il l’avait appris d’un des officiers qui logeaient à son hôtel. Il avait réussi à joindre le docteur Morand lui signalant que Félix avait bien eu les papiers mais qu’une échauffourée entre résistants et la milice accompagnée de soldats Allemands avait eu lieu au-dessus de la cabane. Pierre était bien malheureux et craignait pour la vie de sa future femme. Comme je vous vois, je vais m’empresser de les prévenir, venez avec moi, ma femme va vous préparer un bon petit déjeuner et vous attendrez les ordres. A son retour il m’avertis que je pouvais rester chez lui, il me ferait passer pour sa nièce, je pouvais dormir dans une chambres de bonne mais j’avais interdiction de remonter chez les Pitaval.J’espérais que les nouveaux grands-parents de mon petit Noël ne seraient pas inquiétés. Ils m’avaient accueilli à bras grands ouverts c’était ma famille, moi l’enfant de personne. J’avais peur pour mes deux amours Pierre et Noël.

Auteur : Eva Joe

Ma plume ne s'essouffle jamais, elle dessine des arabesques sur la page de mes nuits, elle se pare comme un soleil en defroissant le ciel. En la suivant vous croiserez tantôt Pierrot et Colombine dans mes poèmes ou Mathéo et son secret et bien d'autres personnages dans mes nouvelles et mes suspenses.

9 réflexions sur « L’enfant de personne /14 »

    1. Sale époque, au contact des Pitaval elle a pris de l’assurance ce n’est plus la pauvre gamine sortie de son couvent. La preuve… Mais il va falloir qu’elle se débarrasse aussi des démons de son passé.

      A bientôt pour la suite.

      Bonne rentrée .

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    1. L’auteur que je suis 😉 va l’emmener vers son destin. Va-t-elle en profiter ou reprendre sa longue marche. Son enfant est dans la tourmente avec la famille. Mais… Tu le sauras bientôt.🙄

      Bonne semaine à toi aussi.

      Bisous

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