Lumières dans la nuit /20

Paul en partant m’a serré dans ses bras et il m’a dit j’ai compris ce que vous m’avez caché, vous êtes comme un fils pour moi. Reposez-vous, je vous trouve en meilleure forme mais encore fatigué. J’ai appris que vous aviez retrouvé une partie de votre famille. J’en suis très heureux pour vous.

Même si Jamila n’est pas notre fille nous sommes bouleversés Béatrice et moi. Du reste vous avez vu l’impact qu’elle avait sur Julien. Une petite très bien qui était au lycée et qui avait d’excellents rapports avec ses amis en général. Elle était comme une grande soeur pour Julien et Nicolas. Et l’an passé au moment où leur maman est décédée elle était devenue comme une maman pour Nicolas.

Merci Paul, je vais parler avec Julien. Bon courage à votre femme pour cette épreuve. Les parents vont rentrer?

Paul ne savait pas, il est reparti plus voûté que lorsqu’il est arrivé.

Damien a rejoint sa femme et proposé à Magalie de l’accompagner. Julien est dans notre chambre, c’est un sms discret qui m’avertis que Magalie partait avec Damien chez Claude. Je monte quatre à quatre les marches qui me conduisent dans notre chambre. Il faut que je m’occupe de Julien, je n’ai pas tous les éléments et surtout il faut que je ménage mon fils. Si leur mère était près de moi, ce serait tellement plus facile à deux. Julie savait toujours comment aborder les chagrins de nos enfants. Hélas je suis seul.

Julien

Papa, je sais que tu me caches des évènements terribles, Anthony a discuté avec son père, mais il ne lui a rien dit. Lorsque nous étions au château et que tout le monde a appris qu’une équipe était devant l’éboulement, Thomas ton ami nous a dit c’est bon on les a retrouvé, allez donc vous baignez. On est parti avec Claude et les adultes du village. Et Sophie nous a rejoint et dit il y a eu des meurtres.

Claude lui a mis une claque et l’a envoyé au village. Il lui a dit je dirais à ton père de t’avoir à l’oeil. Mais lorsque nous sommes redescendu elle était assise sur la murette vers la maison de ses parents en compagnie d’un jeune que je connais.

Que tu connais d’où

Il habite Vaulx-en-Velin vers chez Papounet.

Ah ! Son nom?

Je ne le connais pas, juste son prénom mais c’est son avatar sur Facebook.

C’est quoi ?

Zoï le mania

Hum, cela me semble assez farfelu, j’espère que le dernier nom ne correspond pas à ce que je pense.

Je vois Julien se marrer

Pourquoi tu rigoles ?

Ce n’est pas le maniaque c’est le maniat

Le maniat du Pétrole

Non Sophie a dit de la drogue

Son père est au courant

Je ne sais pas.

Je lui en toucherais deux mots, il n’a pas l’air de bien faire attention aux amis de sa fille. Il a quel âge ce garçon ?

Il fait vieux

Dis-moi parmi les jeunes que tu côtoies qui te semble le plus proche de son âge

Aucun ils sont tous plus jeunes, mais il a l’âge du type qui était sur la moto ce matin.

Merci Julien, tu as pris ta douche ?

Oui

Viens on va passer prendre grand-père et sa sœur. Je les ai négligé ces jours-là

Où allons-nous ?

On va chez Claude, sa femme a fait le repas. Demain nous te ferons plaisirs nous irons faire une descente en canoë kayak ?

Julien se jette à mon cou, j’ai réussi mais nous serons obligé d’en reparler, nous sommes au coeur de l’enquête. Et demain cette descente de l’Ardèche c’est aussi pour remercier tous ceux qui nous ont aidés. Thomas et mes hommes qui sont en congés ont tout organisés.

Ah te voilà Xavier et tu m’amènes Julien, c’est gentil, j’ai avertis mon petit neveu nous n’irons pas chez Claude ce soir.

Pourquoi Pépé tu es fatigué ?

Non mais on va vous laisser entre cousins et tes collègues gendarmes, nous prenons tous les enfants avec nous. Vous avez sûrement pleins de choses à vous dire. Nous avons appelé la pizzeria et on attends Anthony et Luc pour choisir les pizzas. Ça te va Julien ?

Il va vous les monter ?

Non Claude est descendu et attends notre commande. Bon les voilà. Allez file Xavier, les enfants dormiront ici.

Merci Pépé, merci ma Tante,

On ne les voit que l’été les petits faut bien que nous en profitions, et cette année nous avons aussi ton fils aîné

Merci !

A suivre…

Lumières dans la nuit /19

Mon vieux, tu es en convalescence je vais prendre ta place et je te laisse avec Magalie. Et c’est un ordre. Dès que nous en avons terminé je viendrais te faire mon rapport.

Madame je vous confie mon frère d’armes, mon ami le plus cher. Prenez soin de lui.

Ne vous inquiétez pas mon Commandant je vais rester avec lui. Venez Xavier, vous êtes épuisé.

Je regarde cette femme pleine d’empathie et j’accepte de m’en aller, descendre au village, retrouver le confort de la maison de mon grand-père et pleurer sur ma Julie. Au moment de redescendre mon téléphone sonne à nouveau c’est un de mes hommes, il me dit de l’attendre, une voiture fait des vas et viens depuis 17 h pour redescendre soit sur Vallon soit sur le village ceux qui ont participés au recherche.

Le voici près de nous il ajoute :

C’était leur dernière rotation mais le Commandant Thomas leur a dit de remonter. Ils ne vont pas tarder. Il ajoute : » tu n’aurais pas dû interroger cette jeune fille. Tu n’as pas retrouvé tout ton potentiel. C’était pire qu’une scène de guerre les blessés et morts par balles en moins. Le reste c’était les exactions et son lot d’horreur.

Je vois Magalie s’essuyer une larme, je ne dois plus m’épancher ainsi sur son épaule. Je dois prendre sur moi. Julien ne peut pas me voir ainsi.

Soudain je vois Thomas nous faire de grands signes qu’a-t-il appris qui mérite que l’on soit au courant ?

Ah il traverse à grande enjambée la cour et nous apprend une nouvelle qui a de l’importance.

Le conducteur de la moto est celui qui aurait dû être directeur du camp. Dimanche au moment du départ il a appelé son frère pour le remplacer au pied levé.

Pourquoi ?

Parce qu’il s’était séparé de sa chérie

C’est n’importe quoi

Attends que je termine, sa copine était la cuisinière du camp et elle refusait de venir. Du coup il a essayé d’arranger les choses mais elle s’est bloquée. Alors son frère lui a demandé de venir mais à lui de se faire discret. Il a commencé à préparer les repas qu’à partir de lundi.C’est tout.

Il ne t’a pas donné de raisons au fait qu’ils soient venu au château.

Non à part que son frère a entendu dans le village qu’il y avait dans les souterrains un paquet de fric abandonné lors d’un bracage.

Et avide ils ont eu l’idée de venir et ça a mal tourné . Sinon pourquoi les deux filles ont été violés ?

C’est une idée de son frère et lui m’a dit que la gamine l’avait dans la peau. Qu’elle était jalouse de sa copine. J’en ai pas crû un seul mot. Je lui ai montre les Polaroid. Il n’a plus voulu parler.

Téléphone au procureur et enferme-le. Par contre sait-il où est son frère ?

Il est parti après le drame et est descendu en rappel du côté où ce matin nous sommes montés. A cette heure il pense qu’il se planque à la …

C’est bon j’ai compris il est à la Duchère.

Hélas oui.

S’il faut détruire toute la cité pierres par pierres nous le ferons.

Allez pars va te reposer.

Je sais pourquoi je suis dans cet état j’ai des médicaments à prendre et je n’ai pas pris mon traitement depuis hier midi.

Dans la jeep je me suis mis à l’arrière, je me suis appuyé contre Magalie et je me suis endormi.

Magalie m’a réveillé, je n’ai pas compris pourquoi elle était là et je l’ai prise pour Julie. Elle n’a rien dit sur le moment car il y avait un gendarme d’Annonay. Je lui en sais gré car il se serait demandé si j’avais toute ma tête.

Où voulez-vous aller Xavier chez votre père ou rejoindre Damien ?

Allons chez moi, mais je n’ai plus ma clef.

C’est Damien qui vous l’a demandé tout-à-l’heure.

Donc nous allons dans la maison de mon grand-père, j’ai besoin de prendre une douche, vous aussi.

Je dois descendre sur le camp ne l’oubliez pas, les jeunes ont besoin d’être entouré.

Non, mes hommes qui sont en vacances vont rester jusqu’à ce que nous ayons averti leurs parents. Vous devez vous reposer. Demain ils vont les emmener pour leur sortie canoé-kayak.

J’ignorais, c’est gentil.

En petit groupe et en pratiquant leur sport favori ils seront moins sous la contrainte et nous espérons en apprendre davantage. Quant à vous, vous pouvez rester chez moi. Ce soir nous prenons notre repas chez Claude.

Je peux aller dormir à l’hôtel

Vous n’en trouverez aucun de libre, les vacances battent leur plein. Et puis vous pensez vous y rendre de quelles manières ? A pieds !

En effet vous avez raison, bon et bien j’accepte votre invitation.

Nous voici arrivés dans la maison de mon grand-père. Il y a foule, que se passe-t-il ?

Damien vient à ma rencontre et me dit que le Commissaire de Valence chargé de la Sécurité routière a téléphoné pour dire que mon beau-fils avait forcé un contrôle de police sur l’autoroute A7

C’est bien notre veine, où pense-t-il allé ? J’ai des doutes mais j’espère qu’ils ne vont pas se confirmer. Comment aurait-il eu vent que nous étions en Ardèche ? Voilà encore un souci qui se greffe sur ce que nous venons de vivre au cours de cette journée terrifiante. Monsieur Van Der Matt était en pleur devant la jeunesse de la petite Jamila. Nous espérons avoir rapidement plusieurs réponses à notre inquiétude. Une autopsie est pratiquée en ce moment.

Magalie a confirmé mes craintes c’est bien Paul et Beatrice la famille d’accueil où se trouvait la jeune fille. Le Capitaine de Vallon-pont-d’arc s’est rendu au camping de Voguë où ils sont en vacances. Paul doit monter dès ce soir voulant entendre ma version, non qu’il n’ait pas crû ce que lui a dit le Capitaine mais celui-ci lui a indiqué que j’étais en vacances à Lajaresse. Et que s’il pensait que je pouvais lui en dire davantage j’étais prêt à le recevoir. Ce doit être une petite vengeance à mon coup de gueule de ce matin. Je suis crevé mais Paul est l’homme qui a su remplacer le père de Julie, alors je le rencontrerais.

C’est un homme grand , des cheveux blancs, une moustache noire, c’est un patron d’une petite PME qui fabrique des meubles de cuisine. Il a trois ouvriers sous ses ordres, parmi, un des jeunes qu’il a eu en famille d’accueil en même temps que Julie.

Je me souviens que le jour de l’enterrement de ma femme chérie, Paul était soutenu par Pierre son ouvrier. Au cimetière tous les deux pleuraient plus que moi. Il faut dire que j’étais sous sédatif et je n’étais plus moi-même, mes enfants de chaque côté, accrochés à moi comme à une bouée de sauvetage. Et maintenant je vais être à nouveau confronté au Père d’accueil de Julie pour revivre la scène terrible qui reste gravée dans mes yeux. Nous n’en savons guère plus. L’autopsie a lieu à Annonay à l’Institut médico Légal. Mon adjoint y assiste en compagnie du Capitaine de Vallon-pont-d’arc.

Que vais-je pouvoir dire à Paul ? Je dois l’accueillir. C’est Damien qui est allé le chercher, après il s’occupera de sa femme, bien qu’en cette journée funeste elle soit allée chez Grand-père et sa sœur, et au déjeuner ils ont tous été invités chez la femme de Claude. Depuis elle y est encore car malgré qu’elle soit dans son cinquième mois de grossesse elle fait des confitures.

Voici Paul accompagné de Pierre, tous les deux me serrent la main. Magalie reste en sa qualité d’ex directrice et surtout parce qu’elle connait bien Paul et Beatrice. Damien va aussi assister à cette rencontre. Nous allons essayer de répondre à leurs questions. C’est à moi le gendarme qui a découvert la jeune fille qu’il’incombe de commencer. Je vais essayer de choisir mes mots et de ne pas leur faire plus de mal, car rien que de savoir que cette jeune fille à peine âgée de 14 ans est morte dans des circonstances sûrement atroces, en rajouter serait non envisageable.

Je commence par leur présenter mes excuses car je sais que ce que je vais leur dire sera gravé en eux à tout jamais.

Paul me prend la main et me dit :

Xavier fait ton travail , ne t’excuse pas, au vu de ce que m’a dit ton adjoint je me doute que ce sera difficile à entendre. J’en dirais le moins possible à Béatrice. Pierre m’a accompagné car il connaît notre Jamila. Les parents de Jamila sont en Tunisie. Je n’ai aucune adresse ni numéro de téléphone. Nous l’avons su par Fatima qui continue de communiquer avec nous.

En me parlant Paul a des sanglots dans la voix. Je me demande ce qu’il a dit à la sœur aînée de Jamila.

Paul avez-vous dit à Fatima que sa jeune soeur était décédée.

Oui me dit-il et se met à pleurer.

Cela me met des larmes aux yeux, je sais que je ne suis pas en capacité de mener cette rencontre mais pour Paul, le père de substitution de Julie, je me dois de le ménager tout en lui disant la vérité.

Paul confirme mes doutes, Jamila était anorexique, elle avait été placé par le juge des enfants suite à un signalement d’une professeur de CM2, et souvent lorsqu’elle mangeait, elle allait se faire vomir alors la petite ne voulait plus manger à la cantine.

La professeur des écoles la trouvant trop maigre avait voulu rencontrer les parents. Le père était souvent absent, il partait faire des chantiers dans toute la France et ne rentrait pas tout le temps pour le weekend. La mère essayait de s’occuper de ses enfants autant qu’elle le pouvait. Elle faisait des ménages dans les Entreprises soit le matin des 5 h jusqu’à l’ouverture des bureaux, soit le soir à partir de 18 h jusqu’à 21 h. Partie trop tôt ou rentrée trop tard, les enfants faisaient n’importe quoi.

L’aîné âgé de 20 ans était en prison, la seconde tout juste âgée de 18 ans venait de se marier en Tunisie, la troisième était Jamila et après il y avait deux garçons un de 12 ans et l’autre de 10 ans. Paul et Beatrice avaient chez eux, Jamila. Mais auparavant ils avaient eu Fatima jusqu’en juin où elle leur avait annoncé partir en Tunisie pour épouser un vague cousin. Puis Paul n’avait plus rien dit.

Paul pouvez-vous me dire ce que mes collègues de Vallon vous ont dit.

Que la petite était morte mais qu’ils ne savaient pas comment. La jeune gendarme a évoqué un éboulement. Mais que faisait-elle dans ce souterrain ? Avec vous Magalie ce camp s’est toujours bien passé.

Magalie interpellée répond oui en effet. Cette année il y a eu pleins de problèmes. Départ d’animateurs, vol dans la caisse, bons de vacances perdus, finalement la mairie a licencié le Directeur, entre-temps j’étais partie.

Je n’était pas au courant, pourtant nous faisons partis du Conseil d’administration. Qui était le Directeur ?

Justin Marcq mais c’est son frère Devon qui l’a remplacé au pieds levé.

Quoi mais c’est une honte ?

Paul vous les connaissez et pourquoi ce cri .

Ils ont harcelé Jamila et Fatima durant toute l’année passée.

Cela consistait en quoi ?

C’est Pierre qui prend la parole :

C’était devenu leur passion favorite, leur mettre la main aux fesses, leur pincer les seins. Paul a porté plainte, ils ont été renvoyés.

Mais ce sont des adultes, lui et son frère

Oui Devon a mon âge, mais la mairie les avait embauché pour nettoyer le collège et aussi le lycée.

Et vous n’étiez donc pas au courant que l’ainé était directeur et son frère faisait la cuisine.

Non, sinon je m’y serais opposé et Jamila ne serait pas morte.

Il faut que je vous dise Paul que nous soupçonnons que Jamila ai pu être violenté.

J’en étais sûr

Mais à l’heure qu’il est nous n’en savons rien, car seule l’autopsie pourra nous le confirmer ou non.

Avec Béatrice nous avons pensé que Jamila avait des problèmes, elle nous a téléphoné mardi en se plaignant que vous n’étiez pas là, Magalie. Et elle a ajouté le directeur a essayé de me toucher. Puis la conversation téléphonique s’est brutalement arrêtée. Et depuis plus rien du tout. Jusqu’à ce que ce gendarme nous rende visite.

Apres l’autopsie est-ce que nous pourrons lui dire adieu.

Vous devriez garder l’image de la jeune fille souriante que vous connaissiez.

Pourquoi Xavier ? Qu’est-ce que vous me cachez ?

Nous pensons qu’elle a été surprise par l’éboulement et qu’elle a crié. Comme nous ne l’avons pas retrouvé assez vite sa bouche est restée comme la mort l’a fauché.

Je me sens bête en lui répondant de cette manière, mais je ne peux pas lui dire que la petite est morte dans la souffrance. Et si en plus elle est morte assommée par les pierres et violée le tout en même temps. C’est horrible et atroce je suis dans l’incapacité d’être l’oiseau noir.

A qui dois-je m’adresser ? Je veux lui dire au revoir et j’ai des objets à lui donner. Et tant pis si je souffre, depuis la disparition de Julie je ne dors plus Xavier…

Puis il ne me dira plus rien jusqu’à ce que Julien arrive en courant et surtout en pleurant.

Papa tu ne m’as pas dit que c’était Jamila que tu avais trouvé dans le souterrain.

Comment l’as-tu su ?

C’est Sophie qui en parle dans le village

Quelle idiote cette gamine

Papounet tu es venu pour Jamila ?

Oui Julien

Et mon petit gars se remet à pleurer. Et en hoquetant il dit qu’il s’aimait comme des amoureux. Je prends mon enfant dans mes bras et je le serre très fort, hélas un premier chagrin d’amour c’est toujours éprouvant quel que soit l’âge que l’on a. Mais de cette manière c’est terrifiant.

A suivre…

Lumières dans la nuit /18

Magalie m’accompagne vers les jeunes du camp et leurs animateurs. D’un côté ceux qui étaient au château, de l’autre ceux qui sont resté sur le camping. Magalie va essayer de savoir avec qui la jeune Jamila sortait. Les filles étaient peut-être jalouse. Moi je vais m’occuper de ceux qui ont accompagnés le directeur. Par contre les parents sont venu récupérer les enfants du camping.

Je fulmine. Qui a eu cette idée saugrenue ? Je serais de service les têtes tomberaient. Mais il faut que je me calme, je ne dois pas prendre ses gamins de face mais les laisser parler. Quant au responsable qui a appelé leurs parents il ignorait le drame qui s’était joué dans les oubliettes.

Au moment où j’explique à Magalie ce que j’attend d’elle je reçois un appel téléphonique de l’hôpital Édouard Herriot. Tout de suite mon coeur ne fait qu’un tour. J’ai ma dose de mauvaises nouvelles.

Monsieur Denis

Oui c’est moi

Votre maman est sortie du coma, ses jours ne sont plus en danger. La police ne l’emmènera pas en garde à vue. La suspicion d’avoir participé et d’avoir tiré sur son mari est complètement écartée. Par contre il y a encore une surveillance car sur le journal le Progrès un journaliste a dit qu’elle n’était plus suspecté de meurtres. Et comme elle connaît le meurtrier ils ont peur qu’il s’en prenne à elle.

Merci Madame pour vos renseignement très précis. Pouvez-vous me dire si c’est un policier en civil ou en habit.

C’est un OPJ.

Merci

Monsieur lorsqu’elle ira mieux faut-il que nous cherchions une maison de repos ou pensez-vous la prendre avec vous ?

Vous pensez qu’elle peut sortir à quels moments ?

Avant le 14 juillet

Je m’excuse je suis en plein travail, je vous rappelle demain.

Oh excusez-moi Monsieur on m’avait dit que vous étiez en repos.

Au revoir Madame on vous a induit en erreur. A demain à la même heure.

Et je raccroche, je suis agacé, mais heureux, voici une bonne nouvelle. Nous verrons quelles décisions je vais prendre demain. J’ai bien une petite idée mais je dois en parler à mon grand-père.

Magalie s’est éloignée le temps de ma discussion. Comme je suis à la fois agacé mais soulagé, je lui dit que j’ai reçu de bonnes nouvelles familiales.

Elke sourie et me dit :

Mais vous semblez un tantinet agacé

Oui, les journalistes parlent à tort et à travers, et ça me met une pression supplémentaire. Bon vous avez compris concernant les jeunes de Vaulx-en-Velin ? Des questions directes. Et comme vous m’avez dit avoir une mémoire d’éléphant vous n’aurez pas besoin de noter leurs réponses. Je regarde ma montre il est déjà 16 h. On se retrouve vers les tables. Mais à l’ombre.

Ça marche Xavier, courage

A vous aussi je vous souhaite de pouvoir aussi gérer leurs émotions. Ne parlez pas tout de suite de viols.

J’ai compris ne vous inquiétez pas

Je vois Julien en pleine discussion avec Damien, alors que je me dirige vers mes camarades gendarmes qui entourent les jeunes du camp.Ils ont été isolés au fur et a mesure qu’ils sortaient des souterrains. Le directeur est introuvable, je souhaite qu’il soit vivant afin qu’il réponde de ses actes. Son adjoint a été retrouvé qui fuyait. La peur donne des ailes mais n’empêche pas de tomber. Il s’est lui aussi pris les pieds dans le lasso de Claude. Il faudra qu’il m’explique qui lui a appris à le manier.

Décidément mon téléphone sonne à nouveau, ah c’est le père de Pedro, je lui avait dit de m’appeler. Je réponds :

Monsieur Gonzalez vous me rappelez je vous remercie

Mon Commandant Pedro est sorti du coma. Ces jours ne sont plus en danger mais le chirurgien a dit que vous et votre famille vous lui aviez sauvé la vie. Je vous serais éternellement reconnaissant. Merci Mon Commandant.

Je suis ému, surtout après cette journée éprouvante. Deux bonnes nouvelles cela ne compensent pas les atrocités que nous avons vécu mais cela les atténues. Surtout que maintenant que je vais interroger avec mes hommes les jeunes, j’ai beau avoir de l’expérience ces moments seront douloureux à entendre.

Julien est à mes côtés, il me demande s’il peut rentrer au village avec Damien et son petit cousin. Car tous les enfants vont descendre en jeep.

Bien sur que tu peux descendre, mais soit tu restes avec Damien sinon tu vas chez ton arrière grand-père.

Je vais avec Tony chez son grand-père, il nous a préparé un bon goûter.

Ok ca marche, et à 19 h n’oublie pas de prendre ta douche au cas où je ne sois pas rentré.

Ok Papa à toute à l’heure

Bon je vais pouvoir interroger ces mômes, si tout le monde m’intercepte on va y passer la nuit.

Thomas mon bras droit m’attend. Il est au courant, il me fait le point rapidement.

Priscillia est prostrée nous n’avons pas réussis à lui tirer un mot. Elle a refusé un examen médical.

Entre- nous elle n’a vu que des hommes, elle a dû s’affoler.

On aurait dû l’emmener à Annonay en hélicoptère. Mais elle hurlait. On t’attendait.

Ah parce que moi j’y arriverais mieux, si tu le dis je te crois. Mais vu ce que nous avons trouvé en bas il est bien possible que cette gamine est été violée. L’examen confirmera juste nos doutes. Pour l’instant cela peut attendre. Elle est sous surveillance de qui ?

D’une femme gendarme à Annonay qui est arrivée avec une jeep après que les gendarmes de Vallon-pont-d’arc aient été appelés.

Le Capitaine Frémont ne nous a laissé aucun de ses hommes

Un bleu c’est tout

Bon on fera avec, tes hommes sont tous là

Ce sont les tiens Xavier

Allez les nôtres, nous n’allons pas chipoter.

Et nous voilà tous les deux vers les gamins qui soit sous la contrainte soit par plaisirs ont accompagnés le directeur de leur camp qui avait autorité sur eux. Jusqu’où est allé leur soumission ? C’est bien de là que va partir nos questions. Je distribue une fiche avec des questions à mes hommes, afin que tous posent les mêmes. Ils auront la délicate tâche sans les affoler mais avec fermeté d’écouter leurs versions des faits. En espérant que cela concordent. Sinon nous risquons d’y passer la nuit.

Voici la fiche tel que chacun en a pris connaissance

  1. Pourquoi êtes vous venu au château essentiellement la nuit
  2. Où est votre directeur ?
  3. Pourquoi des jeunes du camping se trouvaient avec vous ?
  4. A quoi vous servaient les motos ?
  5. Comment avez-vous accèdé au château ?

En espérant qu’ils jouent le jeu et qu’ils se sentent en sécurité avec nous.

J’ai choisi d’aller voir Priscilla après j’interrogerai le type qui était avec elle sur la moto. Celui-ci étant un adulte il est menotté.

Tu me reconnais Priscilla ?

Oui

Tu peux me raconter ce que tu faisais dans ce château.

Elle tourne des yeux affolés comme si le diable en personne allait lui apparaître.

La gendarme lui dit : » tu m’as dit tout à l’heure que tu dirais tout au Monsieur de ce matin. Comme le Commandant t’a demandé si tu le reconnaissais. Je t’ai entendu lui dire oui. Donc tu peux être en confiance.

Merci , je suis un père de famille j’ai deux enfants. Tu peux te confier à moi, tu n’es responsable de rien même pas d’avoir suivis le directeur. Et si il s’est passé quelques choses que tu n’as pas aimé ou que tu ai vu ce que tu n’aurais pas dû voir , sois tranquille je ne te punirais pas. Par contre il est préférable de tout me dire même si tu as honte. Clarisse qui est là va rester avec nous. Si tu veux lui montrer quelques choses je sortirais, par contre elle prendra des photos. Tu as bien compris ? Maintenant je t’écoute.

Oui Monsieur

Vas y

C’est la première fois que je viens ici pour faire du canoë kayak. L’an passé j’étais allée à Serre-Ponçon. C’était super sympa. Cette année c’est différent, j’aurais dû avoir une directrice mais une fille m’a dit qu’elle s’était embrouillée avec le directeur.

Continue, pourquoi pleures-tu ?

Depuis mardi je n’ai pas revu ma copine Jamila

Jamila ?

Oui, le directeur l’a punie,

Pourquoi il l’a punie ? Qu’avait-elle fait ?

Je l’ai entendu lui dire « j’ai dit à mon père que tu m’avais touché mais j’aurais dû lui dire que tu m’avais droguée et que je n’ai pas senti que tu me violais j’ai juste vu du sang sur ma culotte. »

Vous avez pris du ghb la drogue du violeur ? Toi aussi ?

Non moi j’ai été violée parce que j’ai entendu ce que ma copine disait, j’ai voulu me sauver mais le directeur m’a rattrapé, il m’a tiré les cheveux et donné deux gifles tellement fortes que je suis tombée sur le type avec qui j’étais en moto ce matin.

Un grand silence et à nouveau Priscilla sanglote. Puis elle arrive à prendre sur elle et nous raconte la suite :

Comme j’etais à la renverse étalée de tout mon long sur lui j’ai senti au niveau de mes, mon bas du dos.

Attends on s’arrête

Pourquoi ?

Tu me racontes avec tes mots si c’est le bas du dos et réellement à cet endroit c’est bon. Par contre si c’est ailleurs tu dois me le dire sans honte.

Oui ce n’est pas le bas du dos c’est plus bas.

La gendarme intervient :

Ce sont tes fesses ?

Oui, j’ai senti quelques choses de très dur qui appuyait sur mes fesses par derrière. J’ai pris peur. J’ai crié. Je sais maintenant ce que c’était mais j’etais une petite fille maintenant le directeur et Mich m’ont pris de force chacun leur tour. Mich m’a dit que Jamila elle aimait bien et que moi je n’étais qu’une oie blanche.

Elle n’aimait pas plus que toi mais elle ne se rendait pas compte. Après elle a dû avoir mal.

Alors je comprends mieux pourquoi parfois je me réveillais avec Mich en moi et je ne m’étais rendue compte de rien.

Dans ma tête je me dis que si toutes les gamines ont subis ce que nous dit Priscilla, cela ne m’étonne pas que le visage de la petite au short bleu est cette expression de douleur sur son visage.

Jamila tu peux me la décrire ?

Elle n’est pas plus grande que moi mais très maigre, dimanche elle avait une jolie jupe blanche avec des coquelicots rouges. Elle a les cheveux très courts. Et en haut elle avait un débardeur rouge.

Continue, vous étiez là ?

Oui, car on est venu pour faire l’anniversaire de Jamila.

C’était quel jour son anniversaire ?

Dimanche !

Il ne s’est rien passé ce jour-là ?

Jamila m’a dit que le directeur lui avait demandé si elle était vierge. Et après il l’avait embrasse sur la bouche en lui disant tu es belle, si tu veux je serais ton amoureux. Elle lui a dit je ne vous veux pas comme amoureux vous êtes trop vieux. Et il la collé contre le mur et essayé de lui faire ouvrir les jambes. Mais Jamila a crié. Il l’a lâché car son frère Devon est arrivé. Elle me l’a dit plus tard dans la soirée.

C’est tout ?

Non après on a fait son anniversaire et des jeux stupides.

De quels genres ?

Le directeur a dit aux gars de nous prendre sur leurs genoux, ils avaient les yeux bandés et le directeur disait : » touchez le front, au début c’était drôle mais après c’était des endroits intimes.

Nous en parlerons plus tard, il n’y avait pas un gâteau et de la boisson pour son anniversaire.

Oui mais je ne m’en souviens plus sauf que les filles et moi on a fait que vomir, nous étions malades

Essaye de te souvenir c’était quoi comme boisson.

Mich a dit que c’était un cocktail

Avec alcool

Oui, Jamila me l’a dit lorsque le directeur faisait faire des tours de motos dans les souterrains.

Je regarde Clarisse, nous pensons la même chose. Les éboulements ont dû se produire à cause des vibrations de la moto.

J’ai orienté la conversation vers son amie de façon de lui laisser le temps de se reprendre après ce qu’elle nous avait dit sur son viol.

Est-ce que tu sais quels jours nous sommes ?

Mercredi

Non nous sommes vendredi, Pourquoi étais-tu sur la moto de cet homme que tu nommes Mich ?

Il m’a menacé de me faire plus mal que ce qu’il m’a fait toutes les nuits.

Toutes les nuits ?

Oui, mais après je n’avais plus mal, alors je le laissais faire.

Est-ce que tu as mal quelques parts ?

Oui là

Elle nous montre son sein gauche, aussi je sors et dis à Clarisse que je vais lui appeler Magalie c’était la directrice du camp l’an passé. Je demande à Priscilla si elle est d’accord.

Oui je veux bien, je la connais, mais j’aimerais voir ma Maman

Tu auras besoin de faire quelques examens, mais on t’expliquera et après tu rentreras dans ta famille.

Elle pleure

Pendant ce temps je suis allé dans la cour demandé à Magalie de rejoindre la jeune fille et je lui ai expliqué. Elle veut bien y aller mais me dit que le médecin pompier est encore là. Et que comme c’est une femme, la petite se sentira plus en confiance.

Tres bonne idée, faites au mieux et si la toubib veut l’examiner, elle peut, bien que les conditions ne soient pas réunis.

Lorsque je rejoins Thomas mon ami je ne dois pas être beau à voir. L’ignominie jusqu’à la lie je l’ai entrevue cette fin d’après-midi. L’autre je pense que je vais me le faire. Je dis en quelques mots ce que j’ai appris. Thomas me prend dans ses bras et enfin je pleure, moi qui n’y était pas arrivé lors de l’enterrement de Julie. Moi qui chialait en douce mais jamais devant personne je chiale comme un gamin. C’est ainsi que Magalie me voit. Et je pleure davantage au point que Thomas s’en inquiète. Il me dit de faire une pause.

A suivre…

Lumieres dans la nuit/17

Nous voici au complet, finalement nous sommes très nombreux. Chacun va avoir un rôle bien défini. Nous avons tout d’abord sécurisé les lieux où nous pouvons rester sans craindre un éboulement. Dresser une table pour déposer nos victuailles. Chacun avant de rejoindre son équipe a pu boire un café ou de l’eau. Manger selon sa faim. Monsieur la baffe nous a avoué être claustrophobe, nous lui avons demandé d’être le coordinateur des équipes, il aura plusieurs casquettes. Il m’a remercié. Était-ce la raison de son regard fuyant j’ai encore des doutes.

Claude, Damien et moi sommes dans des équipes différentes de cette manière nous pouvons aider les autorités présentes. Magalie est restée avec moi. Elle m’a supplié des yeux, j’ai accédé à sa demande.

Dans chacune des équipes il y a du personnel médical, des terrassiers armés de pelles et de pioches, des maçons avec des étais pour sécuriser les plafonds, des chiens pour découvrir si les personnes sont encore vivantes. Puis pompiers, gendarmes, policiers et vacanciers ont rejoint eux aussi leurs équipes respectives.

Avant de démarrer nous avons demandes qu’aucun ne parle. Un silence impressionnant est tombé sur le château et ses ruines. Mon bras droit a par trois fois lancé un appel :

« Nous sommes les secours y a -t-il des personnes qui nous entendent. Nous allons peut-être faire tomber des pierres si vous pouvez vous déplacer faites-le rapidement et surtout faites nous le savoir. »

Dans un premier temps rien ne s’est passé puis surgissant de nulle part. Deux jeunes sont arrivé, deux garçons, l’un soutenant l’autre. L’équipe de pompiers les ont immédiatement pris en charges.

Un des policiers a interrogé le jeune non blessé mais secoué. Il lui a dit qu’ils jouaient aux gendarmes et aux voleurs et que son copain était tombé dans un trou. Ils n’avaient pas réussis à rejoindre leurs amis. Mais il n’avait pas répondu lorsque le policier lui demandait de quelles manières il avait pu faire sortir son compagnon d’infortune.

Décidément aucun des jeunes étaient en capacité de répondre où ils avaient de nombreuses choses à se reprocher où ils avaient peur de représailles.

Notre groupe est très dicipliné, nous traduisons les termes techniques aux vacanciers Hollandais pour aller plus vite. Monsieur Van der Matt que connait bien Claude est ingénieur chargé de vérifier la vétusté des bâtiments sur Rotterdam. C’est lui qui a pris la tête de notre groupe, nous lui faisons entièrement confiance. Tous les groupes sont relié par radio et nous sommes tous sur la même fréquence. Les chiens sont revenu sans avoir émis un seul aboiement. Mais aucun n’a réussi à ressortir par la cour. L’éboulement doit être fort important. Et nous pensons ne pas avoir pu explorer l’ensemble des souterrains qui relient le château aux deux villages.

Car Monsieur la Baffe de son prénom Hervé nous a confié que l’été dernier Sophie lui avait dit qu’elle avait avec des copains de Vallon découvert un chemin qui menait sous terre au village. Mais Hervé n’y avait pas prêté attention pensant que Sophie voulait se faire mousser. Hélas lui avais-je dit cela nous aurait été bien utile de savoir dans quelles maisons il atterrissait.

L’heure n’étant pas à la suspicion, nous étions parti même si c’était rageant de perdre du temps.

Magalie a le même âge que moi 40 ans. Nous sommes nés un dimanche à trois mois d’intervalle. Cela nous distrait d’échanger sur nos vies respectives et tant que nous n’abordons pas mon secret, je ne me sens pas anxieux. Puis on est à la recherche de jeunes sûrement dans un sale état et cela nous évite de parler de choses intimes de nos vies réciproques.

Notre équipe s’arrête car nous sommes devant l’éboulement. De chaque côté deux portes fermés par de gros cadenas installés assez récemment. Avec des pinces coupantes nous réussissons à les faire sauter. Dans la première salle nous découvrons deux lits de camp mais il n’y a personne et heureusement car sur un des côtés le mur s’est affaissé laissant entrevoir une bombonne de gaz, et deux autres lits bien amoché. Impossible de franchir les gravats sans faire tomber le plafond. Nous récupérons les lits de camp en bon etat, et fermons la porte sans pouvoir remettre le cadenas.

Nous procédons de la même manière pour la seconde salle mais là le pire nous attend. Il y a eu le même éboulement mais les gravats laissent apparaître les jambes d’au moins deux personnes. Les chiens sont envoyé en reconnaissance mais ils reviennent sans émettre un seul cri. Nous éloignons et faisons remonter les jeunes.

Je lance un appel pour savoir si à proximité de nous, une autre équipe a pu faire la jonction. C’est Damien qui me répond. Ils sont à l’extérieur et ils ont récupérés deux gamins du camping de l’Arche et Sophie. Ils nous envoient des civières.

Ce n’est pas la peine nous avons des lits de camp ils feront l’affaire, et le pire ce sont que les jeunes sont morts. Les chiens entrainés n’ont pas révélé de signes de vie.

Ah merde quels cons !

Est-ce ceux qui étaient perdus ? Nous le saurons en ôtant les pierres, il fait frais, la salle est voûtée, mais un détail m’interpelle, il n’y a aucune pierre qui se sont détaché de la voûte.

Ce n’est pas le moment de se poser des questions, il nous faut accéder aux corps. Les pelles soulèvent les gravats que nous versons dans des seaux que nos jeunes adultes évacuent dans l’autre salle. Lorsque nous commençons à apercevoir les deux corps, je m’aperçois de suite qu’il y a un problème.

Je fais partir les vacanciers. Seuls restent le médecin, un policier, Magalie et moi. Nous sommes rapidement rejoint par un lieutenant et un capitaine de gendarmerie et le Commandant Thomas est dans la cour et attends nos premières impressions. Magalie est quant à elle serrée contre moi.

Si tu veux remonter c’est le moment après ce sera trop tard.

Il n’y a aucune femme je reste

Le médecin intervient en lui disant :

Restez Madame, cette jeune fille est décédée il faut se rendre à l’évidence, mais vous pourrez peut-être nous dire qui elle est ?

Merci

Le garcon a la tête écrasée sur la jeune fille, au départ on pense qu’il a voulu protéger la fille en se couchant sur elle, mais il faut nous rendre à l’évidence ces deux-là étaient bien trop occupés. Le jeune a son pantalon de baisser il n’a pas de caleçon.

Aidé du médecin nous soulevons le jeune homme mais là nous découvrons un spectacle terrifiant. La jeune fille a une tête à faire peur, je suis pourtant aguerri et je trouve avec le policier que son rictus n’est pas dû à l’éboulement. C’est une scène qui a été orchestrée. Nous pensons tous les deux à la même chose.

Mr Van der Matt vient nous confirmer nos hypothèses. Il est dans le couloir et veut me parler mais pour éviter d’être surpris nous avons mis deux hommes en faction devant les portes en fer. Aussi il m’appelle et éleve la voix :

Mon Commandant puis-je vous signaler une chose qui me paraît suspecte. ?

Oui nous vous écoutons

Il n’ y a pas eu d’éboulement dans cette salle, ce sont les pierres de l’autre salle qui ont été jetées sur les corps. Et dans l’autre salle les pierres ne correspondent pas à l’intérieur, elles ont dû être entreposés aux cours des années. Il y en a d’ humides et d’autres très sèches, elles ne sont pas faites avec les mêmes matériaux.

Merci, en effet mon collègue et moi nous sommes arrivé aux mêmes conclusions en ce qui concerne la voûte de cette salle. C’est une mise en scène.

J’attends que Monsieur Van Der Matt s’éloigne et j’rnvoie mes premières constatations à Thomas :

Le garçon a plutôt dû se ramasser un coup sur la nuque ? Violait-il la jeune fille ? Son caleçon n’est pas dans ce réduit, il était mort avant que son corps soit placé sur celui de la fille. Le violeur n’est pas ce gamin. Il est couvert de sang sur son tee-shirt, il en a partout et la jeune fille n’a pas de sang sur son tee-shirt qui etait relevé sur sa tête, aucun soutien-gorge. Ses seins sont bleus mais est-ce que les pierres ont été lancées ou posées ?

Par contre le viol ne fait aucun doute, le médecin vient de me montrer ses cuisses lacérées et le sang le long de ses jambes. Elle a son short baissé un bouton d’arracher, son slip est encore autour de sa taille mais à l’entrejambe il a été déchiré On va surement trouver du sang ailleurs car au vu des traces elle n’était pas couchée mais debout.

Apres l’énumération de mes premières constatations il y a un silence oppressant aussi bien de la part de Thomas que de ceux qui m’entourent. Magalie pleure, un de mes lieutenants la console.

Nous attendons le retour de la scientifique qui est sur une autre scène, possible.que ce doit celle du viol ou des viols.

N’ayant nulle envie de déblayer l’éboulis du couloir nous remontons et laissons le capitaine et le lieutenant afin que personne ne surgisse ou vienne voir les deux corps allongés sur les lits de camp.

Dans la cour il y a alignés contre un mur, deux jeune filles, une qui pleure, une qui ne dit rien mais qui a reçu un coup elle a un oeil au beurre noir et le médecin lui administre un médicament contre la douleur et quatre garçons âgés entre 14 et 17 ans.

Quel drame a eu lieu dans ce vieux château qui a dû connaître des batailles ? Que cachaient ce directeur? Qui l’a entraîné là, car de Lyon à Vallon même si ce n’est pas loin il faut connaître Lajaresse pour pouvoir accéder à son village puis à son château.

Mais j’ai envie d’en savoir davantage même si j’ai d’autres chiens à fouetter.

J’avais trouvé un havre de paix dans un village tranquille de l’Ardèche entouré de ma famille que je viens à peine de retrouver, et voilà que je suis rattrapé par des gens sans foi ni loi qui viennent de Lyon. Cette ville que je voulais oublier…Celle qui m’a apporté que du malheur…Celle où mon beau-fils a tué sa mère. Cette femme que j’adorais, je suis perdu dans mes pensées, lorsqu’une petite voix me fait sursauter.

Excusez-moi Xavier mais vous êtes en proie avec vos démons car vous semblez fort triste.

Avec ces gamins qui sont morts ma vie d’avant me percute de pleins fouets et mes pensées vagabondent sur des évènements douloureux auxquels j’ai assisté. Et je pense aux familles qui vont être dans la peine. Car annoncé cela à des parents c’est fort difficile.

Je n’ai pas réussis à voir la jeune fille, rien que ce malheureux jeune homme m’a fait pleurer.

Elle est toute jeunette la petite, cela se voyait sur son visage malgré qu’elle soit défiguré par une douleur terrible. Elle était menue et si maigre que je me demande si en plus elle n’était pas anorexique.

Ah et bien je sais qui est cette petite, c’est une gamine placée dans une famille d’accueil.

A ce moment je chancelle pris d’un énorme doute, pourvu que ce ne soit pas les grands-parents adoptifs de mes fils. Magalie doit connaître leur nom de famille. Elle me le dira.

A suivre …

Lumières dans la nuit/16

En revenant avec Mr la Baffe je vois que mon grand-père est en grande discussion avec mon frère. Je m’avance pour voir de quoi il s’agit.

Ah te voilà Xavier, je pensais rentrer sur Lyon mais je vois que dans le village il se passe de vilaines choses.

Mais grand-père profite de ta famille, nous sommes tous en vacances. Nicolas veut faire ta connaissance, tu ne vas pas parcourir Lyon.

Pour notre Père j’en ai parlé avec Damien je vais mettre sur sa voie mes amis de la gendarmerie. Ma promo va m’aider, bon ce sont les vacances mais beaucoup d’entre eux sont sur le pieds de guerre. Nulle besoin de te déplacer, tout se fait sur internet et par ordinateur. On va le retrouver je te le promet.

C’est ce que je disais à Pépé mais il est têtu

Et bien nous lui ressemblons, quand à vous chère tante je pense que vous êtes pareilles. Lorsque vous avez une idée ce doit être difficile de vous faire changer.

Ah voila autres choses, j’avais mon fils qui me disait : »Maman il n’y a pas plus têtue que toi, maintenant voilà que j’ai mes petits neveux. Quelle famille !

Mamie tu n’en changerais pas lui balance Claude qui nous a rejoints.

Toi aussi tu vas t’y mettre. Quelle famille ! Mais comme je l’aime.

Nous partons tous les trois rejoindre sur le parking les gendarmes, trois pompiers bénévoles et deux jeunes pères de famille en vacance dans le même camping que les jeunes. Une dizaine de vacanciers de notre village y compris les couples de Hollandais. Nos enfants et leurs copains. Je prends les choses en mains en voyant des gamins de douze ans et moins :

En dessous de 15 ans vous restez dans le village. C’est un ordre.

Le Capitaine Frémont me présente la directrice adjointe, une femme d’à peine 40 ans, mignonne mais qui doit se faire du souci pour Pedro Gonzalez. Nous convenons que pour l’instant nous n’aborderons pas les problèmes concernant l’équipe de direction. Nous allons monter rapidement sur zone. Et en haut selon la situation nous aviserons.

Pour les plus chevronnés nous passons par les rochers, les autres iront sur le chemin en pente et herbeux, bien plus long mais moins dangereux. Mes collègues gendarmes arriveront plus tard, mais ils vont prendre l’Eurocoptère qui sert au GIGN ou au RAID.

Au même moment je reçois un appel de mon bras droit. Ils se sont garés avec leur gros hélicoptère sur le terrain de foot et ils ont rejoint la caserne des pompiers. Deux véhicules vont les mener sur zones mais ils vont accéder par l’arrière du château. Du village nous ne pouvons pas y accéder de cette manière. Ce n’est pas accessible pour des gens non entraînés. Mais avec des cordes ils pourront monter. C’est l’élite de la gendarmerie, et je suis fier d’eux car ce sont mes hommes.

Nous attaquons le raidillon comme disait il y a déjà quinze jours mon petit cousin. Je suis à la hauteur de la directrice. Plutôt que de se dire Monsieur ou Madame je lui ai demandé son prenom. Elle se nomme Magalie, elle fait de l’escalade donc la cheminée avant le sommet ne lui fait pas peur. Et lorsque je lui dit qu’en partant du village situé de l’autre côté et aussi à l’abandon il y a un véritable lieu pour alpinistes, je la sens toute guillerette pour aller l’explorer.

Accompagnés par les pompiers bénévoles les deux gendarmes et les habitants du village qui connaissent la montée sur le château nous grimpons d’un bon pas. Personne ne parle nous ignorons si les jeunes gens sont encore vivant ou gravement blessés. Comment ont-ils supportés la nuit ? Et surtout est-ce que Sophie et les gamins du camp sont resté sur place. Quant au directeur s’il y est encore il va passer un sale quart d’heure. Car Magalie est fort en colère. Et pour mise en danger de la vie d’autrui il va aller en prison.

Tout en cheminant j’apprends qu’elle est arrivée hier au soir car certains jeunes s’étaient aperçu que la nuit le directeur s’absentait et comme c’était elle, qui, l’an passé était directrice de ce camp,ils avaient tout naturellement pensés qu’elle pourrait leur venir en aide. N’ayant pas pu joindre le directeur elle avait répondu à leur appel au secours.

Quand les gendarmes l’avaient interrogé, elle avait préféré leur répondre qu’elle était l’adjointe de Justin Marcq. Or ce n’était pas le cas. Elle était juste là pour remonter les bretelles du directeur. Mais à son arrivée la caravane de l’équipe encadrante était éteinte et fermée à clé.

A quelle heure êtes-vous arrivée ?

A 4 h du matin

Vous n’avez vu personne debout près des tentes ?

Malheureusement non

Donc Justin Marcq n’est pas revenu au camping. A-t-il son BAFD ?

Je ne sais pas, je suis professeur de français, jusqu’a l’an passé j’étais directrice en juillet sur le camps de Vallon mais cette année j’ai eu un gros différent avec le directeur et je suis partie en claquant la porte.

Le directeur a été viré il y a un mois . Vous parlez bien de celui de la MJC.

Tout-à-fait Xavier

Nous voici à hauteur de la cheminée Magalie passe très facilement, elle équipe avec corde, baudriers et mousquetons ceux qui se croyaient les meilleurs, mais finalement tout se passe à merveille et nous n’avons plus qu’une centaine de mètres à franchir lorsque nous voyons sortir une moto de la cour du château. Mais elle n’a pas le temps d’amorcer la descente qu’elle se couche sur le sol car sorti de nulle part elle est déséquilibrée par le lasso que Claude avait emporté.

Tout le monde applaudi et le capitaine se précipite vers le couple qui semblait fuir. Aidé par Damien qui lui en professionnel de la santé est allé voir s’il n’y avait pas de blessés, ils relèvent la moto.

Le couple est interloqué de voir tant de monde mais les questions pleuvent et l’homme nous dit qu’il est monté vers minuit. Mais je ne lui laisse pas le temps de me raconter des bobards. Je lui demande par quel endroit il est monté. Lorsqu’il me dit par là où vous êtes arrivés cela fait rire plusieurs personnes.

Mais bien sûr vous êtes les fous volants car il est impossible de venir en moto de ce côté, quant à l’autre chemin il y a eu un grave accident sensiblement à l’heure que vous me dites. Alors ? Dites-moi la vérité ?Puis si cela ne vous dérange pas, relevez votre visière et ôtez votre casque.

Ah et bien je vous connais, vous étiez avec le directeur du camp, vous magniez plus facilement la langue de bois que la dextérité à rester sur votre bécane.

La jeune fille sans que je ne lui demande rien a ôté son casque. Aussi j’appelle Magalie et lui demande :

Magalie dites-moi si vous connaissez cette jeune fille ?

Oui elle habite Vaulx-en-Velin, elle a 14 ans.

La gamine baisse la tête et ne dit rien. L’autre est un adulte de plus de 30 ans inconnu des campeurs. Par contre un des gendarmes à l’air de le reconnaître car il l’apostrophe en lui disant :

« Dans quel bazar es-tu venu te mettre, tu n’ as pas assez fait de conneries ces dernières années ? »

Je m’avance et fait état de mon autorité en attendant mon remplaçant qui ne devrait pas tarder.

Qui est ce jeune homme ?

Un délinquant notoire de Ruoms et à ces heures perdues un vendeur de drogue.

Que faites-vous avec cette jeune fille mineure ?

Il ne dit rien il est affalé dans l’herbe la tête baissée. Je vais m’adresser à la jeune fille au moins pour savoir si ce type ne l’a pas contraint à des sévices ou attouchements.

Mademoiselle étiez-vous consentantes et avez-vous à vous plaindre de Monsieur Roger Pelan ?

Pour toutes réponses elle se met à pleurer. Je la laisse avec un gendarme, Claude accepte de rester en attendant mes collegues. Ils ne vont pas pouvoir s’enfuir, tout le site va être envahi de force de l’ordre. La police d’Annonay va elle aussi arriver.

Quant à nous, il va falloir réfléchir à la meilleure façon d’être efficace. Nous attendons d’avoir l’ensemble des effectifs. Ceux qui arrivent par le chemin, les pompiers d’Annonay, mon groupe de gendarmes, les vacanciers des différents lieux, les jeunes. Tout ce petit monde va être briffé par mon adjoint qui commande actuellement vu que je suis en convalescence.

Magalie semble contrariée et fort anxieuse, elle me fait part de ses craintes :

Je pense Xavier que la jeune Priscillia est sous la coupe de ce type, était-elle consentante au départ, je ne sais mais cet homme a dû abuser de son autorité sur elle. Elle avait la tête des jeunes que je côtoie dans mon association.

Association qui s’occupe des mineures abusées sexuellement ?

Oui garçons et filles.

Oui, j’ai vu ces grands yeux apeurés, au départ j’ai mis ça sur le compte de la peur des gendarmes mais lorsque j’ai évoqué les attouchements elle s’est mise à pleurer.

Ma radio est sur la fréquence des pompiers et j’entends que leur hélicoptère est en approche, ils vont descendre assez bas, je conseille à tous ceux qui s’approchent de la cour de se dissimuler pour éviter un nouveau drame avec les pales de l’hélicoptère.

A suivre…

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