Lumieres dans la nuit /2

Le gamin fait un bout de chemin avec moi, pour me dit-il que je ne m’égare pas, car il faut que je quitte le GR pour prendre un autre chemin qui mène directement au village. Il ajoute il est balisé en jaune et bleu. Si tu vois une croix c’est que tu auras loupé le raidillon.

Oh le môme est de Lyon, c’est un mot que je connais.

Dis moi tu t’appelles comment ? Vu que l’on est de la même famille tu peux bien me le dire.

Anthony Pol mais tout le monde m’appelle Tony.

Va pour Tony

Et toi grand cousin ?

Xavier Pol, mais tu n’habites pas toute l’année ici ?

Non j’habite à Lyon

Moi aussi j’en viens, tu gardes les vaches de qui ? De ton grand-père ?

Oui

Et mon pépé ne m’a jamais dit que son frère avait eu un fils.

Non , mon grand-père c’est le fils de mon arrière grand mère.

Ah !

Elle ne s’est jamais mariée mais elle a eu mon grand-père.

Je ne dis rien ne voulant rien savoir. Je ne suis pas tout-à-fait de la famille. Si la soeur de Jean veut me le dire, j’aviserais. Ne dit-on pas que les aveugles ont leurs sens plus développés ? Elle se rendra vite compte que je ne suis pas celui que je prétends être. Et je repartirais comme je suis venu, ni plus riche, ni plus pauvre, mais orphelin de Jean.

Regarde on vient de rater le « raidillon »

Je vois au milieu de l’herbe un espèce de chemin qui monte il est encaissé et étroit il s’enfonce dans une forêt. Tony me dit à ce soir tu viendras manger chez mon grand-père Lulu.

S’il m’invite je veux bien

Il t’invitera, c’est lui qui fait à manger pour ta tante.

Alors à ce soir Tony

Tchou Xavier

Il s’en va en sifflotant, je m’enfonce sur le chemin qui monte dans la forêt et je commence à me poser de sacrés questions.

D’où venait Jean lorsque je l’ai croisé, car selon mon petit cousin il était parti depuis dix ans. Le gamin n’était pas né, s’il a vraiment dix ans. Étrange, mais plus je monte plus je pense qu’il ne m’a jamais dit venir de Lajaresse. C’est la clef de sa maison, et en plus j’ignore où elle est située.

La forêt s’éclaircie c’est à nouveau des pierres et de l’herbe rase. Puis je croise un chien maigre qui me jappe après et s’en va. La première maison est abandonnée. Il n’y a pas de porte, le chien venait de là. Il est assis devant la porte et me regarde passé.

Puis j’arrive à la pancarte du village sur un fond bleu émaillé il manque le j et la fin après le second S. Cela donne « La ares ». Une main a ajouté  » trou duc ». Et bien le décor est en place.

Plus loin ce qui devait être la place du village , toutes les maisons sont vides de leurs occupants, plus ou moins délabrés. Je suis dans un village abandonné. Oh je suis prêt à me retrousser les manches. S’il faut construire une maison j’en suis bien capable. Mais je n’ai pas le temps de me poser des questions que je vois arriver vers moi un grand « échalas » d’au moins quinze ans.

Tu devrais quitter le village, on aime pas les étrangers.

Toi tu es le frère de Tony

Ah vous le connaissez, il traine où ce vaurien ?

Trainez tu veux dire que s’occuper des vaches c’est se croiser les bras.

Le gamin rougit jusqu’à la racine des cheveux. Il est décontenancé.

Excusez-moi Monsieur, mais ici on est entre nous. Alors mon père ne vous refusera pas l’hospitalité pour quelques jours après faudra déguerpir.

Cela m’étonnerait qu’il me flanque dehors, ici je suis chez moi. Je suis le petit fils de Jean Pol

Oh ! Il est où le frère de mon arrière grand mère !

A Aubenas à l’EPHAD

Depuis quand ?

Ecoute, petit si tu veux le savoir indique moi la maison de ton arrière grande tante

C’est la maison en face de celle de votre grand-père.

Et toi tu habites l’autre, celle du frère de mon grand-père.

Oui, comment le savez-vous ?

C’est mon Pépé Jean qui me l’a dit. Il l’a construite avec son frère. Ton grand-père y habite depuis combien de temps ?

Je ne sais pas

Le gamin est parti en courant, regrettait-il de m’avoir fait ses confidences, ou bien avait-il un secret qu’il ne voulait pas me dire ?

Une maisonn sur deux est abandonnée, les autres ont leurs volets fermés. Ils doivent arriver pour les vacances. Ils ne devraient pas tarder. Enfin voici la place dont Jean m’a parlé avec son « bachat » d’où une eau fraîche coule. Je me désaltère et tourne le dos à la petite maison où doit habiter la soeur de Jean. Au fenêtre des rideaux à carreau rouge et blanc. C’est désuet mais charmant. La porte est ouverte et une femme est assise sur une chaise, fait incroyable, elle fume la pipe.

Il faut que je prenne mon courage à deux mains. Elle n’a pas eu de mari, son fils se nomme Lulu, je pense que c’est Lucien. Sa mère pourrait s’appeler Lucienne. Allez où tu gagnes sa confiance où on te renvoie comme un bon à rien.

Bonjour ma tante

Toi tu viens de Lyon

Oui tante Lucienne

Si tu connais mon prénom c’est que tu es le petit fils de mon grand frère bien aimé.

Bingo je ne me suis pas trompé, elle a bien donné à son fils unique son prénom. Maintenant nous allons nous reconnaître comme de la même famille. Ou non. Je m’approche et je me penche pour l’embrasser. Mais elle se recule et me dit

Je vais te poser des questions, si tu es mon petit neveu tu pourras me répondre.

Ma tante, je n’ai connu mon grand-père que depuis peu. Personne ne lui avait annoncé que mon père était mort en Algérie.

Le fils de mon frère est mort, il était si mignon enfant tout brun avec de longues boucles que sa mère laissait pousser. Quand votre mère s’est enfuie avec ce type de passage elle avait aussi une belle fillette et un bébé c’est moi qui les ai élevé les petits avec mon Claudius. Vos tantes ne vous ont pas accompagnés.

La cadette habite au Maroc, elle a quatre enfants que des garçons. La benjamine a une fille et un garçon.

J’espère qu’elles viendront nous voir. Tu as la clef de la maison de ton grand-père.

Oui

Je l’ai bien entretenu comme il me l’avait dit avant de partir. Même les lits sont fait surtout pour que ton père revienne. Mais maintenant c’est son fils qui va y vivre. Car tu viens t’installer.

Je verrais à la fin de l’été

Tu resteras j’en suis sûr, tiens j’entends le pas de ton cousin. On va voir si tu lui ressembles.

Mémé

Claude te voilà

Bonjour vous devez être de la famille, vous avez de belles boucles brunes comme le fils de mon grand-oncle Jean.

En effet je suis son fils, Claude je me présente Xavier Pol le petit-fils de Jean.

Et bien pour une surprise s’en est une.

Comment va le frère de ma Grand-mère ?

Ton grand-oncle est fatigué il est sur Aubenas dans un EPHAD.

Quoi ? Dirent en même temps la soeur et le petit neveu de Jean.

En EPHAD, lui qui avait une fortune, il n’est pas dans une belle résidence pour personnes âgées.

A suivre…

Auteur : Eva Joe

Ma plume ne s'essouffle jamais, elle dessine des arabesques sur la page de mes nuits, elle se pare comme un soleil en defroissant le ciel. En la suivant vous croiserez tantôt Pierrot et Colombine dans mes poèmes ou Mathéo et son secret et bien d'autres personnages dans mes nouvelles et mes suspenses.

6 réflexions sur « Lumieres dans la nuit /2 »

  1. Bonjour Evajoe,

    Ils sont curieux ces personnages. Cette faon de parler des uns et des autres.
    Le décor est planté. Un chien peureux, deux garçons un peu sauvages et une vieille dame qui a son franc parler.
    Oui, combien de temps Xavier va-t-il entretenir cette méprise à propos de son identité.
    Ton histoire est toujours aussi captivante.
    Gros bisous

    J’aime

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