Nous revenons main dans la main comme des dizaines d’amoureux. Quelle belle soirée nous venons de passer ! J’appréhende la nuit ayant peur de la brusquer, faisant des comparaisons entre Julie et Magalie. Vais-je être capable de la retenir, elle sait que Julie a tenu une grande place dans ma vie. Même cursus scolaire, même métier. Et si elle partait après m’avoir entendu une énième fois lui dire Julie.
Magalie doit sentir ma nervosité car en arrivant à la hauteur de l’arche, elle me dit attend. Se hausse sur la pointe des pieds car elle est plus petite que moi et m’embrasse fougueusement.
J’entends une voix tonitruante nous dire :
» Bonsoir les amoureux »
Je reconnais cette voix, c’est celle du Capitaine Frémont. Il est avec sa femme, il nous salue, nous présente sa jeune femme et nous discutons comme si nous nous connaissions.
Nous sommes amusés d’apprendre que nous avons mangé dans le même restaurant. Mais si eux nous ont vu ce n’est pas le cas pour nous.
Vous étiez trop absorbés à vous dévorer des yeux
Nous éclatons de rire, ce qui permet à la tension emmagasinée ces heures passées de s’évanouir.
Nous promettons au couple de venir un soir avant la fin juillet pour manger chez eux. Je sais que le capitaine aimerait en savoir davantage sur mon unité spécial. Nous repartons en suivant le chemin qui surplombe l’Ardèche. J’allume les abords pour éviter de chuter.
Nous passons par la porte du jardin, Rosemonde notre hôtesse nous avait remis la clef. De cette façon nous entrons sans croiser ce soir les autres hôtes.
Un silence se fait entre nous chacun a ses idées qui s’envolent, les miennes sont terre à terre, je pense que Pépé avait raison j’étais amoureux de Magalie avant de le savoir au plus profond de moi.
Nous voici dans notre cabane, certes elle n’est ni dans un arbre, ni dans un bois, mais c’est un petit nid pour amoureux. Nous prendrons notre temps je ne veux pas la brusquer. Elle a été marié, une histoire douloureuse selon ses premiers mots, mais pour elle c’était il y a quatre ans, ils se sont quitté, aucun enfant, c’est son seul regret, pour le reste c’était selon ses mots un crétin.
D’elle-même elle s’est assise sur mes genoux, je lui laisse l’initiative, j’aime à la fois recevoir et à la fois prendre en total confiance. Elle se colle à moi telle une sangsue. Sa bouche est chaude et son regard lumineux. Elle déboutonne ma chemise et caresse mon torse. Et avec un petit rire me dit
Tu te rases
Non j’ai une peau de bébé
Au bout d’un moment je lui explique partiellement qu’au cours de certaines opérations j’avais besoin d’avoir la peau lisse. Ce qui lui donne un sujet pour rire à cause du jeu de mots. Je pense que les premières fois nous aurons besoin de nous laisser porter et d’être léger. Mais mon corps a été privé des moments d’union avec ma, une femme et je suis impatient.
Je prend Magalie sous les cuisses et la dépose sur le lit, j’allume la lampe d’ambiance, nous nous caressons mutuellement, je découvre son corps. Elle a deux seins très fermes, un ventre plat. Deux longues jambes. Sa toison est rousse et pourtant c’est une brunette. J’aurais dû m’en douter avec ces petites tâches de rousseur qui ce soir apparaissent et que dans la journée elle masque. Elle me dira plus tard avoir été enfant le souffre-douleur de ces petits camarades. Mais pour l’instant je ne me pose pas de question, je suis très attentif à lui donner tout mon amour.
Elle frissonne et je guette son regard pour être sûr de son consentement plein et total Moi je suis obnubilé à ne pas commettre un impair, j’ai peur que dans l’instant extrême je ne l’appelle pas Magalie:
Mais « Julie ».
Lorsque son plaisir atteint les extrêmes de l’extase je sais que c’est Magalie que j’ai dans mes bras. Et lorsqu’elle m’offre son plaisir je suis enfin libéré.
Nous passons la nuit à ne faire qu’un et c’est épuisés que nous partons dans les bras de Morphée. Je me réveille plusieurs fois ayant peur de la voir disparaître et sur le matin je vois les yeux pleins de reproche de Julien et les larmes de Nicolas. Je me réveille en sursaut et fort angoissé. Je ne peux pas partir sans avoir parlé à Julien.
J’essaye d’oublier ce mauvais rêve et nous nous rendons dans le patio où notre hôtesse nous a préparé un déjeuner fabuleux. Rien de tel pour commencer la journée. Nous apprécions la délicate attention qu’elle a faites , nous avons chacun un petit filet remplis d’un pot de crème de marron, de confitures de framboises faites maison et d’autres spécialités culinaires de l’Ardèche.
Les autres vacanciers font eux aussi leur apparition et s’ils s’appliquent à nous saluer en français ce sont tous des étrangers. En Ardèche nous sommes les seuls français. Vallon-Pont-d’arc est vraiment prisé au-delà de nos frontières.
Heureusement que nous avons ces moments de communion intense, loin de ce que nous avons vécu pour se ressourcer. Car je pense que sans Magalie je serais reparti sur Lyon. Et tout en pensant ça, je vois défiler tour à tour ceux qui m’ont accueilli à bras ouvert et je me réjoui d’être avec eux. Ils sont ma famille et demain elle s’agrandira avec Magalie et je l’espère en cet instant nos enfants.
Magalie ne dit rien elle me prend la main et me laisse dans mes rêves lorsque soudain elle retire sa main, se lève et me dit :
Je te laisse.
Je suis perdu pourquoi elle part mais qu’est-ce qui vient de briser ce moment d’enchantement ? Mais lorsque j’entends : « Papa » je comprend.
Thomas et Damien sont arrivé, ils ont amenés Julien. Je lui propose de prendre une tranche de pain frais et de la tartiner avec de la crème de marron il ne se fait pas prier, il revient avec un grand verre d’orange et un quart de baguette rempli de crème de marron. Puis il me dit je peux prendre un chocolat chaud je n’ai pas eu le temps de déjeuner, Damien m’a proposé de me descendre chez Papounet et Mamounette je vais revoir Fatima et faire connaissance avec son mari. Puis nous irons à l’hôpital rendre visite à Jamila.
A cet instant je suis persuadé que Julien noie le poisson, certes il va bien aller chez Paul et Béatrice mais il est là pour nous avoir vu échanger un baiser. J’espère qu’il en a déjà parlé soit avec Thomas soit avec Damien, non que je fuis mes responsabilités mais plus parce que je le vois assez détendu.
Au meme moment je reçois un sms de Thomas, il me dit : » sacré gaffeur tu aurais pu attendre pour dévorer Magalie, Julien nous a fait une crise de nerf. Là je pense que tout va mieux. Mais il va falloir y aller doucement. A toi de jouer vieux frère. »
J’attends un instant et je commence à parler avec Julien ou plutôt c’est un monologue. Au début il a la tête sur son chocolat et ne l’a relève pas, mais peu à peu il m’écoute.
» Ta maman c’était mon cap, mon phare, je l’ai connu comme toi tu as connu Jamila en troisième. J’ai fait tout mon lycée avec elle, la vie ne nous a pas totalement séparé puisque c’est ensemble que nous avons pris le chemin de l’école de gendarmerie de Montluçon. Elle est sortie major de notre promotion. Nous avions un demi point d’écart, et Thomas un point d’écart. Thomas ton parrain était amoureux de ta Maman, mais qui aurait pu ne pas la voir tant elle illuminait tous ceux qu’elle croisait. Mais Julie ta maman n’aimait que moi. J’étais comme elle disait un rocher sur lequel elle pouvait s’appuyer.
Avant ta naissance nous avons eu comme toi et ton frère le savez une fille, elle est partie tel un petit ange alors qu’elle allait avoir trois mois. Une leucémie foudroyante nous l’a enlevé. Cela nous a rapproché et Thomas a toujours été proche de nous, nous a soutenu devant ce grand malheur, puis la vie a repris, notre métier nous accaparant nous ne songions pas à recommencer à avoir des enfants. Enfin pas tout de suite. Puis tu as pointé le bout de ton nez, elle a décidé de prendre un temps plus long après ta naissance car 3 ans après elle pensait toujours que c’était sa faute si notre petite Marine nous avait quitté. C’est Thomas qui l’a aidé à surmonter tout ça, car j’étais comme Julie coupable de n’avoir rien vu. C’est mon frère à tout point de vue mais ça aussi tu le sais. Et je continue à lui le dire que c’est un ami si proche qu’il sait tout encore aujourd’hui de moi. Trois ans après toi nous avons eu Nicolas, pas très gros, il est resté en couveuse trois mois. Ta maman qui commandait sur Paris une brigade de recherche d’enfants voués à la prostitution me manque terriblement aujourd’hui, elle aurait sû me soutenir et m’aider.
Lorsque ton frère est revenu à la maison elle s’est mis en indisponibilité pendant un an. Nous avons quitté la Région Parisienne lorsque tu es rentré en CP. J’ai été nommé Commandant sur la Région Lyonnaise pour venir à bout du grand banditisme. La vie a suivi son cours. Ta maman pour être proche de vous a repris un travail à trois quart de temps. Christian a toujours été un enfant difficile mais Julie ta mère savait le canaliser jusqu’à ce jour fatal… Julien m’interrompt et me dit :
« Papa je sais ce qu’il s’est passé, je veux juste savoir comment tu fais pour aimer Magalie après tout ce que tu as donné à Maman. »
Et j’hésite et finalement je lui dit ce que je ressens au plus profond de mon coeur. Que leur Maman restera à tout jamais dans mon coeur, Magalie le sait mais ai-je le droit de me priver de l’amour d’une autre femme sous prétexte que la mère de mes enfants est partie à tout jamais tué par son propre fils. Et lorsque je lui dit les derniers mots de ma Julie, Julien est très étonné.
Sais-tu ce que m’a dit ta Maman avant de mourir,
Je t’aime
Non
Ah !
Les derniers mots ont été pour Christian dis- lui que je lui pardonne, il était jaloux de toi alors il m’a tué. Et seulement à la fin lorsque penché sur sa bouche elle m’a dit tu es mon amour mais pour nos enfants refais ta vie.
Julien s’est jeté dans mes bras en me disant
Oui, Papa recommence à vivre, et refais ta vie comme Maman te l’a dit. Qui je suis pour t’en empêcher ? Que ton fils et si je suis dans la haine je vais devenir comme Christian et Maman là où elle est serai trop malheureuse. Puis Magalie va être mon professeur au lycée je vais me mettre dans ses petits papiers et il a éclaté de rire.
C’est ainsi que Paul nous a trouvé, appelé discrètement par Thomas. Il était avec un jeune homme qu’il m’a présenté comme étant le mari de Fatima. Mohand de son prénom une vingtaine d’années. Mohand et Julien après m’avoir embrassé fort longtemps est parti rejoindre à pieds le camping de l’Arche et Paul m’a dit merci pour m’être impliqué dans la recherche de Jamila, alors qu’il m’avait trouvé plus qu’épuisé l’avant veille.
Nous ne sommes pas que des brutes, lui ai-je dit en riant, nous sommes proches de la population, nous leur venons en aide quel que soit le contexte. Sans enlever la douleur de ceux qui ont perdu leur fille je suis heureux que vous ayez retrouvé Jamila certes blessée et sûrement traumatisée mais vous connaissant depuis fort longtemps je sais qu’elle va pouvoir s’en sortir plus que Priscilla.
A suivre…
Refaire sa vie n e doit être évident pour personne, surtout après une telle fusion.
J’aimeAimé par 1 personne
Difficile de recomposer une famille avec des enfants d’un autre lit, j’en connais un rayon…
Souhaitons leur tout de même tout le bonheur du monde.
Bises et bon jeudi – Zaza
J’aimeJ’aime
Bon, regardons en avant et la meilleure des chances à eux !!!
J’aimeJ’aime