Lumières dans la nuit /9-1

Ma mère se retrouve rapidement allongée sur le côté, Claude me dit avoir son brevet de secouriste. Je l’ai, mais je n’en fait pas cas.

En se penchant sur elle, il me dit :

Xavier ta mère sent l’alcool à plein nez, si elle ne boit pas je pense qu’elle nous fait un coma éthylique. Appelle le 15.

Ma mère boire, non ce n’est pas son genre, à moins que depuis mon départ elle se soit mise à boire. Mon père enfin son mari lui menait la vie dure. Rien n’était trop bien, trop beau pour lui. Elle était sous sa coupe.

Nous attendons l’arrivée du 15, ils étaient réticent au début, puis après avoir dit mon nom ils se sont empressé d’arriver. Ce qui fait dire à Claude que j’étais connu comme le loup blanc.

Lyon est grand, mais pour l’instant je porte le même nom que mon père adoptif. Et ils viennent juste de constater la mort de mon père, donc en entendant mon appel et le même nom, ils ont du comprendre qu’un autre drame s’était joué. D’où leur réponse positive.

Enfin les voilà,

Le pompier me connait mais ne dit rien, il s’active auprès de ma mère et fait le même constat que Claude.

Xavier tu, vous pouvez regarder ce qu’elle aurait pu boire, regardez un peu de partout. Par contre êtes-vous certain qu’elle n’a pas pris des médicaments ?

Je n’en sais absolument rien, autrefois ma mère ne prenait rien, mais… Je peux demander à la voisine, quand je suis arrivé elle était chez nous.

La voisine vient dès que je lui le demande, elle montre au médecin les médicaments que ma mère prend depuis trois mois. Sans un mot, les pompiers l’emmènent rapidement.

Je remercie la voisine et lui fait signe de s’en aller.

Une fois la porte refermée je marmonne dans ma barbe plutôt que je parle :  » il y aura moins de casse cette nuit, d’habitude c’est plutôt le va et vient des policiers qui interviennent pour débusquer les bandes qui trafiquent de la drogue, ou qui prennent un malin plaisir à mettre le feu aux voiture. Je lève les yeux et voit mon cousin devenir tout pâle.

Et mon vieux ne me fait pas faux-bond, que t’arrive-t-il ?

Tu viens bien de parler de voitures qui flambent. J’espère que le 4×4 ne va pas subir ce triste sort.

T’inquiètes, vu que ma mère n’est pas là, soit nous allons à l’hôtel soit je demande que l’on nous surveille notre véhicule.

Qui va le surveiller ?

Les petits voyous de la Cité

Tu es fou !

Non, t’inquiètes au contraire si je leur promet un billet de 100 € ils nous la surveillerons.

A combien tu files un billet de 100€

A un seul mais il mettra un point d’honneur à ce que personne ne touche le 4×4. je ne vais pas me ruiner

Je suppose que tu sais ce que tu fais. Est-ce que tu vas aller à l’hôpital ?

Ce soir ce n’est pas la peine. Nous verrons demain. Viens je te montre ta chambre, je suis fourbu il faut que je reprenne des forces. Demain j’irais voir mon ami d’enfance et à midi nous irons dans un bouchon dans le vieux Lyon manger une cervelle de canuts.

Une quoi ?

Des spécialités Lyonnaises

Ah d’accord, allez bonne nuit Xavier

Je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit et au petit matin c’est le téléphone qui me réveille, c’est mon vieux pote. Il me donne rendez-vous ailleurs qu’au Commissariat ce dont je le remercie.

Claude dort si bien que je lui laisse un mot.

Ce que j’apprends « Au rendez-vous des pêcheurs » me laisse un sale goût dans la bouche. Mon père s’étais mis à frapper ma mère dès mon départ. Et mon ami pense que ma mère a appelé Christian et qu’elle a commandité le meurtre. Les bras m’en tombent.

Je lui demande s’ils en sont certains. Car une accusation est une chose mais accuser sans aucune preuve, aucun témoin c’est allé droit dans le mur. Il faut que ma mère parle. Et là ce n’est pas gagné. Elle est toujours dans le coma.

Je rentre à pieds, passe vers la voiture, ce ne sont pas les deux d’hier au soir qui sont assis à côté du 4×4. Je les salue, me présente et leur demande où sont leurs copains. Je leur file 20€ chacun et leur demande de me les ramener. D’ici 20 minutes je les veux à la voiture.

Et surtout ne leur dites pas que je vous ai donné un billet chacun.

En général dans la cité c’est la loi du silence. C’est chacun pour soi.

Ok Patron, me répond celui qui n’a même pas seize ans.

Je rejoins Claude et lui dit que l’on va s’en aller. Je ferme l’appartement et sort. Je ne reviendrais sûrement plus jamais. Je glisse la clef dans ma poche.

En bas les deux gamins m’attendent. Je m’arrête à leur hauteur et leur demande :

Avez-vous vu Christian la nuit passée ?

Non, ni dans la journée d’hier, ni cette nuit, depuis l’assassinat de votre femme il n’est plus revenu.

Avez-vous entendu parler d’un coup de feu dans l’immeuble de mes parents.

Oui

Et ?

Que voulez-vous savoir Monsieur?

Qu’est-ce qui se raconte dans la cité ?

Ils hésitent, puis finalement le plus jeune me dit :

C’est votre Mère

Ils s’en vont sans réclamer leur billet.

Je ne les appelle pas, est-ce que je m’attendais à cette réponse, plus où moins. Est-ce que c’est ma mère ou non ? Je ne sais plus. Les petits caïds de la Duchère ont soit un nouveau chef, soit Christian est resté celui à qui l’on obéit en n’importe quelles circonstances. A-t-elle fait signe à Christian, l’accuser ensuite lui était facile, Christian a déjà tué une première fois.

Mais c’est à l’équipe de la Brigade saisie du dossier de faire la lumière sur ce drame. Je vais envoyer un texto à mon vieux copain pour lui dire ce que j’ai appris.

Claude nous partons, toujours partant pour déjeuner dans le Vieux Lyon, ensuite je récupère Julien et j’emmène à la MJC son cadet car il part cette nuit à son stage de voile. Et après nous regagnons Lajaresse où je vais oublier cette sordide affaire.

Tu emmènes Julien, et ses résultats ?

Il a eu les résultats de son Brevet, réussi du premier coup. J’espère que c’est pareille pour ton fils et celui de ton voisin.

Ma femme allait voir les résultats ce matin, ensuite elle doit faire des courses.

Avec quelles voitures est-elle descendue ? Vous en avez une autre ?

Une vieille deux chevaux qui nous dépanne.

Alors allons y. Tu sauras ce soir si ton gamin l’a eu.

Tu ne vas pas voir ta Mère ?

Les visites sont interdites, j’ai téléphoné ce matin, de toutes façons je pense qu’elle va aller en prison où tout au moins dans un hôpital psychiatrique.

Claude ne me demande rien et je lui en sais gré car je n’ai pas le cœur à lui donner des explications.

Après le déjeuner qui a ravi les papilles de Claude, nous partons sur Anse chez la famille d’accueil de « Julie mon amour ».

Mes deux fils sont heureux de me voir. Ils se jettent dans les bras. Claude a préféré rester dans la voiture, ne voulant pas gêner mes beaux-parents comme je les ai toujours appelé. Mon beau-père me dit que la police est venue et leur à demander si Christian leur avait téléphoné. Il me prends à part pour me poser des questions.

Je lui explique ce que je sais. Et il me dit :

C’est une sale affaire, et êtes -vous sur que votre mère l’ait accusé à tort ?

Je ne sais pas, vraiment je ne l’imagine pas l’appeler, par contre depuis mon départ, mon père adoptif était devenu violent.

Ah ! Courage Xavier.

Nous rejoignons sa femme, tous les deux embrassent mes fils en leur souhaitant de passer de bonnes vacances. Claude s’est mis au volant, je n’ai rien dit, il descend de la voiture et met les bagages de mes enfants dans le coffre. Encore des recommandations à mes enfants, de nouvelles embrassades,puis nous partons.

Julien ne dit rien tant que son petit frère est avec nous. Nouvelles embrassades, Nicolas est tout heureux de retrouver ses copains. Il est devant la MJC avec un des animateurs, il nous fait signe de la main. Un grand sourire. Cela me réconforte car depuis que sa mère est morte c’est la première fois que je le voit ainsi.


Julien est plongé dans des pensées douloureuses, la mort de sa mère par son grand-frère a été un choc pour lui, une véritable tragédie. Nous n’en avons pas tellement parlé. Il est allé voir un psy pendant plus d’un an. Comment est-il aujourd’hui ? Il nous joue la comédie, je ne pense pas qu’il dort, il fait semblant.

Je pense qu’il veut me dire quelques choses mais la présence de Claude le perturbe. Aussi discrètement je fais signe à Claude de s’arrêter dans une station service.  Claude en profite pour se payer un café et il me laisse en tête à tête avec Julien.

Dès qu’il s’est éloigné il me dit :

C’est lui qui a un fils de mon âge ?

Oui, mais je te connais bien Julien tu as un poids sur le coeur et tu ne sais pas comment m’en parler.

Oui, papa tu as raison, hier vers 14 h j’ai croisé Christian, il était avec une jolie bagnole.

Quelles marques ?

Une Toyota, il m’a forcé à m’arrêter en se mettant en travers de la route qui mène chez Grand-papa.

Et que t’a-t-il dit ?

Que tout l’accusait mais que ce n’était pas lui l’assassin.

L’assassin de qui ?

De Maman !

A suivre

Auteur : Eva Joe

Ma plume ne s'essouffle jamais, elle dessine des arabesques sur la page de mes nuits, elle se pare comme un soleil en defroissant le ciel. En la suivant vous croiserez tantôt Pierrot et Colombine dans mes poèmes ou Mathéo et son secret et bien d'autres personnages dans mes nouvelles et mes suspenses.

5 réflexions sur « Lumières dans la nuit /9-1 »

  1. J’avais laissé un com. sur celui d’avant mais fausse manœuvre et hop … Bon, c’est le gros bazar cette famille. Les morts … les assassins qui ne le sont pas, tout au moins on ne sait pas …
    Allez Eva, tu t’amuses follement, j’en suis sûre.

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  2. Bonjour Evajoe,
    Quel rebondissement! Christian ne serait pas l’assassin? En voilà une bombe! Un suspense savamment amené. 🙂
    Gros bisous

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